Financement de l’armement par l’épargne : les mesures proposées par Eric Lombard, par Arthur Cyclops

Financement de l’armement par l’épargne : les mesures proposées par Eric Lombard, par Arthur Cyclops


Partager cet article

Une intense guerre informationnelle a lieu dans le débat public français pour nous convaincre que le réarmement de la France serait une hérésie, qui donnera prétexte à une confiscation de l’épargne. Nous reviendrons plus tard sur l’étrange alignement de cette campagne avec les intérêts américains. En attendant, voici une présentation factuelle des mesures annoncées hier par Eric Lombard pour financer l’industrie française de l’armement. Une décision que beaucoup de souverainistes devraient saluer, puisqu’elle répond à leurs attentes…

Le 20 mars 2025, le ministre français de l’Économie, Éric Lombard, a annoncé plusieurs mesures lors d’une réunion à Bercy avec des investisseurs privés et des entreprises du secteur de la défense, en présence du ministre des Armées Sébastien Lecornu, pour orienter l’épargne vers le financement de l’armement. Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de réarmement accru face aux tensions géopolitiques, notamment la menace russe et le désengagement partiel des États-Unis. Voici les principales annonces :

  1. Lancement d’un fonds d’investissement par Bpifrance
    • Éric Lombard a dévoilé la création d’un nouveau fonds de 450 millions d’euros géré par la banque publique d’investissement Bpifrance. Ce fonds permettra aux particuliers de participer au financement de l’industrie de la défense en devenant indirectement actionnaires des entreprises du secteur.
    • Le placement est accessible à partir d’un ticket minimum de 500 euros, avec un capital bloqué pour une durée d’au moins cinq ans. Ce fonds vise à mobiliser l’épargne des Français sur le long terme, avec une rémunération variable (non garantie comme pour le livret A).
  2. Mobilisation de l’épargne privée sur une base volontaire
    • L’initiative repose sur le volontariat, le ministre ayant insisté sur le fait que les Français « feront ce qu’ils voudront de leur épargne ». Cette mesure cherche à associer les citoyens à l’effort de défense nationale, tout en évitant toute perception de confiscation ou d’obligation.
    • Outre le fonds Bpifrance, des fonds privés supplémentaires seront proposés par les grands réseaux bancaires et d’assurances, permettant aux épargnants d’investir via des contrats d’assurance-vie ou d’autres véhicules d’investissement.
  3. Engagement des investisseurs publics
    • Les investisseurs publics, notamment la Caisse des dépôts et Bpifrance, s’engageront à hauteur de 1,7 milliard d’euros en fonds propres pour soutenir les entreprises de défense. Grâce à des co-investissements avec des acteurs privés, cet apport devrait lever jusqu’à 5 milliards d’euros au total pour renforcer les capacités de production et d’innovation du secteur.
  4. Promotion de l’investissement responsable dans la défense
    • Éric Lombard a défendu l’idée que l’investissement dans la défense est « responsable », en lien avec la souveraineté nationale, la démocratie et la liberté. Il a appelé les investisseurs privés à surmonter leur « frilosité » et a rappelé que les investissements respectent les normes internationales, excluant les armements proscrits par les traités.

Ces mesures visent à répondre à un besoin estimé de 5 milliards d’euros pour les entreprises de la base industrielle et technologique de défense (BITD), afin d’accélérer la production et de soutenir la montée en puissance des capacités militaires françaises. Cependant, l’efficacité de cette mobilisation dépendra de l’adhésion des épargnants et de la capacité à concilier cet effort avec les autres priorités budgétaires, comme la transition écologique, sans augmenter la dette publique.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

L'adoption, samedi 8 novembre 2025, de la première partie du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 n'aura trompé personne au sein de l'Hémicycle. Le score étriqué de 176 voix pour contre 161 ne signe en rien une adhésion au projet du gouvernement, ni même une improbable lune de miel sur l'autel des finances sociales. Ce vote, fruit d'un calcul politique aussi cynique que nécessaire, est avant tout une manœuvre. Une partie de l'opposition, notamment le Parti


Rédaction

Rédaction

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

L’année 2026 semble promise, comme les précédentes, à une volatilité extrême et à des chocs imprévisibles. Les modèles d'investissement classiques, qui misent sur la « diversification moyenne » et l’optimisation du risque au milieu du spectre, sont non seulement fragiles, mais destinés à être pulvérisés à l’occasion du prochain « cygne noir » que l'Histoire ne manquera pas de nous servir. Face à ce chaos qui se déploie sous nos yeux, nous vous avons présenté dimanche 2 novembre la seule philoso


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

Elise Rochefort a évoqué pour nous les controverses officielles sur l'emploi du temps de Dick Cheney le 11 septembre 2001. Peter Dale Scott, diplomate canadien devenu professeur à l'Université Berkeley, en Californie, a prétendu documenter le contexte de cette affaire explosive. Et voici les thèses qu'il a défendues, accompagnées de leurs critiques, bien entendu... Peter Dale Scott (né en 1929) représente une figure intellectuelle singulière et complexe dans le paysage académique nord-améri


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Que faisait feu Dick Cheney le 11 septembre 2001 ? par Elise Rochefort

Que faisait feu Dick Cheney le 11 septembre 2001 ? par Elise Rochefort

Le 11 septembre 2001, le vice-Président de George W. Bush, Dick Cheney, décédé cette semaine, fait face seul ou presque au traumatisme du polyterrorisme qui frappe les USA. Mais qu'a-t-il fait au juste ? Près de vingt-cinq plus tard, voici le point des zones d'ombre et de controverse. L'analyse du rôle joué par le vice-président Richard "Dick" Cheney le 11 septembre 2001 est essentielle pour comprendre la réponse du gouvernement américain à la crise et l'évolution ultérieure de l'autorité e


Rédaction

Rédaction