L’épuisement du petit patron français devant la relance de l’activité…

L’épuisement du petit patron français devant la relance de l’activité…


Partager cet article

La relance de l’activité en France, le petit patron français l’attendait avec impatience pendant le confinement. Mais une fois arrivée, elle ne fait vraiment pas rêver. Elle pousse même à l’épuisement et au désir de partir. Voici pourquoi.

La relance de l’activité est le mot d’ordre officiel. Le problème est qu’aucun petit patron (mais je gage que très peu de gros font mieux que lui) ne sait exactement où il met les pieds en rouvrant son entreprise. Disons même que, comme me le disait mon expert-comptable Olivier Bouteille, personne ne sent l’avenir, et personne n’est capable de préjuger de la façon dont ça va se passer. Et c’est dans ce contexte anxiogène que l’État a repris sa manie de tout réglementer, de tout compliquer, et de passer outre toutes les marges de manoeuvre qui permettaient encore de tenir.

La relance de l’activité, c’est le cirage complet pour le petit patron

Comme me le disait Olivier Bouteille, mon expert-comptable, la semaine dernière, personne ne sait où il va. Il est impossible aujourd’hui de sentir, dans cette espèce de semoule où chacun pédale en essayant d’avancer, vers où le marché, les marchés vont. La consommation est une inconnue absolue. Les Français dépenseront-ils rapidement l’épargne accumulée pendant le confinement ? Si oui, pour acheter de quoi ? Les modes de consommation vont-ils évoluer vers plus de durable, de local, d’écologique, de « primaire », ou bien reprendront-ils leur cours habituel ?

Ces questions sont sans réponse aujourd’hui. Et pourtant, il faut reconstituer les stocks, rouvrir, payer les salariés, les cotisations, les fournisseurs…

La situation est particulièrement compliquée pour les commerçants et les restaurateurs, qui sont encore exposés à la peur du consommateur devant la contagion, et dont le comportement est très incertain. Certains, comme Michel Sarran, que nous citons, ont même annoncé qu’ils attendraient avant de rouvrir.

"Il ne faut pas se précipiter, rouvrir trop tôt, trop vite tant que le virus circule, c'est dangereux. Nous devons avoir la certitude de garantir la pleine sécurité de nos employés et de nos clients"   

Michel Sarran

Affronter les risques de contagion du personnel

Comme le montre très bien une étude de la CPME sur la question, la première étape de la reprise passe par un travail de conviction auprès des salariés. Certains ont peur de reprendre. D’autres ont pris goût au télétravail et souhaiteraient le continuer, au moins pour une part majoritaire de leur temps. D’autres qui n’y ont pas eu accès adoreraient l’essayer.

Bref, l’employeur doit remotiver ses équipes, les rassurer. Et pour peu qu’il ait un problème de trésorerie, ce travail d’explication fait monter la température. Qui s’occupe de savoir si le patron est angoissé, s’il a peur, s’il a envie de rester chez lui ? Dans tous les cas, la démotivation des salariés devant la reprise est un problème diffus, difficile à cerner, mais qui affectera la productivité des entreprises (et des administrations, déjà très basse) et leur chiffre d’affaires.

La bureaucratie d’avant est déjà revenue

Mais la relance de l’activité n’est pas encore arrivée que déjà la manie bureaucratique a repris ses droits. Le petit patron, comme avant le confinement, doit mobiliser un temps grandissant de sa vie quotidienne dans des paperasses sans intérêt inventées par des chefs de bureau en mal d’occupations et de légitimité. Bien entendu, ces inventions rococo sont toujours pratiquées au nom de l’équité, de la solidarité, de la bonne gestion de l’État. Mais ce qui est un passe-temps pour le chef de bureau qui invente et une torture ruineuse pour celui qui le subit.

Il suffit de voir les procédures de protection du salarié dans les entreprises pour comprendre que tout ce que le ministère de la Santé (et souvent au-delà) compte de bureaucrates obsessionnels s’est ligué pour empoisonner la vie du petit patron qui a le malheur de ne pas laisser ses salariés au chômage. La lutte obstinée de l’administration française contre l’emploi privé a repris, et elle sévira au moins autant qu’avant…

"Ce nouveau dispositif cible les gens vivant avec beaucoup d’espèces, qui sont par nature non traçables sauf dans le patrimoine ou le train de vie. A vous de prouver l’origine légale des fonds qui vous ont permis de les acquérir"   

Isabelle Arpaia, avocate fiscaliste

Continuer des semaines de 100 heures quand tout le monde s’arrête ?

Le sujet en filigrane est celui de la persistance d’élites incompétentes malgré la crise. On aurait pu penser que le confinement et l’effondrement économique produiraient une remise à plat du lourd appareil bureaucratique que les élites ont mis en place pour encadrer et surveiller le pays. Faute d’une remise à plat, on aurait pu espérer une prise de conscience des méfaits de cette bureaucratie sur le bien commun : sur l’hôpital, sur l’école, sur le dynamisme des entreprises et de la richesse.

Que nenni ! le Ségur de la Santé, les discours sur l’industrie, montrent que les élites sont bien décidées à ne rien changer à ce qui nous plombe. Les hôpitaux resteront sous le joug d’une caste de comptables sans imagination qui forent la roche jusqu’à l’épuisement de la haveuse. Les entreprises ne vont pas tarder à retrouver les cortèges d’inspecteurs en tous genres qui viennent leur soutirer toujours plus d’argent comme les gabelous goûtaient la soupe des paysans pour vérifier qu’ils avaient payé le juste impôt sur le sel.

Et malheur à tous ceux qui se défouleront sur les réseaux sociaux… Les gabelous les y surveillent et ne manqueront pas les soumettre à l’inquisition fiscale.

Dans ces conditions, faut-il encore passer cent heures par semaine au travail, alors que tout indique que des vacances succèderont au confinement, puis des mesures sur le temps de travail qui justifieront que les entrepreneurs soient à l’avenir les seuls à encore consacrer leur énergie à un pays qui les déteste ?

La tempête fiscale approche…

Depuis bientôt trois mois, l’État a nationalisé la masse salariale du secteur privé… sans le moindre fifrelin pour financer cette audacieuse opération. On sait que l’ensemble coûte déjà 450 milliards au contribuable. L’excès de cette dépense est tel que la dette publique paraît désormais hors de contrôle.

Les responsables de la BCE (c’est passé inaperçu en France) n’ont pas caché leur inquiétude sur ce point. Selon toute vraisemblance, malgré les plans sur lesquels Macron et la Commission Européenne communiquent, qui devraient apporter des centaines de milliards aux pays en difficulté, il faudra tôt ou tard lever massivement l’impôt pour financer des dépenses publiques que personne n’envisage, semble-t-il, de réduire. Il est à peu près acquis qu’une taxe sera levée pour financer les EHPAD, une autre servira à aider les commerçants victimes de pertes d’exploitation, et l’héritage sera taxé au premier euro pour renflouer les caisses.

Mais le programme fiscal ne devrait pas s’arrêter là. Songez donc bien que vos 100 heures par semaine vont désormais servir à éponger le chômage partiel dont vos salariés qui n’ont pas tous envie de revenir travailler ont bénéficié… Pendant ce temps, les fonctionnaires, eux, échappent à l’effort.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Remilitarisation de l'UE: l'Allemagne prépare la guerre

Remilitarisation de l'UE: l'Allemagne prépare la guerre

L’Allemagne prétend moderniser la défense européenne par un service militaire “volontaire”, mais avance en réalité vers une conscription déguisée. Berlin multiplie les obligations pour sa jeunesse, tandis que la remilitarisation de l’UE progresse sans jamais consulter un peuple favorable à la paix. Le nouveau « service militaire attractif » allemand, ardemment défendu par le ministre Pistorius, n'est qu'un leurre. Derrière l'emballage marketing( questionnaires obligatoires, examens médicaux de


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Covid : les apprentis sorciers se retrouvent au chômage

Covid : les apprentis sorciers se retrouvent au chômage

Quelle ironie ! l'ancien gourou d'EcoHealth Alliance, le Dr Peter Daszak, jadis grassement payé par l'argent public, se retrouve aujourd'hui "sans argent" et "sans emploi" et ose poursuivre en justice l'organisation qu'il dirigeait. Pendant près de 25 ans, le Dr Peter Daszak était à la tête d’EcoHealth Alliance. Mais sa carrière scientifique a pris fin d’une manière brutale lorsque l’ONG américaine qu’il dirigeait était accusée d’avoir collaboré avec l’Institut de virologie de Wuhan en Chine


Rédaction

Rédaction

Le nouveau « fonds Défense » lancé par BPI peut-il remplacer votre livret A ?

Le nouveau « fonds Défense » lancé par BPI peut-il remplacer votre livret A ?

Depuis sa réélection, Donald Trump a annoncé réévaluer l'engagement des États-Unis au sein de l’OTAN, expliquant que son pays ne garantirait plus automatiquement la sécurité de l’Europe. Cette incertitude croissante a poussé les pays européens à reprendre en main leur propre défense et à renforcer leur indépendance stratégique. L’UE a ainsi lancé le plan ReArm, doté de plus de 800 Mds €, pour moderniser ses capacités de défense et réduire sa dépendance militaire envers les USA. Les budgets m


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

Les drones et ChatGPT : le monde libertarien en devenir, par Eric Lemaire
Photo by Emiliano Vittoriosi / Unsplash

Les drones et ChatGPT : le monde libertarien en devenir, par Eric Lemaire

L’époque a ceci d’étonnant qu’elle avance masquée. On annonce partout l’avènement d’un monde dystopique dominé par l’intelligence artificielle, la surveillance totale, les oligarchies numériques et le contrôle algorithmique des populations. Pourtant, à y regarder de près, un autre phénomène se produit en parallèle, comme une évolution inattendue et presque subversive : l’IA agentique donne à chaque individu des moyens d’action qui, hier encore, n’appartenaient qu’aux États souverains. Le monde


Rédaction

Rédaction