Immigration: Elon Musk provoque la magistrature italienne
©Alessandro Serranò / Avalon/PHOTOSHOT/MAXPPP – ; Italy, Lampedusa ; 16/09/2023 – migrant emergency, the situation in the hotspot on the fifth day after the disembarkation of around 6000 people, Lampedusa, 16 Sept 2023, Credit:Alessandro Serranò / Avalon (MaxPPP TagID: maxnewsfrfive245909.jpg) [Photo via MaxPPP]

Immigration: Elon Musk provoque la magistrature italienne


Partager cet article

Après avoir qualifié le chancelier allemand Olaf Scholz de « stupide », l’industriel Elon Musk, futur ministre de l’efficacité gouvernemental de  Donald Trump, a pris part au conflit qui oppose le gouvernement italien de Giorgia Meloni au pouvoir judiciaire concernant la politique d’externalisation de la migration avec l’Albanie. Musk a affirmé sur sa plateforme X que « ces juges doivent partir ». Le président italien, Sergio Mattarella, a ouvertement accusé le milliardaire de s’immiscer dans les affaires nationales. Pour autant, les propos de Musk ont généré des réactions mitigées au sein du paysage politique italien.

Les initiatives de la Première ministre Giorgia Meloni visant à réduire le flux de migrants arrivant chaque année sur les côtes italiennes ont été régulièrement contestées en justice, souvent avec succès, notamment l’accord signé l’année dernière avec Tirana. Cet accord stipule que les demandes des migrants interceptés par les autorités italiennes en Méditerranée, et jugés originaires de pays « sûrs », soient traitées en Albanie. Cependant, le mois dernier, des juges avaient déjà statué concernant le premier groupe de migrants transférés, ordonnant le rapatriement en Italie des 12 hommes originaires du Bangladesh et d’Égypte. Le tribunal de l’immigration de Rome a également annulé le 11 novembre dernier, la détention de sept migrants, transférés en Albanie, et a renvoyé l’affaire devant la Cour de justice de l’Union européenne. « Ces juges doivent partir », a commenté Musk.

La réplique ferme de Mattarella

Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), Musk a déclaré que ces juges devraient être « écartés ». Un commentaire qui a attisé la discorde en Italie, où le débat sur la gestion des migrants est devenue source de tension.

Le président italien Sergio Mattarella a vivement dénoncé l’incursion d’Elon Musk dans le débat controversé sur la politique migratoire du gouvernement. Sergio Mattarella, habituellement mesuré, a émis une déclaration sans équivoque pour rappeler l’importance de la souveraineté italienne face aux ingérences extérieures. « L’Italie est un grand pays démocratique et sait prendre soin d’elle-même », a-t-il affirmé, précisant que personne, même s’il s’apprête à occuper un poste important dans un pays allié, ne devait se permettre de dicter sa conduite à l’Italie.

Cette déclaration visait explicitement Elon Musk, récemment nommé à la tête du Department Of Government Efficiency (DOGE) par le président élu Donald Trump, une entité chargée de conseiller sur des réformes majeures.. L’implication de Musk dans les affaires intérieures italiennes a été perçue par Mattarella comme une atteinte à la souveraineté de l’État.

Des réactions mitigées en Italie

L’intervention de Musk a divisé la classe politique. Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, leader de la Lega et figure influente de la coalition de Giorgia Meloni, a soutenu Musk, en affirmant :

« Elon Musk a raison ; j’ai arrêté les débarquements de migrants et je risque maintenant six ans de prison. Vu de l’étranger, cela doit paraître encore plus incroyable. »

Cependant, d’autres voix se sont élevées pour condamner cette ingérence. Ernesto Carbone, membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), a qualifié les propos de Musk de « dangereux » et a mis en garde contre leur impact sur la démocratie.

L’Association nationale de la magistrature italienne, par la voix de sa vice-présidente Alessandra Maddalena, a également exprimé son indignation, soulignant que la question ne touchait plus seulement l’indépendance judiciaire mais la souveraineté même de l’Italie.

