La tentative d'Olivier Véran d'interdire à David Lisnard, maire de Cannes, de passer à la vaccination contre le COVID des personnes de plus de 50 ans qui le souhaitent offre un condensé de la folie bureaucratique française: à Paris on prétend mieux savoir qu'un élu local les besoins du terrain. Et l'on s'obstine dans l'hypercentralisation et le contrôle tatillon de l'Etat qui font de la gestion de la crise sanitaire une succession de fiascos: depuis l'absence de tests et de masques il y a un an au retard sur la vaccination aujourd'hui.

« La crise du Covid révèle la folie bureaucratique française« . Ainsi s’exprimait David Lisnard, maire de Cannes et porte-parole de l’Association des Maires de France, dans le Figaro du 14 novembre 2020. David Lisnard est l’un des rares hommes politiques français qui connaisse, lise et mette en pratique les bons auteurs. Ainsi poursuivait-il: « La route de la servitude est pavée de bonnes intentions étatistes. Et jalonnée des décisions bureaucratiques qui réussissent à être à la fois contradictoires, inefficaces et aliénantes.
Ce n’est pas nouveau, Tocqueville, Bastiat, Aron et tant d’autres de nos penseurs français – souvent de génie – de la liberté, qu’il est urgent de faire (re)lire dans toutes les classes, nous ont toujours alertés sur les dérives potentielles de l’administration moderne. L’État est la condition de notre protection, mais à sa juste place. »
Le maire de Cannes est passé ces jours-ci aux travaux pratiques puisqu’un bras de fer l’oppose à Olivier Véran, ministre de la Santé, sur la question de la vaccination contre le COVID 19 d’habitants de la ville de Cannes qui ont 50 ans ou plus.
Olivier Véran: plutôt réglementer que vacciner

En apprenant que le maire de Cannes prenait des initiatives, Olivier Véran a menacé l’édile pragmatique des foudres de l’administration. Il vaut la peine de citer ce cri bureaucratique in extenso:
« Je ne qualifierai pas la décision du maire de Cannes, je regrette qu’il l’ait fait de manière autonome sans alerter ni la direction générale de l’ARS ni même le préfet, ni même les soignants qui sont mobilisés pour vacciner à Cannes et partout ailleurs en France », explique le Ministre. Il continue avec un aplomb courtelinesque: « Je suis certain parce que je le sais, que l’on peut trouver à Cannes, des personnes âgées de 85, 90 ans, qui n’ont pas encore été vaccinées comme partout ailleurs en France et qui ne comprendront pas que des personnes de plus de 50 ans en très bonne santé, puissent avoir un rendez-vous ». Puis vient la leçon de morale du rond-de-cuir: « Je préfère les élus qui se battent pour aller chercher, chez eux s’il le faut les personnes à protéger, ce sont elles qu’il faut protéger en priorité ». Et enfin la poussée d’autoritarisme, qui condense en quelques phrases toute la folie administrative française si bien analysée par celui qui est visé, David Lisnard, prié d’obtempérer: « Je le dis, la vaccination des 50 ans et plus sans comorbidités ne se fera pas à Cannes, pas tant qu’elle n’aura pas été décidée au niveau national pour toute la population et donc pas tant que nous n’aurons pas protégé la totalité des personnes fragiles et vulnérables ».
David Lisnard: plutôt sauver des vies qu'appliquer des règles a priori
David Lisnard a répondu au Ministre dès jeudi soir sur twitter: « Je suis étonné qu'(Olivier Véran) polémique et déjuge le président qui demande de vacciner ‘matin, midi et soir’. Donc, ayant terminé les autres publics, nous ouvrons la prise de rendez-vous pour les plus de 50 ans ».
Au passage, le maire qui aime la liberté soulève un lièvre: d’un côté l’Etat nous dit que chacun est libre de (ne pas) se faire vacciner; de l’autre le Ministre implique qu’un maire n’aurait pas le droit de vacciner une autre catégorie d’âge si des personnes âgées, bien qu’à risque, ne souhaitaient pas se faire vacciner.
Par un communiqué envoyé dans la foulée, le Maire a expliqué au ministre qu’il donnait la priorité aux résultats: « Nous avons ouvert la prise de rendez-vous pour les plus de 50 ans, y compris sans signe de comorbidité, car nous avons enfin de la visibilité en termes de dotations. Si nous sommes en capacité de le faire aujourd’hui, c’est parce que nos vaccinodromes sont opérationnels depuis le 4 janvier, quand le gouvernement prétendait qu’ils n’étaient pas utiles »
Tout est dit. Depuis un an le gouvernement et l’Etat prétendent tout régenter depuis Paris et les bureaux feutrés des Agences Régionales de Santé. Les français sont contraints de subir des fiascos successifs: absence de masques au début de l’épidémie, manque de tests depuis de longs mois, incapacité du pouvoir politique à arrêter la folie bureaucratique de la suppression des lits d’hôpitaux. Mais, dans la France de Monsieur Macron, un ministre n’est pas là pour créer le cadre de résolution des problèmes; il doit s’occuper d’interdire toutes les initiatives qui n’ont pas été validées par les agences de l’Etat.
On verra jusqu’où Olivier Véran est prêt à aller pour entraver le travail du Maire. David Lisnard, en tout cas, n’a pas l’intention de céder.

 
       
    
     
       
       
       
       
      