L'action Nvidia bat des records : faut-il en acheter ? par Vincent Clairmont

L'action Nvidia bat des records : faut-il en acheter ? par Vincent Clairmont


Partager cet article

Faut-il acheter du NVIDIA en pleine ascension, qui semble sans limite ? Dans le cadre de la Barbell Strategy que nous promouvons, voici quelques éléments d'analyse. Ne manquez pas, dimanche prochain, notre proposition complète de portefeuille "Barbell Strategy"...

L'intégration de l'action Nvidia dans une "Barbell Strategy" (ou stratégie haltère) est une question pertinente, particulièrement dans le contexte boursier actuel, où Nvidia affiche des performances record et une valorisation massive.

Pour déterminer rationnellement s'il faut acheter des actions Nvidia dans ce cadre, il est essentiel de comprendre la philosophie de la stratégie Barbell, puis d'analyser le profil de risque et de croissance de Nvidia.

Rappel : la stratégie Barbell

La stratégie Barbell, popularisée notamment par Nassim Nicholas Taleb, est une approche d'investissement bimodale. Elle consiste à éviter le milieu du spectre du risque (les investissements à risque "moyen") pour se concentrer sur les deux extrêmes :

  • Le pôle ultra-sécurisé (80-90% du portefeuille) : composé d'actifs à très faible risque, très liquides, protégeant le capital contre l'inflation et les chocs systémiques (ex: obligations d'État à court terme, liquidités, or). L'objectif est la préservation du capital.
  • Le pôle spéculatif/haute croissance (10-20% du portefeuille) : composé d'actifs à haut risque, mais offrant un potentiel de rendement asymétrique très élevé (ex: actions de croissance volatile, technologies de rupture, paris spéculatifs). L'objectif est la croissance agressive.

L'idée centrale est de limiter strictement le risque de perte maximale (le downside) tout en s'exposant à un potentiel de gain significatif (l'upside).

Analyse de Nvidia

En cette fin octobre 2025, Nvidia est dans une position dominante, portée par une demande insatiable pour ses GPU dédiés à l'intelligence artificielle.

  • Performance et valorisation : l'action atteint des sommets historiques, avec une progression spectaculaire depuis le début de l'année. Sa capitalisation boursière est colossale (dépassant les 5 000 milliards de dollars). Le ratio Cours/Bénéfice (P/E) est très élevé (souvent supérieur à 50), reflétant des attentes de croissance futures extrêmement fortes.
  • Potentiel de croissance : le potentiel reste immense. Nvidia est l'acteur central de la révolution de l'IA. Les analystes restent majoritairement optimistes, portés par le succès des architectures comme Blackwell et la visibilité sur les revenus pour 2026.
  • Profil de risque : malgré sa taille, Nvidia reste une valeur volatile et à haut risque. Sa valorisation la rend extrêmement sensible à la moindre déception sur la croissance. De plus, les risques géopolitiques (restrictions d'exportation vers la Chine, dépendance à Taïwan pour la production) et l'intensification de la concurrence (AMD, Intel, et les puces internes des géants du cloud) sont significatifs.

Nvidia dans la "stratégie Barbell" : une place naturelle mais exigeante

Rationnellement, Nvidia correspond parfaitement au type d'actif recherché pour le pôle Spéculatif/Haute Croissance d'une stratégie Barbell.

Pourquoi Nvidia s'intègre bien :

  1. Exposition à une croissance exponentielle : la stratégie Barbell cherche à capter des tendances transformatrices. Nvidia est le leader incontesté de l'infrastructure IA, le secteur potentiellement le plus transformateur de la décennie.
  2. Potentiel de rendement asymétrique : Nvidia offre la possibilité de générer des rendements très élevés si la révolution de l'IA se poursuit au rythme actuel.
  3. Volatilité acceptée : la volatilité inhérente à Nvidia n'est pas un problème dans une stratégie Barbell, car elle est attendue dans ce pôle du portefeuille. Le pôle sécurisé (80-90% du capital) agit comme un amortisseur contre les baisses potentielles de Nvidia.

