Cette semaine dans Les Droites de Husson n°23: Les mésaventures nantaises de la très parisienne équipe Zemmour - Zemmour contre les Antifa: la structuration idéologique profonde du débat français est là - Tatie Marine à Budapest - Les Jeunes LR vont décider du vote du Congrès le 4 décembre - Le décrochage d'Emmanuel Macron dans les sondages viendra-t-il plus tôt que prévu?
Les mésaventures nantaises de la très parisienne équipe Zemmour
THREAD – Antifas / Zemmour / #Breizh – La venue de #Zemmour en Bretagne provoque des remous. À #Nantes il y a eu 10 000 inscriptions d’antifas pour laisser des chaises vides. Ce qui a obligé l’équipe de Zemmour à appeler 1 par 1 tt le monde pour faire eux-mêmes les vérifications. pic.twitter.com/T6JmUiI8I2
— Erik Tegnér (@tegnererik) October 29, 2021
Eric Zemmour voulait aller à Nantes, absolument, la fin de semaine des vacances de la Toussaint. On a eu beau lui expliquer que ce n’était pas une bonne idée parce que c’était des vacances, le candidat se butte volontiers. C’est le revers de son courage : il ne veut jamais en démordre. Qu’à cela ne tienne, son ami Reynald Seycher, le grand historien du génocide vendéen trouve une adresse, en périphérie de la ville : un site possible à sécuriser facilement. Zemmour ne veut pas en entendre parler. Son ami Seycher est surpris de voir combien le presque-candidat Zemmour a perdu l’humour qui peut faire son charme ; la conversation entre les deux tourne à l’aigre car Monsieur Z pique une grosse colère. Reynald Secher se retire de l’organisation. L’équipe du candidat veut la salle la plus grande de Nantes, le Zenith. 3000 places à remplir ! Comme il ne faut pas renouveler le ratage de Rouen, où on a camouflé comme on a pu la moitié de la salle vide, l’équipe du candidat a eu idée lumineuse ! Le meeting sera gratuit. En quelques jours, divine surprise, 4000 inscrits. Mais lorsque quelqu’un demande aux Zemmouriens s’ils ont compris ce qui est en train de passer, l’extrême-gauche nantaise est en train de s’inscrire pour saboter le meeting, la très parisienne équipe tombe des nues. Et puis ça ne s’arrête pas: ça monte jusqu’à 10 000 (comme le raconte le tweet d’Erik Tegner reproduit ci-dessus). L’équipe Zemmour a été obligé de rappeler les personnes pour filtrer !
On en est là : toute l’extrême-gauche est mobilisée sur les réseaux sociaux pour dénoncer la venue d’Eric Zemmour – et dans la rue samedi après-midi 30 octobre .
Zemmour contre les Antifa: la structuration profonde du débat idéologique français est là
Le seul avantage de l’amateurisme zemmourien en termes d’organisation de la campagne, c’est qu’au moins les pensées profondes ressortent, toutes nues. Les antifa ont fait placarder des affiches où l’on voit une cible sur le portrait de Zemmour : un appel au meurtre! C’est le visage hideux de ceux qui ont abusé de la faiblesse de l’Etat à Notre-Dame-des-Landes, qui ont aidé Emmanuel Macron à briser le mouvement populaire des Gilets Jaunes. Ils ne sont pas des « idiots utiles » mais des auxiliaires du capitalisme mondialisé qui, en s’émancipant du contrôle des nations s’est mis à penser à gauche et même à l’extrême-gauche; ils fournissent à la gauche son logiciel fondamental, comme cela se voit par exemple dans les universités. Zemmour, contre les Antifa, c »est le coeur idéologique du débat qui traverse la France, sans filtre.
Ce qu’on peut regretter c’est que Zemmour ne tire pas les conséquences de ce qu’il sent instinctivement. Z n’a peur de rien, et c’est qui donne envie de le suivre. Il pousse la montée aux extrêmes, persuadé que c’est ce qui lui permettra de gagner. Mais la comparaison avec Donald Trump, qu’il cultive et que ses adversaires sont en train d’adopter ne tient pas. Pas seulement parce que Trump est un entrepreneur qui pèse des milliards, qui avait créé des dizaines de milliers d’emplois avant de devenir président ; mais parce que même en s’emparant du grand parti de droite, Trump n’a pas pu gagner la deuxième bataille de son affrontement sans merci avec le capitalisme de surveillance et l’extrême-gauche. . Eric Zemmour part dans des conditions plus difficiles encore que Trump. Il est un solitaire, qui pense gagner seul, sans réseau d’élus, avec une équipe resserrée de militants inexpérimentés et de jeunes technocrates où le parisianisme domine. Souhaitons, dans l’immédiat, que le meeting de Nantes se passe sans heurts.
Tatie Marine à Budapest
📹 Ce sont les Nations qui sauveront l’Europe !
En #Hongrie, avec le Premier ministre Viktor Orban, nous avons renforcé les fondations d’une Europe respectueuse des souverainetés et des identités nationales. #MLaFrance
👉🏻 https://t.co/b7AyimkIpR pic.twitter.com/C23pA1wI9n
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) October 30, 2021
La semaine nous a offert une séquence réjouissante. La visite de Marine Le Pen en Hongrie. Il y a six semaines avait lieu le Sommet de la démographie à Budapest. Marion Maréchal avait répondu la première à l’invitation et Viktor Orban l’a reçue. Eric Zemmour, après avoir hésité, avait décidé d’y aller aussi. Invitation d’Orban. Du coup, au Rassemblement National, on s’est affairé pour obtenir une visite. Tatie Marine ne pouvait quand même pas laisser la scène à Marion ni à Monsieur Z. Cela nous vaut 26 tweets en deux jours, à côté desquels les bulletins par lesquels Bonaparte construisait sa légende, font pâle figure. Toute ironie mise à part, la candidate a sans doute manqué de sens stratégique : elle veut démontrer qu’elle est apte à représenter la France sur la scène internationale ; mais dans quelques mois, elle pourra dire : j’ai été reçue comme un chef d’Etat par Orban….et Orban. La vidéo qu’elle a épinglée à son compte twitter (ci-dessus) est un adroit montage d’images filmées en Hongrie avec une ou deux autres visites privées ailleurs en Europe.
Ne chargeons d’ailleurs pas outre mesure la candidate Le Pen. D’après nos informations, Eric Zemmour n’a pas fait forte impression sur ses interlocuteurs lors de son voyage en Hongrie. La politique étrangère et la compréhension du monde sont inhérentes à la fonction présidentielle française telle que l’a pensée le Général de Gaulle. Pour être un candidat crédible, il faut soigner son profil international. La notoriété internationale se construit discrètement, par des conférences prononcées à des endroits stratégiques, des visites quasi-invisibles médiatiquement aux gouvernements des pays que l’on visite; elle consiste à donner des entretiens à de grands médias lus par les élites du monde – et où la pensée du Grand Reset est sans doute moins dominante que ce que l’on croit.
Les Jeunes LR vont décider du vote du Congrès le 4 décembre

