La violence contre les policiers et la diffusion des images : le régalien est en danger

L’agression d’un policier à Tourcoing, filmée et diffusée sur les réseaux, révèle une double faillite : l’insécurité physique et la banalisation publique de la violence.

L’agression sauvage d’un policier à Tourcoing, filmée et jubilatoirement partagée, n’est pas un fait divers. C’est le révélateur de la faillite de l’État dans son rôle premier : protéger les personnes et leurs biens. Lorsque ceux qui sont censés incarner la force légitime de la loi sont publiquement lynché et que ce spectacle devient un divertissement, le contrat social est rompu.
Un tabassage devenu un spectacle numérique
Jeudi dernier, un policier de la brigade anticriminalité de Tourcoing a été violemment agressé alors qu’il intervenait pour un simple vol de trottinette.
Cinq adolescents – dont quatre mineurs – ont été mis en examen. La scène, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, a transformé l’attaque en une mise en scène sordide. Les faits reprochés :
- Vol aggravé : jusqu’à 10 ans de prison pour un mineur.
- Violences aggravées sur un policier : 5 ans de prison, doublés pour les majeurs.
- Happy slapping (une agression violente filmée puis diffusée sur les réseaux sociaux) : 30 mois de prison et 75 000 € d’amende.
Selon la procureure, deux des adolescents seront incarcérés provisoirement, deux autres seront mis sous contrôle judiciaire et une mesure éducative judiciaire provisoire incluant des obligations et interdictions sera appliquée au cinquième suspect.
Quand les délinquants deviennent des célébrités
L'acte de filmer et de diffuser ces agressions n'est pas anodin. Il s'agit d'une mise en scène délibérée visant à humilier l'autorité. Chaque partage est un trophée, chaque vue une validation. Les agresseurs se transforment en protagonistes d'un spectacle macabre, où la destruction de l'ordre public devient une source de notoriété. C'est une perversion de la liberté d'expression qui, au lieu de servir le débat, banalise et célèbre la violence.
Avec ces vidéos violentes diffusées sur les réseaux , ou « happy slapping » , ces jeunes s'exposent et savent que l’État est à la fois puissant et paralysé. Puissant dans ses lois, mais paralysé dans leur application. Ce phénomène d' « happy slapping » traduit une inversion des valeurs, les délinquants se posent en vainqueurs d'une guerre asymétrique, où l'arme n'est pas un couteau, mais juste un téléphone portable. Le policier, garant de l’ordre, devient victime et objet de dérision. La justice, engluée dans ses procédures, peine à restaurer l’autorité du régalien.
Restauration de l'ordre et fin du laisser-aller
L’État doit abandonner la rhétorique de la "prévention" et du "dialogue" et revenir à la seule mission qui légitime son monopole de la violence : l’application stricte de la loi. Le respect de l'autorité ne se négocie pas, il doit se réaffirmer par des actes.
La liberté exige des institutions fortes dans leurs fonctions régaliennes, mais limitées dans leurs prérogatives. La sécurité est l’une de ces rares missions incontournables. Or, si l’État est incapable de garantir la protection physique de ses propres agents, il se délégitime et laisse la place à l’arbitraire des bandes.
Avec la diffusion de la violence sur les réseaux, la justice n’affronte plus seulement des criminels, mais une culture de la provocation et de l’impunité.
L'agression de Tourcoing est un avertissement. Si l’État continue de se montrer faible et indécis, il perdra la bataille de la rue, et avec elle, le respect de sa population. La violence filmée contre les policiers est le miroir d'une société qui a cessé de croire en l'autorité, et la seule façon de regagner cette confiance est de restaurer la force là où elle a le plus cruellement fait défaut.
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