Points de vigilance dans le cadre Barbell :

  1. La loi des grands nombres : avec une capitalisation aussi massive, il devient mathématiquement plus difficile pour Nvidia de générer les rendements "multiplicateurs" (x5, x10) que l'on recherche parfois dans un pôle spéculatif, comparativement à des entreprises plus petites.
  2. Risque de concentration : une erreur courante serait de faire de Nvidia l'unique composant du pôle risqué. Même dans ce pôle (10-20% du portefeuille total), la diversification est nécessaire. Nvidia peut en être un élément central, mais doit être accompagné d'autres paris à haut potentiel.
  3. Valorisation élevée : acheter Nvidia aux niveaux actuels signifie que le marché a déjà intégré une grande partie de la croissance future. Le risque de déception est élevé.

Donc

Oui, il est rationnel d'acheter des actions Nvidia dans le cadre d'une stratégie Barbell.

Nvidia représente un véhicule idéal pour s'exposer au potentiel de l'IA, ce qui correspond à l'objectif du pôle "Haute Croissance" de la stratégie.

Cependant, cette décision n'est rationnelle que si les principes stricts de la stratégie sont respectés :

  1. Allocation limitée : l'investissement dans Nvidia ne doit concerner que le pôle risqué du portefeuille (maximum 10-20% du capital total).
  2. Contrepoids sécurisé impératif : cet investissement n'est viable que s'il est contrebalancé par une majorité (80-90%) d'actifs véritablement ultra-sécurisés (et non pas des actions "pépères" ou des obligations d'entreprise).
  3. Diversification du risque : Nvidia ne doit pas être le seul pari à haut risque du portefeuille.

Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Noël, invention chrétienne ou païenne ? par Thibault de Varenne

Noël, invention chrétienne ou païenne ? par Thibault de Varenne

Chaque année, au seuil du solstice, les peuples d’Europe rallument les feux de la mémoire. Les cloches sonnent, les foyers s’illuminent, et l’on se demande : Noël est-il une fête chrétienne, née de la célébration de la Nativité, ou bien l’héritière de rites païens que l’Église aurait recouverts de son manteau sacré ? La réponse exige une enquête à la fois linguistique, historique et religieuse. L’étymologie du mot « Noël » : une origine chrétienne indéniable Le mot Noël provient du latin nata


Rédaction

Rédaction

Pourquoi l'État Léviathan se moque du budget (Merci, James Buchanan)

Pourquoi l'État Léviathan se moque du budget (Merci, James Buchanan)

Nous avons vu comment le gouvernement Lecornu s’est fracassé sur le bitume du Chicken Game. Mais une question doit vous brûler les lèvres : si l'État est incapable de faire voter son budget, comment se fait-il que les ministères continuent de tourner, que les cerbères de Bercy continuent de prélever l'impôt et que la technostructure ne semble pas s'en émouvoir outre mesure ? Pourquoi Lecornu est une vraie poule mouilléeEntre Noël et le Nouvel An, le Courrier entame un “parcours” d’éclairage


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Pourquoi Lecornu est une vraie poule mouillée

Pourquoi Lecornu est une vraie poule mouillée

Entre Noël et le Nouvel An, le Courrier entame un "parcours" d'éclairage auprès des lecteurs pour mieux comprendre comment se posent, avec un peu de recul, les problèmes de notre société. Voici une première explication sur l'effondrement de notre système, où il est question de "poulet mouillé", de "prisonnier" et de "passager clandestin". Mes chers amis, pour comprendre pourquoi le "Léviathan" français s’est pris les pieds dans le tapis du budget 2026, il faut cesser de regarder les hommes et c


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Noël, étrennes : comment, en pratique, donner de l’argent à ses proches ?

Noël, étrennes : comment, en pratique, donner de l’argent à ses proches ?

En cette période de fêtes, la générosité est de mise. Mais attention : entre le chèque glissé sous le sapin et le virement « coup de pouce », la frontière pour le fisc est parfois poreuse. Dès le 1er janvier 2026, les règlesse durcissent en effet avec une obligation de déclaration en ligne. Il est temps de mettre les points sur les "i" pour donner… sans se faire épingler. Pour tout abonnement d’un an au Courrier des Stratèges souscrit entre le vendredi 19 décembre 18h et le lundi 22 décembre 1


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT