La Grèce ose la liberté du travail

Alors que la France débat encore de la semaine de 35 heures , la Grèce fait un pas inverse : son Parlement vient d’adopter une loi permettant à un salarié de travailler jusqu’à 13 heures par jour, sur la base du volontariat et d’une rémunération majorée. Une décision qui a déclenché grèves et cris d’indignation à gauche, mais qui, vue d’un œil libertarien, pose une question essentielle : le travail doit-il être dicté par la loi ou choisi par l’individu ?

Niki Kerameus, ministre grecque du travail

Les députés grecs ont fini par adopter le projet de loi qui autorise un employé à travailler jusqu’à 13 heures par jour. Notons que cette législation était à l’origine des deux manifestations qui ont paralysé la Grèce le 1er octobre et le mardi dernier. Les syndicats et les élus de la gauche s’opposent farouchement à cette réforme. Ils pensent qu’elle ne fera qu’aggraver «  une situation déjà profondément problématique ».

Une journée de travail de 13 heures bientôt possible en Grèce

Le gouvernement conservateur a présenté aux députés grecs un projet de loi controversé. Ce texte prévoit qu’un employé pourrait travailler jusqu’à 13 heures par jour pour un seul employeur, et ce, pendant un nombre de jours limité par an. Il bénéficiera d’une rémunération supplémentaire. Les membres du Parlement ont fini par adopter le projet de loi après deux jours de débat houleux.  

En effet, les syndicats et la gauche sont totalement contre la journée de 13 heures. Selon Nikos Androulakis, dirigeant du principal parti d’opposition, le Pasok (centre-gauche), « c’est le nouveau maillon d’une chaîne de démantèlement méthodique des droits des travailleurs ».

Sokratis Famellos, le patron de Syriza (gauche) qui est l’un des principaux protagonistes, a déclaré que « le gouvernement instaure un véritable Moyen Age du travail ».

Ils ont qualifié le projet de loi de « monstruosité législative, une dérégulation du travail qui s’attaque (…) aux droits fondamentaux » des travailleurs. Par ailleurs, les élus membres de ce parti ont refusé de prendre part au vote selon leur porte-parole, Christos Giannoulis.

Notons que ce projet de loi initié par le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis a provoqué deux grandes manifestations. La première grève générale a eu lieu le 1er octobre 2025 et la seconde s’est déroulée mardi dernier.

Plusieurs employés du privé et du public sont descendus dans les rues pour protester contre la législation. Ils pensent que cette réforme est une « nouvelle aggravation d’une situation déjà profondément problématique » selon la Confédération des travailleurs grecs (GSEE).

" Compte tenu du rapport de force déséquilibré entre employeur et salarié, renforcé par la précarité qui prévaut sur le marché du travail , de nombreux salariés ne pourront pas refuser cette journée de travail de 13 heures".

a ajouté la GSEE. Les opposants à la législation ont aussi souligné que les contrôles de l’inspection du travail sont insuffisants.

Les opposants dénoncent un «démantèlement des droits des travailleurs» et le risque de coercition implicite face à un «rapport de force déséquilibré».

Cependant, dans une perspective de marché libre, la meilleure protection des travailleurs n'est pas la réglementation rigide, mais la compétition entre employeurs. Plus le marché du travail est dynamique et dérégulé, plus les options pour les employés sont nombreuses.

Une disposition sur la base du volontariat

En Grèce, la durée du temps de travail quotidien est fixée à 8 heures. Les employés peuvent effectuer jusqu’à 3 heures supplémentaires. Les données d’Eurostat ont révélé que 20,9 % des salariés âgés de 20 à 64 ans effectuaient plus de 45 heures de travail par semaine au second trimestre de l’année 2025, contre 10, 8 % dans l’ensemble des pays de l’UE. Le gouvernement grec a déjà autorisé la semaine de travail de 6 jours en cas de besoin, surtout pour certains secteurs spécifiques comme le tourisme.

La gauche et les opposants au projet de loi ont déclaré que Kyriakos Mitsotakis a mis en place des changements ayant provoqué « une forte dérégulation du marché du travail » depuis son arrivée au pouvoir en 2019. Pour le parti de droite, les mesures prises par le Premier ministre a permis une forte baisse du taux de chômage en Grèce, de 18% à 8% en 6 ans.

Notons qu’avant le vote, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Niki Kerameus, a défendu la réforme devant les élus.

« Nous donnons désormais la possibilité (à un employé) d’effectuer ce travail supplémentaire chez le même employeur, sans déplacement, avec une rémunération majorée de 40% »

a-t-elle déclaré. Elle a aussi précisé que cette journée de travail de 13 heures se ferait sur la base du volontariat.  Les employeurs ne pourront pas obliger les salariés à l’effectuer. De plus, elle est uniquement valable jusqu’à 37 jours par an, soit environ trois jours par mois.

D'un point de vue libertarien, si le contrat est véritablement libre, il n'y a pas d'abus. Cependant, les libertariens s'accordent sur le rôle légitime de l'État dans l'application des contrats (rôle de gendarme et de justice).

La situation grecque, bien que particulière, ne peut laisser la France indifférente et invite à une analyse comparative. Le modèle français, avec sa législation stricte sur la durée légale du travail (les 35 heures hebdomadaires), représente, pour les libertariens, l'exact opposé de la flexibilité recherchée.

Malgré l'intention louable de partager le travail, cette rigidité a souvent été critiquée pour avoir handicapé la compétitivité des entreprises, augmenté les coûts indirects du travail (heures supplémentaires, paperasserie), et limité la liberté de choix de l'employé souhaitant travailler plus pour gagner plus.