La tapisserie de Bayeux sacrifiée sur l’autel de la diplomatie

La polémique enfle autour du prêt de la tapisserie de Bayeux à Londres. La préfecture du Calvados a récemment effacé de son compte YouTube une vidéo datant du 7 février 2025, où une spécialiste de la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) de Normandie soulignait la fragilité extrême de l’œuvre.

L’information a été confirmée mardi par l’Agence de vérification de Radio France, après une première révélation de Libération. L’annonce du prêt de l’œuvre millénaire au British Museum suscite une vive polémique.
La tapisserie de Bayeux: une œuvre unique et fragile
Ce retrait intervient alors que de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer les risques liés au transport de cette broderie classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une pétition circule déjà en ligne pour s’opposer à ce prêt prévu entre septembre 2026 et juin 2027.
Datant de près de 1.000 ans, la tapisserie de Bayeux s’étend sur environ 70 mètres de lin brodé. Véritable trésor historique, elle raconte l’épopée de Guillaume le Conquérant et la bataille de Hastings en 1066. Son inscription au registre "Mémoire du monde" de l’UNESCO témoigne de son importance patrimoniale universelle.
Mais sa valeur est contrebalancée par une extrême fragilité. Dans la vidéo supprimée, la conseillère musées de la Drac, Cécile Binet, rappelait que "toute manipulation supplémentaire était un risque pour sa conservation". Des propos qui contredisent directement le projet de transport vers l’Angleterre.
Un prêt voulu par l'Elysée
Le président Emmanuel Macron avait lui-même annoncé, le 8 juillet, ce prêt historique en contrepartie d’un échange avec des pièces archéologiques médiévales britanniques, notamment issues du trésor de Sutton Hoo. Le transfert devait s’inscrire dans le cadre des travaux d’agrandissement du musée de Bayeux, fermé depuis le 1er septembre 2025.
Cet accord, présenté comme un geste diplomatique et culturel fort, se heurte cependant à une inquiétude parmi les défenseurs du patrimoine. Ils dénoncent un choix politique risqué pour une œuvre dont la conservation devrait primer sur toute autre considération.
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