L'État français, ce Léviathan obèse et surendetté, vient d'accoucher d'une nouvelle merveille bureaucratique : l'expérimentation « Territoires Zéro Non-Recours ». Le nom seul est un chef-d'œuvre de novlangue. Traduction : l'État, ne supportant plus l'idée que des citoyens puissent encore échapper à ses griffes bienveillantes, a décidé d'envoyer des commandos de travailleurs sociaux traquer les derniers récalcitrants. La mission? Forcer des aides sociales dans la gorge de ceux qui n'en ont pas demandé.

Car voilà le nouveau crime de lèse-majesté étatique : le « non-recours ». Autrefois, on appelait cela la dignité, l'autonomie ou simplement le choix de ne pas vouloir s'embourber dans les méandres d'une administration infantilisante pour quelques miettes. Aujourd'hui, c'est une pathologie sociale à éradiquer. L'État-nounou a décrété que l'indépendance est une anomalie. Il faut « repérer » ces individus suspects qui osent encore se débrouiller seuls, les « accompagner » de force vers le guichet le plus proche.
Le tout, bien sûr, avec l'argent que l'État n'a pas. Pendant que la dette publique explose, nos dirigeants consacrent 18 millions d'euros (sans compter les cofinancements locaux) non pas à se réformer, mais à financer une machine dont le seul but est d'aggraver les dépenses futures. C'est un serpent bureaucratique qui se mord la queue : on dépense l'argent des contribuables pour trouver de nouvelles façons de leur en prendre davantage. Le rapport de la Cour des comptes l'avoue à demi-mot : le principal bénéfice est que les différentes agences de l'État apprennent à mieux collaborer. Comprenez : à mieux fusionner leurs fichiers pour que plus personne ne puisse passer entre les mailles du filet de surveillance.

Cette initiative n'est pas une politique sociale, c'est une déclaration de guerre à la responsabilité individuelle. C'est l'organisation méthodique de l'assistanat, la culture d'une nation de clients dépendants, électoralement reconnaissants envers leurs maîtres. En transformant la solidarité en une traque proactive, l'État ne se contente plus d'offrir un filet de sécurité ; il tisse une toile d'araignée.
Le message est clair : ne vous fatiguez plus à être libres et responsables, l'État s'occupe de tout, que vous le vouliez ou non. La chasse aux indépendants est officiellement ouverte.