Les géants technologiques US se positionnent en fournisseurs technologiques clefs de Tsahal, assurant les services cloud et d’IA nécessaires aux opérations militaires.Cette alliance lucrative entre la Big Tech US et l'armée israélienne pose des questions fondamentales sur la responsabilité éthique et légale de ces entreprises, désormais parties prenantes d'une guerre qui, sous couvert d'opérations ciblées, a mené à des massacres de masse, notamment d'enfants.

Un rapport de +972 Magazine lève le voile sur un acteur-clé de la stratégie israélienne à Gaza : les entreprises technologiques américaines. Palantir et Dataminr, désormais intégrées au Centre de coordination civilo-militaire (CMCC) piloté par Washington, ne se contentent pas de fournir des outils. Elles co-écrivent, avec les États, l’architecture sécuritaire de l’après-guerre. Cette fusion entre l’appareil militaro-diplomatique et l’industrie du big data pose une question libertarienne fondamentale : que devient la liberté quand la puissance publique délègue à des sociétés privées le pouvoir de surveiller, cibler et contrôler des populations entières ?

La Big Tech américaine au cœur du dispositif sécuritaire post-guerre
Selon +972 Magazine, le Centre de coordination civilo-militaire , CMCC — ouvert mi-octobre au sud des territoires occupés — accueille environ 200 militaires américains. Un représentant de Palantir, associé au programme Project Maven, y figure déjà officiellement.
Pour rappel, le CMCC a été officiellement créé pour faciliter la mise en œuvre du « plan de paix » en 20 points du président Donald Trump, dont les objectifs déclarés sont de « désarmer le Hamas », « reconstruire Gaza » .

Project Maven, plateforme d'analyse militaire par IA, fusionne images satellites, interceptions, flux en ligne et données drones pour accélérer la prise de décision, y compris les frappes létales. Palantir, qui vient d’obtenir un contrat de 10 milliards de dollars du Pentagone pour moderniser cette solution, revendique sans complexe « l’optimisation de la chaîne de destruction ». L’entreprise était déjà active au Yémen, en Irak et en Syrie, et a renforcé ses liens avec Tsahal depuis la signature d’un accord stratégique en 2024.
En renforçant son partenariat avec Tsahal et en doublant ses effectifs à Tel-Aviv, Palantir, par la voix de son PDG Alex Karp, revendique son statut d'entreprise « complètement anti-woke », valorisant l'efficacité militaire au-delà des considérations morales ou éthiques.

Dataminr : la surveillance sociale en temps réel au service militaire
Dataminr, autre pilier du complexe militaro-numérique, se retrouve également impliqué dans le CMCC. Sa technologie analyse les flux de médias sociaux pour détecter risques, événements et comportements suspects. Son partenariat avec X — hérité de l’époque pré-Musk — offre aux agences américaines un accès étendu aux données publiques de la plateforme.
À Gaza, l’objectif est clair : contribuer au modèle sécuritaire baptisé “Alternative Safe Communities”, qui propose de regrouper les civils palestiniens dans des zones clôturées, surveillées et connectées aux systèmes prédictifs des firmes américaines. L’IA identifierait les « comportements à risque » en suivant téléphones, déplacements et traces numériques.

Ce modèle de surveillance prédictive est déjà à l’œuvre : il a inspiré le système "Lavande", utilisé par Tsahal pour générer des listes de cibles incluant des policiers ou des soignants présumés affiliés au Hamas. Des méthodes qui, selon des observateurs des droits de l'homme, ont conduit à des frappes aveugles et à des massacres de civils, pire des enfants.
L’intégration profonde de Palantir et Dataminr dans la crise de Gaza dessine un modèle de guerre privatisée, dans lequel l’État délègue à des entreprises la surveillance d’une population entière. Pour la Big Tech américaine, Gaza devient un gigantesque terrain d’essai et un marché lucratif. Son rôle dans la guerre à Gaza soulève des questions sur leur responsabilité dans d’éventuelles violations du droit international.