Vous avez jusqu’au 16 novembre pour prendre ou reprendre votre carte si vous voulez contribuer à désigner le candidat qui portera les couleurs de la galaxie LR aux présidentielles. En revenant dans la vieille maison, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont compté sur la possibilité que des adhésions nouvelles puisse leur permettre de combler le retard qu’ils ont sur Michel Barnier, qui n’ a jamais quitté le parti et qui laboure les fédérations depuis le printemps. Le parti a gagné environ 20000 adhérents en quelques semaines, qui pèsent….20% des votants potentiels au Congrès. Le tableau est le suivant :
La progression la plus spectaculaire se fait à Paris et en Ile-de-France (voir tableau ci-dessus) Et l’on peut penser que Patrick Stefanini, bras droit de Valérie Pécresse, met de l’énergie à mobiliser. Pour autant, il est difficile de faire la part de l’effort pécressien et de la remobilisation du parti en général du fait des chances non négligeables de supplanter Emmanuel Macron pour un candidat LR. Que signifient les inscriptions dans le Var ? Est-ce que ce sont tous des électeurs qui iront à Eric Ciotti ? Que pèse le soutien implicite de Laurent Wauquiez à Michel Barnier ? Ou le ralliement de Nadine Morano au même Michel Barnier ? Les analyses parues ne tiennent pas compte du fait que les jeunes adhérents sont, selon nos informations, passés de 2% à 11,5% du total : ils étaient 1500 il y a neuf mois, ils sont aujourd’hui 11 500. Les jeunes pèsent plus de 40% des nouvelles adhésions. Et leur arrivée pèse autant qu’une (éventuelle) adhésion des 10 000 militants de Libres (chiffre officiel), le mouvement de Valérie Pécresse. Et ceci d’autant plus que, toujours selon notre enquête, les deux premières régions où les Jeunes ont adhéré sont l’Ile-de-France et la région PACA. C’est sans doute le dynamisme de Guilhem Carayon, président des Jeunes LR depuis le printemps qui va décider du résultat de l’élection.
Le décrochage d’Emmanuel Macron dans les sondages vient-il plus tôt que prévu ?

