L'abstention est le plus dangereux adversaire du Président s'il briguait un second mandat. Les sondages de second tour de la présidentielle, en effet, n'indiquent pas un renforcement de Marine Le Pen mais un très fort refus de voter Macron chez ceux qui auraient voté pour des candidats de gauche ou pour Xavier Bertrand.

Les sondages se suivent et se ressemblent. Ils racontent tous la même histoire, celle d’un resserrement de l’écart entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle si elle avait lieu dimanche prochain. En fait, ce serait une illusion d’optique de croire que les enquêtes d’opinion indiquent un renforcement de Marine Le Pen. Même si la présidente du Rassemblement National assume désormais volontiers un rôle de challenger du président sortant, le détail des reports de voix au second tour, tel que le détaille, par exemple, Harris Interactive , dans un sondage publié le 8 mars 2021, montre de mauvais reports de voix pour la candidate: seuls 21% des électeurs de Xavier Bertrand, si ce dernier était le candidat de la droite modérée, se reporteraient sur la candidate de la droite radicale. C’est moins que le report à partir des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, qui est de 24%.
Les très mauvais reports de voix en faveur d'Emmanuel Macron au second tour

Si, malgré ses faibles réserves de voix, Marine Le Pen atteint 47% des intentions de vote, c’est parce qu’Emmanuel Macron est lui aussi l’objet de mauvais reports de voix. Le même sondage Harris Interactive donne les chiffres suivants: 24% de reports des électeurs de Mélenchon, 41% d’Anne Hidalgo, 51% de Jadot et 38% de Bertrand.
Le non report des électeurs sur les deux finalistes conduit à des taux d’abstention records pour un second tour de la présidentielle. 52% des électeurs de Jean-Luc mélenchon n’iraient pas voter ou voteraient blanc; 50% des électeurs d’Anne Hidalgo, 44% des électeurs de Jadot et 41% des électeurs de Xavier Bertrand.
Le plus dangereux adversaire d’Emmanuel Macron lors de la prochaine élection présidentielle est donc l’abstention. Il n’y a pas d’appétence pour Marine Le Pen, qui consolide ses positions de 2017 mais sans véritablement profiter de l’enchaînement de crises qui a marqué le quinquennat Macron: Gilets Jaunes, conflit des retraites, épidémie de COVID 19. Et c’est à gauche que le candidat Macron perd le plus par rapport à 2017. Il ne l’emporte face à Marine Le Pen que dans la mesure où il saura convaincre les électeurs de la droite modérée de voter pour lui.
 
       
    
     
   
       
         
       
       
      