Il faut parfois avoir le courage du cynisme pour admirer la beauté du crime parfait. Le spectacle que nous offre l'Assemblée nationale avec le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 est, à cet égard, un chef-d'œuvre d'ingénierie sociale dont la victime est toute désignée, consentante, et parfaitement silencieuse : la jeunesse.

L'ivresse des abysses : 25 milliards de déficit
Commençons par la froideur des chiffres, qui ne mentent jamais, eux. Si l'on s'en tient à la copie rendue par l'Assemblée nationale, truffée d'amendements démagogiques, le déficit de la Sécurité sociale pour 2026 ne sera pas contenu aux 17,5 milliards espérés par le gouvernement. Non, nous filons tout droit vers un trou noir d'environ 24 à 25 milliards d'euros.
C’est une performance remarquable : faire pire qu'en 2024 (15,3 milliards) et pire qu'en 2025 (23 milliards attendus).Là où n'importe quel assureur privé se retrouverait immédiatement sous les verrous pour banqueroute frauduleuse ou gestion déloyale, notre Sécurité sociale nationale, elle, érige la faillite en mode de gestion pérenne. Ce n'est plus un accident de parcours, c'est un déficit structurel, une hémorragie organisée.


Face à ce racket intergénérationnel caractérisé, on pourrait s'attendre à une révolte, à des barricades, ou au moins à une indignation sur TikTok. Rien. Le calme plat. Et c'est là qu'il faut saluer le bon sens tactique de nos élus. Ils ont compris que la jeunesse française est devenue une masse inerte, des mollusques politiques qui s'abstiennent massivement aux élections (33 % d'abstention chez les jeunes aux législatives de 2024, bien plus que chez leurs aînés).
La dette : l’impôt différé sur l’innocence
Mais qui paie l'addition lorsque les cotisations ne suffisent plus? La dette, évidemment. L'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS) doit désormais emprunter sur les marchés financiers, avec un plafond vertigineux relevé à 83 milliards d'euros pour 2026.

