Le mépris d’Olivier Véran fait exploser la majorité parlementaire sur le pass sanitaire

À force de tirer sur la corde, Olivier Véran a mis le feu aux poudres. Absent à l’Assemblée Nationale cette après-midi pour la discussion du projet de loi sur la sortie de l’état d’urgence, le MODEM en a profité pour lâcher la majorité présidentielle sur le sujet très sensible du pass sanitaire, que nous avons déjà évoqué dans nos colonnes. De fait, le passage en force, avec un temps réduit pour la discussion des nombreux amendements sur une question touchant aux libertés fondamentales, n’a pas payé et a même suscité une véritable fronde. Sur cette question d’une prolongation des mesures liberticides au-delà de la « gestion de crise », la majorité s’est d’autant plus facilement fracturée que l’arrogance d’Olivier Véran a fait des dégâts.

La discussion parlementaire sur le pass sanitaire, dont nous avions déjà souligné les risques et la sensibilité, a donc eu raison de la majorité présidentielle. La deuxième séance de discussion en séance publique de ce projet de texte, qui avait lieu ce mardi soir, a mal tourné. Plusieurs députés ont fait remarquer que le ministre Véran n’avait, la veille, apporté aucune réponse aux questions posées sur le pass sanitaire, et que le Premier Ministre les avait apportées dans la presse le lendemain matin.
L’absence d’Olivier Véran au débat ce mardi après-midi a fini d’échauffer l’esprit. Les récriminations contre le mépris dont l’Assemblée faisait l’objet ont créé un malaise évident dans la majorité. Après une discussion de quelques amendements, le Président de séance a mis l’article 1 aux voix et à découvert que le texte du gouvernement était mis en minorité par 103 voix pour et 108 contre, sous les applaudissements de l’opposition.
Le MODEM humilie Véran
Manifestement, aucun parlementaire de la majorité n’avait anticipé la défection du MODEM. Immédiatement, le Républicain Philippe Gosselin a souligné que le mépris d’Olivier Véran était pour beaucoup dans cette défaite en rase campagne sur un texte emblématique.
De son côté, le député MODEM Philippe Latombe a expliqué que son groupe avait rejeté à l’unanimité un texte après avoir longuement annoncé ses difficultés face au texte qui franchissait de trop nombreuses « lignes rouges ». Ce lâchage en règle d’Olivier Véran par le MODEM est un bon indicateur de l’affaiblissement d’Emmanuel Macron dans la gestion de crise.
Sur le fond, c’est la « surdité » d’Olivier Véran qui a été largement épinglée dans ce dossier. Mais elle illustre plus globalement la difficulté de la macronie a intégrer des compromis pour se ménager des majorités.
Un problème politique majeur
En l’état, l’Assemblée a donc rejeté en première lecture les dispositions majeures d’un texte de sortie de crise qui se proposait de prolonger dans la durée des dispositions qui n’auraient dû être qu’exceptionnelles. Cette instrumentalisation d’une crise passagère pour imposer des restrictions durables aux libertés a été largement disséquée dans nos colonnes.
Il était évident qu’une majorité de Français, qui s’exprimaient au sein même de LREM, rejetait cette stratégie. Rappelons qu’Emmanuel Macron a évoqué le pass sanitaire lors de son intervention télévisée annonçant la fin du confinement. Il n’avait jamais évoqué cette mesure auparavant, et il ne l’a pas expliquée.
Face à ce passage en force, il se prend un méchant vent, qui augure probablement d’une dernière année de quinquennat extrêmement difficile, et peut-être extrêmement contestée.

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