La pression sur Giorgia Meloni

Face à la réaction de Mattarella, Meloni a simplement déclaré : « Nous écoutons toujours avec beaucoup de respect les paroles du président de la République », sans pour autant exprimer un soutien explicite.

Pour autant, l’opposition a profité de cette polémique pour pousser Giorgia Meloni à prendre position. Le Partito Democratico, par l’intermédiaire de l’eurodéputé Sandro Ruotolo, a appelé la Première ministre à dénoncer publiquement Musk et à réaffirmer son engagement envers la constitution italienne. Riccardo Magi, leader de +Europa, a défié Meloni et Salvini de défendre la souveraineté italienne face à cette ingérence.

Les critiques ont également été entendues au niveau européen, avec Sandro Gozi, eurodéputé et secrétaire général du Parti démocrate européen, déclarant sur X :

« L’Italie et l’Europe n’ont pas besoin de leçons de démocratie de qui que ce soit, et surtout pas d’Elon Musk, qui ne vise qu’à éroder nos valeurs fondamentales. »

Pour mémoire, la semaine passée, Musk a attisé la colère des dirigeants allemands lorsqu’il a qualifié le chancelier allemand Olaf Scholz de « stupide » juste après l’effondrement de la coalition tripartite de la chancelière allemande. En réponse à un message publié sur « X » évoquant l’effondrement du gouvernement de Scholz, Musk a écrit en allemand : « Olaf ist ein Narr », ce qui se traduit par « Olaf est un imbécile ».


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Malgré un État-providence omniprésent et un budget social colossal, l'écart de l'espérance de vie entre riches et pauvres se creuse. Selon l’étude publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), lundi 15 décembre, les plus modestes vivent moins longtemps, et l’écart se creuse. Un constat brutal qui interroge l’efficacité réelle des politiques sociales et sanitaires. La promesse centrale de l’État social français est connue : réduire les inégalités par la red


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Le Premier Ministre belge, Bart de Wever, a déclaré lors d'une conférence universitaire, que non seulement la Russie ne perdrait pas la guerre, mais qu'il n'était pas souhaitable qu'elle la perde. Une vraie provocation vis-à-vis de l'OTAN. Sarcasme. Réalité. Et pas un seul kopeck de subvention. Ah, Bruxelles! Ses gaufres, son Manneken Pis, et ses bureaucrates non élus qui jouent au Monopoly avec votre compte en banque. C'est la saison des fêtes, et comme cadeau, la Commission Européenne a déci


CDS

CDS

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

Ce 16 décembre 2025 restera sans doute gravé dans les annales de l'histoire européenne non pas comme le jour où l'Union a sauvé l'Ukraine, mais comme le moment précis où elle a décidé de sacrifier ce qui lui restait de principes fondateurs — la liberté d'expression, la sécurité juridique, et la souveraineté nationale — sur l'autel d'une guerre qu'elle ne peut plus gagner, mais qu'elle s'interdit de perdre. La machine bruxelloise, cette formidable créatrice de normes devenue une machine à broyer


Rédaction

Rédaction

Monopole de la force, monopole de l'abus ? Le cas troublant de la police des mineurs
Photo by Geoffrey Moffett / Unsplash

Monopole de la force, monopole de l'abus ? Le cas troublant de la police des mineurs

Un ancien chef de la brigade des mineurs de Rouen, âgé de 51 ans, a été mis en examen pour agressions sexuelles sur deux adolescentes et détention d'images pédopornographiques. Incarcéré à Évreux, il reconnaît partiellement les faits. Ce scandale révèle l'infiltration des réseaux pédophiles au cœur des institutions censées protéger les vulnérables. Dans un communiqué du parquet d'Évreux daté du 15 décembre, les détails glaçants d'une affaire impliquant un policier de haut rang émergent. Ce majo


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany