L’haruspice Europe1 scrute le silence du Dieu Macron, par Modeste Schwartz

L’haruspice Europe1 scrute le silence du Dieu Macron, par Modeste Schwartz
French President Emmanuel Macron walks at the welcoming dinner during the G20 Summit in Badung on the Indonesian resort island of Bali on November 15, 2022. (Photo by WILLY KURNIAWAN / POOL / AFP)

Visiblement chargée d’une opération de démolition contrôlée/sauvetage des meubles, Europe1, autour du couac de l’annulation du discours du 14 juillet, nous brode une jolie dentelle déontologique sur la « prise de parole d’Emmanuel Macron », assortie d’un micro-trottoir virtuel dont la diversité factice tend d’un seul bloc vers une seule conclusion : nous sommes assoiffés de SA parole.


Quoi qu’édulcoré, le constat de départ est incontestable : donnant de plus en plus l’impression d’imiter son imitatrice, le mari de Brigitte, comme Marine Le Pen, semble, depuis quelques temps, chercher la popularité dans le mutisme.

Mais – tandis que personne ne fait même semblant de regretter de ne pas entendre le contre-alto Pernod-Ricard de l’héritière Le Pen – Europe1 a réussi à dénicher, dans des orifices mal identifiés en note de bas de page, une flopée de français qui n’en peuvent plus d’attendre que le Verbe macronien, des hauteurs de la technocratie, descende vers leur médiocrité. Comme les haruspices romains lisaient l’avenir dans les entrailles de volatiles, ces masques de la comédie Europe1 attendent, faute d’homélie du 14 juillet/de la fin des « 100 jours », la nouvelle grande révélation du En même temps.

Vers les 1 000 jours ?

Compte tenu de la vague de fond masochiste qui parcourt notre culture, on ne peut certes pas exclure l’existence de ces français en manque d’emmerdements.

Pour autant, il semble malgré tout plus aisé d’imaginer le cas contraire : celui des français qui se portent d’autant mieux qu’ils entendent le moins possible ce timbre névrotique qui ne résonne jamais que pour nous annoncer une cobelligérance votée par personne, un passe « sanitaire » ou – dans les intervalles du quoi qu’il en coûte – un bon coup de rigueur pour ne pas mettre en danger la perf d’argent public des patients Bourla et Zelensky.

Comme d’habitude quand on cherche à lire Macron par le prisme d’un habitus démocratique qui lui est parfaitement étranger, on se trompe dès la formulation de la question. Bien sûr que les 100 jours – qui n’ont eu d’apaisant que le fait qu’il la ferme enfin – ne seront un succès démocratique qu’à condition de devenir les 1 000 jours.

En réalité, le Young Global Macron n’a rien à dire aux gueux : pas plus le 14 juillet – pourtant si républicain, mais qui sent encore trop son pays réel – que les 364 jours restants de l’année.