Nos lecteurs le savent, toutes les analyses développées ici tiennent compte d’une anticipation peu partagée, en tout cas jusqu’à maintenant : l’inévitable décrochage d’Emmanuel Macron dans les sondages. Nous l’avons anticipé pour le mois de janvier 2022 : après la désignation du candidat LR et juste avant l’ entrée en campagne du président sortant. Mais Macron a rendu la société française tellement nerveuse qu’il n’est pas impossible que ce décrochage ait lieu plus tôt que prévu. En tout cas, un sondage publié par BFM le 28 octobre, enregistre un recul du président de trois points dans les intentions de vote au premier tour. Est-ce le début d’une tendance?
Il est probable que le Président va résister quelques semaines encore dans la mesure où la poussée de la droite, dans tous les sondages, conduit des électeurs d’Anne Hidalgo ou de Yannick Jadot à envisager le vote Macron comme un vote utile. Cependant il faut bien se rendre compte que la position du président est éminemment fragile dans les sondages. Dans le baromètre Elabe/Les Echos, le Président est à 35% d’opinions favorables en octobre. Il oscille depuis un an entre 32 et 35%. Les Américains considèrent qu’un président sortant qui est à moins de 50% dans les sondages n’a aucune chance d’être réélu.
Selon l’enquête d’octobre: « D’un point de vue politique, sa cote de confiance progresse auprès de son électorat (84 %, +9 et +14 en deux mois), mais également dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon (23 %, +9 ; -1 en deux mois). Elle baisse à l’inverse fortement au sein de l’électorat de François Fillon (34 %, -17, après +12 le mois dernier). Elle est stable au sein de l’électorat de Marine Le Pen (16 %, +1) et auprès des abstentionnistes (24 %, =). » (C’est nous qui soulignons!) Interrogeant les candidats selon le vote qu’ils ont eu en 2017, le sondage nous confirme une légère remobilisation de l’électorat macronien de gauche mais une démobilisation des Fillonistes qui avaient pu être tentés de rejoindre le Président.
Non moins intéressante est la polarisation de l’électorat macronien aux deux bout de la puramide des âges: « D’un point de vue sociodémographique, sa cote de confiance progresse auprès des cadres (50 %, +6), mais baisse fortement auprès des professions intermédiaires (26 %, -14 points), tandis qu’elle reste stable au sein des catégories populaires (28 %, -1). En termes d’âge, le président enregistre une confiance plus solide auprès des plus de 65 ans (41 %, =) et des moins de 25 ans, malgré une baisse de 6 points (41 %). Le niveau de confiance accordé au président se situe entre 28 et 33 % pour les autres classes d’âges. »
L’électorat jeune est susceptible de s’abstenir. Et l’électorat âgé sera sensible à la possibilité d’un remplacement de Macron par un candidat LR solide. Même s’il met encore plusieurs semaines à devenir visible, le décrochage d’Emmanuel Macron a bien commencé. Et il créera bientôt un vide au centre.
 
    
     
   
       
       
       
      