Dans notre société de l’immédiateté, a-t-on déjà oublié les révélations des Pandora Papers datant de l’automne 2021 ? il est vrai que le scandale n’a pas eu le retentissement qu’il mérite, crise sanitaire oblige, mais il est tout de même bien là. Il ne s’agit pas de dire que l’Ukraine mérite d’être envahie par la Russie parce qu’elle est un pays corrompu (surtout que la Russie n’est pas en reste dans les révélations) mais plutôt de calmer les ardeurs de ceux qui ressentent le besoin vital de vivre dans un monde manichéen, en créant des narratifs toujours plus simplistes de crise en crise, et qui pourraient avoir pour conséquence de brûler les étapes d’une accession à l’UE.

L’affaire des Pandora Papers est une affaire de fraude et d’évasion fiscale à l’échelle internationale concernant plusieurs milliers de personnalités politiques, religieuses et publics, dont trente-cinq chefs d’État (dont certains ayant juré de combattre la corruption). L’enquête a également mis à jour les avoirs offshore de 46 oligarques russes.
Le Président Ukrainien et ses sociétés offshore
Le président Ukrainien s’est fait élire (triomphalement il faut bien le reconnaitre, avec 73% des voix) sur la promesse d’en finir avec la corruption, notamment celle des oligarques qui utilisent des sociétés basées à l’étranger afin de « mettre à l’abri » leur profit.
Il semble juste qu’il ait oublié de mettre son propre réseau de sociétés offshore dans le panier.
Les sociétés offshore sont la courroi de transmission de l’évasion fiscale ou de la légalisation d’agent sale. Vous trouverez ici une enquête détaillée – réalisée par l’Organised Crime and Corruption Reporting Project – du réseau de sociétés offshore détenu par Volodymyr Zelensky.
Voici les points clés révélés dans les documents des « Pandora Papers » :
- Le président ukrainien et ses partenaires dans l’industrie de production télévisuelle ont bénéficié d’un réseau de sociétés offshore basé dans les îles Vierges britanniques, à Chypre et Belize.
- L’actuel assistant en chef de Zelensky, Serhiy Shefir, ainsi que le chef du service de sécurité du pays, faisaient partie du réseau offshore.
- Des sociétés offshore ont été utilisées pour acheter des biens immobiliers hors de prix à Londres.
- Au moment de son élection en 2019, Zelensky a cédé les parts d’une des société clé, mais semble avoir pris des dispositions pour que sa femme continue de percevoir des dividendes
L’empressement de la presse à dépeindre un héros de guerre

Bien sûr que l’invasion de l’Ukraine est une situation désastreuse pour la population civile et que tout notre soutien sur le plan humain doit être apporté, mais a-t-on besoin d’aller jusqu’à nous inventer un narratif complètement manichéen poussé à l’extrême ?
Pourrait-on au moins prendre des pincettes avant de se jeter à corps perdu dans l’émotionnel du narratif du héros de guerre ? N’a-t-on rien appris de la guerre en Lybie ?
La presse est en train de présenter Zelensky comme un véritable héros de guerre et défenseur du modèle démocratique occidental « Le président ukrainien incarne la résistance de tout un peuple. Portrait d’un saltimbanque devenu chef de guerre et icône européenne. »
Le président ukrainien fait actuellement pression pour rentrer dans l’UE et reçoit le soutien du parlement européen, qui l’acclame par une standing ovation.
“Nous voulons être membre de l’UE. Je pense qu’on montre aujourd’hui à tout le monde que nous sommes vos égaux et que l’UE sera beaucoup plus forte avec nous. De votre côté, prouvez que vous êtes à nos côtés, que vous n’allez pas nous laisser tomber, que vous êtes des Européens ».
En dehors du conflit avec la Russie et de toute l’émotion que cela peut susciter, il ne faut pas oublier que l’Ukraine ne remplit pas les normes de stabilité politique et économique nécessaires une à accession à l’UE. En plus des révélations des Pandora Papers, il faut aussi retracer l’histoire ukrainienne de l’influente famille Biden – ce qui normalement devrait nous rappeler des souvenirs et nous refreiner d’adopter des postures trop simplistes.