Grande-Bretagne : Suite à la levée des restrictions sanitaires, l’immunité collective atteinte mais certains experts sceptiques

Grande-Bretagne : Suite à la levée des restrictions sanitaires, l’immunité collective atteinte mais certains experts sceptiques


Partager cet article

L’annonce de Neil Ferguson, épidémiologiste du Scientific Advisory Group for Emergencies (SAGE, ou conseil scientifique consultatif en cas d’urgence sur l'immunité collective au sein de la société britannique a fait naître une polémique au sein des scientifiques et des experts du domaine. Selon l’OMS, « On désigne par immunité collective la protection indirecte contre une maladie infectieuse qui s’obtient lorsqu’une population est immunisée soit par la vaccination soit par une infection antérieure ». Il semblerait que la Grande-Bretagne ait atteint ce stade mais l'information est difficilement audible pour tous ceux qui vivent de la culture de la peur.

Faut-il laisser le virus se propager librement?

Le premier ministre Boris  Johnson a levé toutes les restrictions liées au Covid-19 en Angleterre le 19 juillet2021, quatre mois après, l’Angleterre enregistre aujourd’hui une moyenne de plus de 40 000 nouveaux cas quotidiens.

À cela s’ajoute un millier de décès hebdomadaire, situation qui met en alerte une poignée de scientifiques, mais qui semble pourtant raviver l’espoir d’autres experts du domaine. En effet, selon Neil Ferguson, éminent conseiller scientifique du gouvernement, d’habitude connu pour ses déclarations alarmistes, le pays est « presque au niveau de l’immunité collective ».

Il s’agit donc actuellement du deuxième pays après la Suède qui considère la circulation du virus comme étant acceptable. A vrai dire, c’est le discours qu’avait tenu initialement Borid Johnson, au printemps 2020, avant d’être mis en minorité par son cabinet.

Pour justifier sa prise de position, Neil Ferguson ne manque pas de préciser: « Il se peut que nous assistions à quelques semaines de croissance lente, mais nous avons en quelque sorte atteint l’immunité collective ».

Certains experts œuvrant dans le domaine de la santé publique demeurent perplexes face à la théorie avancée par Ferguson.

Les avis des experts divergent

Selon Tim Spector, professeur d’épidémiologie génétique au King’s College de Londres, qui a dirigé l’étude Zoe Covid, qui suit de près les symptômes du Covid-19, « à ce jour, nous ne comprenons pas vraiment le Covid et ses nombreux nouveaux variants ». Les projections précédentes sur l’immunité de groupe se sont révélées fausses, a déclaré le professeur Spector, et les hypothèses sur les conditions préalables à cette immunité sont constamment révisées.

En 2020, les scientifiques ont déclaré qu’un pays pouvait atteindre l’immunité collective si environ 60 % de sa population était immunisée. Plus récemment, les scientifiques ont révisé cette estimation à 85 %, voire plus – et certains affirment qu’aux États-Unis, du moins, cet objectif pourrait ne jamais être atteint.

De son côté, le Pr Neil Ferguson du Scientific Advisory Group for Emergencies, répond qu’il faut être réaliste: les taux d’immunité élevés de la Grande-Bretagne signifient qu’il n’est pas nécessaire d’imposer de nouvelles restrictions pour le moment,
même si le nombre de cas augmente quelque peu.

Les contradicteurs de Ferguson répondent  plusieurs autres facteurs sont écartés de l’équation, à l’exemple de la baisse d’efficacité des vaccins ou encore de l’apparition de nouveux variants.

L’affirmation d’une immunité collective est ainsi vue comme « audacieuse » selon Devi Sridhar, responsable du programme de santé publique mondiale au sein de l’Université d’Édimbourg. Il déclare « Je ne pense pas que les modélisateurs disposent de suffisamment de données pour évaluer si nous avons atteint le stade mythique de l’immunité collective. Avec le Covid, ce sera soit lorsque tout le monde aura eu le Covid et aura survécu, soit en sera mort, soit aura été vacciné contre ce virus. »

La circulation du virus renforce l’immunité collective

Certains soupçonnent le gouvernement de revenir à la stratégie originelle de Monsieur Johnson: laisser circuler le virus pour atteindre l’immunité collective. Les soupçons se sont d’autant plus renforcés depuis que les restrictions ont été levées à partir du 19 juillet.

