Leçons libertariennes : réfutation traditionnelle du super-Etat mondialiste, par Nicolas Bonnal

Leçons libertariennes : réfutation traditionnelle du super-Etat mondialiste, par Nicolas Bonnal


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Nicolas Bonnal inaugure ici une série de « leçons libertariennes » pour nous initier à cette philosophie politique si mal connue en France. Nous commençons par un examen de l’étatisme et du super-Etat mondialiste.

Nous sommes devenus les esclaves de l’OTAN et du super-Etat mondialiste.

On citera encore Tocqueville :

« Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »

Il y a en fait deux types d’esprits : les traditionnels (qui peuvent être « de gauche ») et les interventionnistes-modernistes (qui peuvent être « de droite »), et ceux qui créent lois, interventions, guerres. La Chine ancienne, redécouverte par l’admirable cinéma chinois, nous offre déjà un type de remarque tocquevillienne avec le génie rebelle et taoïste (il fuyait dans les bois, au pied des sources aujourd’hui recouvertes par les touristes) Lao Tsé. Il écrit dans son Tao te King (§57) :

« Plus le roi multiplie les prohibitions et les défenses, plus le peuple s’appauvrit ;

Plus le peuple a d’instruments de lucre, et plus le royaume se trouble ;

Plus le peuple a d’adresse et d’habileté, et plus l’on voit fabriquer d’objets bizarres ;

Plus les lois se manifestent, et plus les voleurs s’accroissent.

C’est pourquoi le Saint dit : Je pratique le non-agir, et le peuple se convertit de lui-même.

J’aime la quiétude, et le peuple se rectifie de lui-même.

Je m’abstiens de toute occupation, et le peuple s’enrichit de lui-même.

Je me dégage de tous désirs, et le peuple revient de lui-même à la simplicité. »

Mais notre monde moderne, polluant, si fier de son progressisme techno (huit hommes plus riches que cinq milliards de pauvres…) ne l’entend pas de cette oreille, et un autre esprit traditionnel, le savoyard Joseph de Maistre, remarque à l’époque de la Révolution dite française (elle fut atlantique, maniaco-juridique, se déroulant parfois en France) :

« Nulle nation ne peut se donner la liberté si elle ne l’a pas. Lorsqu’elle commence à réfléchir sur elle-même, ses lois sont faites. L’influence humaine ne s’étend pas au-delà du développement des droits existants, mais qui étaient méconnus ou contestés. Si des imprudents franchissent ces limites par des réformes téméraires, la nation perd ce qu’elle avait, sans atteindre ce qu’elle veut. De là résulte la nécessité de n’innover que très rarement et toujours avec mesure et tremblement. »

Joseph de Maistre est effaré par la quantité astronomique (beaucoup d’astronomes étaient d’ailleurs révolutionnaires, et on n’a pas refait le calendrier pour rien) de lois :

« Voyez les travaux des trois assemblées nationales de France: quel nombre prodigieux de lois! depuis le 1er juillet 1789 jusqu’au mois d’octobre 1791, l’assemblée nationale en a fait 2 557. L’assemblée législative en a fait, en onze mois et demi 1 719. La convention nationale, depuis le premier jour de la république jusqu’au 4 brumaire au IV (26 octobre 1795) en a fait en 57 mois 11 210. Total: 15 479. »

Lao Tsé comme notre Tocqueville montrait que l’on ne doit pas trop se manifester pour gouverner. Mais on ne veut même plus gouverner, on n’est plus assez respectable pour cela : on veut contrôler et on se sert de ces effarants outils de la révolution informatique qui auront servi une contrerévolution étatique : à l’heure où l’on évoque le libéralisme, on recouvre le monde de lois et de contrôles. On redécouvrira dans cet esprit le passionnant Du Pouvoir de Jouvenel, qui dénonçait courageusement et brillamment la montée irrésistible, dans cet occident libéral et démocrate, du minotaure étatiste tentaculaire, belliqueux, autoproclamé indispensable.

Nicolas Bonnal

Sources :

Lao Tseu – Tao te king – Ecrits (sur inlibroveritas.net)

Zhuang Zi – Œuvre de Tchouang-tseu

Tocqueville – De la démocratie, II

Bertrand de Jouvenel – Du pouvoir (archive.org)

Ralph Raico – Great wars and great leaders; a libertarien rebuttal (Mises.org)

http://www.dedefensa.org/article/joseph-de-maistre-et-la-proliferation-cancereuse-des-lois

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