Le Brésil élit Lula de justesse et entame quatre ans de crise politique

Le Brésil élit Lula de justesse et entame quatre ans de crise politique


Partager cet article

Jair Bolsonaro a été un bon président, contrairement à ce que crie la presse globaliste. Sa défaite de justesse en témoigne - alors que certains voyaient Lula élu au premier tour. Le président sortant a maintenu l'économie brésilienne à flot malgré le COVID-19 et la crise mondiale provoquée par l'administration Biden (inflation exportée des USA, explosion des prix de l'énergie). Mais le pays est profondément divisé et Bolsonaro a été usé par la polémique incessante contre lui, par la montée aussi d'un vote "ethnique" qui reflète la crise du métissage à la brésilienne. Avec Lula comme avec Bolsonaro, le pays va continuer à peser, en particulier au sein des BRICS, dans l'édification d'un monde multipolaire. En espérant que les divisions internes ou qu'une nouvelle poussée de l'intervention de l'Etat dans l'économie n'entravent pas le dynamisme du pays et sa capacité à intervenir dans les affaires du monde.

L’élection a certes été beaucoup plus serrée que ne l’avaient annoncé les commentateurs globalistes, qui ont toujours méprisé Bolsonaro. Deux millions de voix séparent le vainqueur du vaincu, le président revenu de tous les scandales, Lula, du président sortant, Bolsonaro. 

Ce qui saute aux yeux, c’est la division du pays, comme l’indique la carte ci-dessus; ou une présentation sous forme de tableau des résultats, par grande région: 

Un pays trop divisé pour peser dans les affaires du monde?

La cartographie des scrutins présidentiels depuis la fin des années 1990, montre la polarisation croissante de la société brésilienne: 

Le Brésil est divisé selon un axe nord-ouest/sud-ouest.

Stéphane Frappat, entrepreneur français vivant au Brésil depuis une quinzaine d’années, iniste sur le fait que cette coupure n’est pas sociale mais témoigne d’une crise du métissage à la brésilienne. « Les Blancs votent Bolsonaro, les métis et les Noirs Lula ». (Il faudrait s’interroger sur la montée de l’évangélisme d’influence états-unienne aux dépens du catholicisme). Stéphane Frappat avait en outre fait le bon pronostic dans un fil twitter publié avant le second tour. Il fallait regarder l’Etat de Minas Gerais, qui est, dit-il, un « petit Brésil », pour savoir le vainqueur: Bolsonaro l’avait gagné en 2018; il l’a perdu en 2022:

4. Le pays est électoralement toujours coupé en deux, comme depuis que mon arrivée en 2009. Les régions les plus pauvres, comme le Nordeste, votent Lula, les plus riches et les plus agricoles Bolsonaro. Minas Gerais comme toujours est un mini Brésil et décidera de l’élection.
5/8

— Stéphane Frappat (@StephaneFrappat) October 29, 2022

L’Etat de Minas Gerais, c’est comme l’Ohio aux Etats-Unis. Il désigne toujours le vainqueur. C’est d’ailleurs cette réalité qui permet de dire qu’il y a eu fraude aux Etats-Unis en 2020 (Trump a gagné l’Ohio); mais qu’il n’y a pas de raison, selon toutes les apparences, pour les partisans de Bolsonaro, de contester le résultat du scrutin, aussi serré soit-il. 

Il n’empêche: le résultat du scrutin enregistre l’image d’un Brésil profondément divisé. Il ne faut pas être grand clerc pour penser que le président qui entame son troisième mandat aura le plus grand mal à gouverner, vu qu’une moitié de la société brésilienne pense qu’il n’aurait jamais dû être acquitté des chefs d’accusations pour corruption qui le concernaient. Et puis, son parti est minoritaire à l’Assemblée. 

Nous n’avons qu’une certitude: le Brésil de Lula, comme celui de Bolsonaro, se battra pour un monde multipolaire au sein des BRICS et à L’ONU. Il ne faudrait cependant pas que le pays soit trop accaparé par les divisions politiques internes pour pouvoir jouer un rôle dans les affaires du monde. 


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

Ce 16 décembre 2025, alors que le Sénat vient de rendre sa copie budgétaire, une vérité crue émerge du brouillard législatif : le gouvernement va devoir extorquer 9 milliards d'euros supplémentaires aux contribuables français (vous !) avant la Saint-Sylvestre. Pourquoi? Comment? Voici l'autopsie d'un mensonge d'État et d'une faillite annoncée. Tout commence, comme souvent, par une soumission. Vous vous demandiez si l'engagement d'un déficit à 5 % pour 2026 était réel? Il est bien pire que ce


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Liberté d’expression en péril: le duo États-GAFAM fabrique l'autocensure
Photo by Valery Tenevoy / Unsplash

Liberté d’expression en péril: le duo États-GAFAM fabrique l'autocensure

Le dernier rapport de l’UNESCO révèle un recul historique de la liberté d’expression dans le monde. Entre autocensure, menaces physiques et numériques, les journalistes paient un lourd tribut. La liberté d’expression traverse une crise inquiétante. Selon le rapport de l’UNESCO publié ce 15 décembre 2025, elle a reculé de 10 % depuis 2012, atteignant son niveau le plus bas depuis des décennies. Cette érosion est directement liée à la montée des violences contre les journalistes et à l’autocensur


Rédaction

Rédaction

Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Malgré un État-providence omniprésent et un budget social colossal, l'écart de l'espérance de vie entre riches et pauvres se creuse. Selon l’étude publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), lundi 15 décembre, les plus modestes vivent moins longtemps, et l’écart se creuse. Un constat brutal qui interroge l’efficacité réelle des politiques sociales et sanitaires. La promesse centrale de l’État social français est connue : réduire les inégalités par la red


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Le Premier Ministre belge, Bart de Wever, a déclaré lors d'une conférence universitaire, que non seulement la Russie ne perdrait pas la guerre, mais qu'il n'était pas souhaitable qu'elle la perde. Une vraie provocation vis-à-vis de l'OTAN. Sarcasme. Réalité. Et pas un seul kopeck de subvention. Ah, Bruxelles! Ses gaufres, son Manneken Pis, et ses bureaucrates non élus qui jouent au Monopoly avec votre compte en banque. C'est la saison des fêtes, et comme cadeau, la Commission Européenne a déci


CDS

CDS