Et pourtant, le gouvernement continue à démentir. D’après Ferguson, cette décision a été alimentée par le désir de retrouver une vie normale et ne traduit aucunement le souhait de propager le virus à grande échelle. Cependant, ajoute-t-il, cette circulation rapide de Covid a renforcé l’immunité des jeunes et des adolescents non vaccinés, mais aussi des personnes vaccinées.

Les modèles épidémiologiques ne tiennent pas non plus compte de la baisse de l’immunité. « Les vaccins fonctionnent en partie », a déclaré le professeur Spector. « Mais ils s’épuisent aussi à des degrés différents selon les personnes. Avec la baisse de l’immunité, c’est une bataille qui ne sera probablement jamais entièrement gagnée. »

Pour rappel, en mars 2020, déjà Neil Ferguson et son équipe de modélisation ont averti qu’une propagation incontrôlée de la maladie pourrait provoquer jusqu’à 510 000 décès en Grande-Bretagne et jusqu’à 2,2 millions aux États-Unis des projections alarmantes qui ont conduit les deux pays à accélérer leur mouvement de restrictions. En fait, on en est très loin, puisque la Grande-Bretagne recense, selon la base de l’Université Johns Hopkins, 144 000 décès et les USA 770 000 – sans que l’on puisse prouver, pour autant, l’efficacité des mesures de confinement.

Aujourd’hui, environ 80 % de la population ont reçu au moins deux doses de vaccins, depuis le mois de juillet (fin des restrictions), on répertorie cinq millions de contaminations (7,5 % de la population).

Dans tous les cas, face à la hausse des contaminations actuelles dans les pays appliquant le « tout vaccinal », la vaccination n’est pas la panacée. L ’immunité vaccinale est moins forte que l’immunité naturelle. Et il semble bien que Neil Ferguson ait des arguments pour défendre l’impact positif de la levée des restrictions depuis juillet.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
L’atlantiste Merz tend la main à Erdogan : vers une Union européenne made in OTAN

L’atlantiste Merz tend la main à Erdogan : vers une Union européenne made in OTAN

Le chancelier allemand Friedrich Merz reste le plus important allié des États-Unis en Europe et il le prouve. En soutenant l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, Friedrich Merz dévoile la continuité de la ligne atlantiste allemande : placer les intérêts géostratégiques de l’OTAN au-dessus des valeurs européennes, quitte à transformer l’Europe en simple courroie de transmission de Washington. Le chancelier allemand Friedrich Merz a effectué sa première visite officielle en Turquie. Après


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Le naufrage Macron : quand les Mozart de la caste forgent une toxique bêtise collective

Le naufrage Macron : quand les Mozart de la caste forgent une toxique bêtise collective

La presse subventionnée des milliardaires nous a massivement vendu un petit Mozart soutenu par des êtres supérieurs. Ce gloubi-boulga de la caste joue à la barbichette, en prouvant qu'une somme d'intelligences individuelles peut fabriquer une immense bêtise collective. L’air de Paris, en cette fin octobre 2025, est chargé de cette électricité singulière qui précède les grands orages ou, plus prosaïquement, les chutes de régime. La politique française, cet éternel théâtre d’ombres où la post


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

L'Etat veut gaver les Français d'aides qu'ils ne demandent pas, par Veerle Daens

L'Etat veut gaver les Français d'aides qu'ils ne demandent pas, par Veerle Daens

L'État français, ce Léviathan obèse et surendetté, vient d'accoucher d'une nouvelle merveille bureaucratique : l'expérimentation « Territoires Zéro Non-Recours ». Le nom seul est un chef-d'œuvre de novlangue. Traduction : l'État, ne supportant plus l'idée que des citoyens puissent encore échapper à ses griffes bienveillantes, a décidé d'envoyer des commandos de travailleurs sociaux traquer les derniers récalcitrants. La mission? Forcer des aides sociales dans la gorge de ceux qui n'en ont pas de


CDS

CDS

Autoroutes à induction : Vinci électrifie, les Français paient la facture

Autoroutes à induction : Vinci électrifie, les Français paient la facture

Tandis que le marché électrique bute sur le coût, l'autonomie et les infrastructures, Vinci Autoroutes et Electreon déploient un tronçon d'autoroute à recharge par induction sur l'A10. Cette prouesse technologique, permettant de recharger en roulant, pourrait alléger le poids des batteries. Mais à quel prix, et pour quelle véritable libéralisation de la mobilité ? Sur l’A10, à Angervilliers, Vinci Autoroutes a inauguré un tronçon de 1,5 km où les voitures électriques peuvent se recharger par in


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany