Gaz en Europe : les cours en hausse,  une nouvelle crise en vue

Gaz en Europe : les cours en hausse,  une nouvelle crise en vue


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Depuis plusieurs années, l’Europe fait face à une situation énergétique des plus incertaines. La guerre en Ukraine a accentué les difficultés d’approvisionnement, mais cette crise trouve aussi ses racines dans des choix politiques et économiques antérieurs. L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a alerté sur les niveaux de stockage de gaz inférieurs à la moyenne à la sortie de l’hiver, ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur les prix et la sécurité énergétique.

Gas burner on a domestic cooker or stove

Le marché du gaz en Europe est de nouveau en crise. Les niveaux de stockage sont inférieurs à la moyenne après un hiver plus froid. Une forte hausse de prix est donc à craindre selon la mise en garde de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Un hiver plus rude et des stocks de gaz en baisse

Au 16 mars 2025, les stocks de gaz européens n’étaient remplis qu’à 34%, contre 60% à la même période en 2024. La France, en particulier, affichait un taux de seulement 21%. Plusieurs facteurs expliquent cette situation :

  • Un hiver plus froid que les années précédentes, augmentant la consommation de gaz.
  • L’arrêt du transit de gaz russe via l’Ukraine fin 2024, qui, bien que ne représentant que 5% du volume européen, a pesé sur les marchés.
  • Une production insuffisante d’énergies renouvelables, notamment éolienne et solaire, au début de l’hiver, contraignant à une hausse de la consommation de gaz.

Hausse des prix et des tensions sur l’industrie

Les conséquences de cette baisse des stocks sont multiples. Les prix du gaz ont augmenté fin 2024 et début 2025, ce qui pèse sur la compétitivité de l’industrie européenne. Depuis 2022, les industriels européens paient leur gaz en moyenne 30% plus cher qu’en Chine et cinq fois plus qu’aux États-Unis.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) alerte sur une volatilité accrue en 2025, avec des prix attendus autour de 45 €/MWh, contre 34 €/MWh en 2024. La concurrence avec l’Asie pour les cargaisons de GNL et l’obligation de remplir les stocks à 90 % d’ici novembre risquent d’accentuer les tensions.

Mais la Commission européenne a promis une certaine souplesse. Elle a assuré que les stocks de gaz en Europe peuvent encore couvrir jusqu’à 30% de la consommation gazière pour le prochain hiver.

La crise actuelle interroge la notion même de « rareté ». Comme le rappelle l’exemple du charbon dans le nord de la France – abandonné non par épuisement des gisements, mais par manque de rentabilité –, les réserves énergétiques sont avant tout un concept économique. Les énergies fossiles (85 % de la consommation mondiale) dominent encore parce qu’elles correspondent à des modèles industriels hérités. Leur déclin ne surviendra que lorsque les alternatives (renouvelables, hydrogène) deviendront plus compétitives.


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