Après huit jours de petite manipulation macronienne et de cafouillage chez Les Républicains, le verdict des sondages est tombé: le Rassemblement National de Thierry Mariani est passé en tête pour les régionales du mois de juin et toutes les configurations le donnent gagnant. A force de vouloir jouer la carte d'un affrontement avec le RN, le présidentde la République ne déclenche-t-il pas des forces qu'il ne saura plus maîtriser? En tout cas, la région PACA apparaît bien comme un possible laboratoire d'une victoire de Marine Le Pen

Nous avons tous suivi avec effarement le psychodrame chez Les Républicains: retrait de l’investiture à Muselier puis retrait du retrait. On peut d’ailleurs se demander dans quelle mesure la manoeuvre de l’Elysée, consistant à jouer avec les ambiguïtés et les tensions chez LR, si elle était reproduite dans les Hauts-de-France ou en Ile-de-France, ne ferait pas du mal, de la même manière, à une Valérie Pécresse ou un Xavier Bertrand qui s’imaginent à tort peu vulnérables au sens tactique du président de la République. Mais restons en PACA. Le verdict est tombé, sous la forme d’un sondage IFOP-Fiducial pour LCI et le Figaro et d’un second réalisé par Ipsos et Soprasteria pour France Télévisions. Selon les deux sondages, Thierry Mariani, tête de liste du Rassemblement National, arriverait en tête au premier et au second tour. Les sondages avaient été réalisés avant que l’on ait la confirmation qu’il n’y aura pas de liste LREM. On ne retiendra donc, finalement que cette hypothèse.
Thierry Mariani (RN) gagne dans tous les cas de figure
Au premier tour, selon le sondage IFOP, la liste soutenue par LR, l’UDI, le MoDem, les Centristes et LREM conduite par Renaud Muselier recueillerait 34% des suffrages (similaire au mois d’avril), toujours derrière le RN (38%, contre 32% en avril). Selon IPSOS, la liste RN de Thierry Mariani ferait même mieux au premier tour avec 39% des intentions de votes, pour un résultat LR lui aussi anticipé à 34%.
Au second tour, selon IFOP, dans le cas très probable d’une triangulaire avec la gauche, la liste de la majorité régionale regroupant LR et LREM arriverait en seconde position (39%) derrière celle de Thierry Mariani. Celui-ci l’emporterait d’une courte tête avec 41% des suffrages. Ipsos prévoit même un score moins bon pour « Les Républicains En Marche »: 36% des suffrages contre 40% au Rassemblement National.
"Les Républicains En Marche": la recette pour faire gagner Marine Le Pen
Quels enseignements tirer? Premièrement, en un mois, du fait du mauvais feuilleton politique des Républicains, le parti de Christian Jacob est sanctionné par un électorat qui lui reproche encore plus la confusion avec le macronisme que le fait – évident – de ne pas être en phase avec cet électorat qui cherche une droite à la fois identitaire et entrepreneuriale, celle bien repérée par la dernière enquête de Fondapol. Deuxièmement, la feuille de route de Marine Le Pen pour la présidentielle est toute tracée: Thierry Mariani, ancien LR, occupe un créneau idéal pour élargir les bases du Rassemblement National. L’élection présidentielle va se jouer à droite. Qui d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen mordra le plus sur l’électorat LR?
Quand on regarde l’enchaînement de la séquence politique qui va de l’annonce de Jean Castex concernant le retrait d’une liste LREM aux sondages publiés par LCI et France Télévision, on comprend bien entendu qu’Emmanuel Macron a voulu semer la zizanie chez LR. Il semble vouloir se donner toutes les chances pour que se tienne un second tour entre Madame Le Pen et lui-même. Il reste persuadé qu’il le gagnera. Envoyer Dupond-Moretti dans les Hauts-de-France ou diviser LR en PACA relève de la même bonne vieille ficelle mitterrandienne: tester la droite sur son choix entre « front républicain » et « Front national ». L’homme qui voulait révolutionner la politique au-delà de la droite et de la gauche en est réduit, pour être réélu, à ressusciter le « front antifasciste ».
Macron l'apprenti-sorcier
Mais ce président qui aura enchaîné l’affaire Benalla, la crise des Gilets Jaunes, le fiasco de la réforme des retraites, la gestion catastrophique de la crise sanitaire et la protestation des militaires, maîtrise-t-il encore ce qu’il déclenche? Les élections régionales se tiennent, cette fois, à moins d’un an de la présidentielle. Quel serait l’impact de la victoire du Rassemblement National dans une région? Est-il impensable que Madame Le Pen se retrouve être « la bonne personne au bon moment » dans un pays où 58% des sondés ont dit soutenir la première tribune des militaires et près de 300 000 personnes ont signé la deuxième tribune, celle des militaires d’active? Que Marine Le Pen ait du mal à camoufler nervosité et appréhension à la perspective d’une victoire, au dire de plusieurs personnes qui l’ont croisée récemment, c’est une autre dimension de l’incertitude dans laquelle est entré le pays. La région PACA sert de révélateur.
 
       
    
     
       
       
         
       
       
         
      