Les taux de positivité dans cinq départements franciliens (13% en Seine-Saint-Denis, 11,8% dans le Val-d'Oise, 11,7% en Seine-et-Marne, 10,8% dans le Val-de-Marne et 10,5% en Essonne) sont plus élevés que ceux du Pas-de-Calais (10,3%) et les Alpes-Maritimes (9,7%). Pourtant, ces deux départements sont confinés le week-end et pas l’Ile-de-France. Ajoutez à cela un taux d’incidence toujours en hausse (357,6 cas pour 100.000 habitants, au-delà du seuil d’alerte de 250 fixé par le gouvernement). Où est la logique ?

1.Jérôme Salomon assurait, en début de semaine, que la situation dans les hôpitaux était encore tenable en Ile-de-France.
Pourtant, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France multiplie les consignes pour éviter d’arriver au point de rupture (déprogrammation des activités les moins urgentes). Aussi, un certain nombre de malades d’Ile-de-France vont être transférés vers d’autres régions d’après le porte-parole du gouvernement.
S’il est possible ainsi d’alléger la pression sur les hôpitaux franciliens, n’est-il pas possible de le faire pour le Pas-de-Calais et les Alpes-Maritimes ?
2.La région Paris Ile de France, la plus peuplée du pays, présente d’importantes disparités en fonction des départements.
Ainsi, si tous les départements ont dépassé le seuil d’alerte du taux d’incidence, celui des Yvelines était de 271,6 versus 453 pour la Seine-Saint-Denis.
S’il est possible de confiner un seul département des Hauts-de-France (le Pas-de-Calais), pourquoi nous explique-t-on qu’il n’est pas concevable de ne confiner qu’un ou deux départements franciliens (la Seine-Saint-Denis par exemple) ?
3.Le gouvernement et les élus locaux sont, à juste titre, soucieux de l’avenir économique de la région.
Selon l’institut Paris-Région (rapport rendu public en janvier 2021), le premier confinement aurait détruit 180.000 emplois et plus de 3 millions de salariés franciliens ont connu le chômage partiel. Début mars, Pôle Emploi IDF notait une augmentation de 100.000 chômeurs en plus en un an.
Si des pans entiers de l’économie locale ont été fragilisés par le confinement en Ile-de-France, le même raisonnement tient pour les deux autres départements provinciaux. Après la distinction entre commerces essentiels et non essentiels, existent-ils des économies locales plus essentielles que d’autres ?
4.Sociologiquement, des proches de LREM s’inquiètent de l’impact psychologique d’un nouveau confinement en Ile-de-France.
On a vu lors du confinement du printemps dernier que les personnes résidantes dans des maisons individuelles avaient mieux supportées les mesures d’isolement que celles vivant en appartements. La mouvance progressiste de la majorité présidentielle justifie ainsi, sous le dogme égalitariste, le renoncement au confinement à Paris et sa région.
Pourquoi ne pas faire preuve de cette même compassion à l’égard des départements calaisien et alpin ?
Bref, toutes ces raisons sont de mauvaises raisons ! Comme souvent, ces mesures sont essentiellement politiques.
Pourquoi ne pas reconfiner l’Ile-de-France ?
a)-les élections départementales et régionales approchent et le poids de la région Ile-de-France y est considérable. Après l’échec de LREM aux municipales (déroute à Paris), une nouvelle déroute rendrait compliquée une candidature d’Emmanuel Macron en 2022.
b)-instaurer un confinement dans certains départements franciliens (comme la Seine-Saint-Denis et l’Essonne) semble difficile à faire respecter alors que le couvre-feu y est déjà régulièrement violé. La politique sécuritaire des gouvernements Philippe puis Castex a fait l’objet de nombreuses critiques depuis 2017.
c)-reconfiner l’Ile-de-France (1/5ème de la population du pays) marquerait un réel désaveu de la stratégie présidentielle. En effet, Emmanuel Macron a fait le pari fin janvier de ne pas reconfiner le pays, contrairement à plusieurs de ses homologues européens.
Pourquoi confiner le Pas-de-Calais et les Alpes-Maritimes ? La réponse n’est pas la même pour l’un ou pour l’autre :
a)-Le Pas-de-Calais a été l’un des départements les moins bien pourvu en vaccins, alors que la vaccination est la seule et unique solution pour sortir une bonne fois pour toutes de cette crise sanitaire. Il s’agit donc bien, ici, de dissimuler un manque d’approvisionnement et d’anticipation de la part du gouvernement !
b)-Dans les Alpes-Maritimes, la demande émane du maire de Nice. Celui-ci espère s’assurer un nouveau succès électoral dans son département. Ses électeurs, majoritairement des séniors, sont sensibles à ce type de mesures “sécuritaires“. La posture politique plus que sanitaire de M. Estrosi s’est traduite cette semaine alors qu’il demande la réouverture de la Promenade des Anglais…