Emmanuel Macron pourra-t-il se présenter pour effectuer un second mandat ? Ou bien est-il guetté par la "hollandisation"? Les sondages se suivent et se ressemblent, qui montrent que le premier adversaire du président sortant sera l'abstention. C'est elle qui pourrait faire gagner Marine Le Pen. La plausibilité d'un tel scénario est cependant réduite. D'abord parce que la présidente du Rassemblement National reste très isolée. Ensuite parce que pourrait se déclencher un processus de mise à l'écart du président au profit d'un candidat sûr de battre Marine Le Pen.

Emmanuel Macron pourrait-il être amené à ne pas se représenter ? Est-il menacé par une « hollandisation »? Comme son prédécesseur, la perspective d’une réélection lui apparaîtrait trop incertaine et il préfèrerait ne pas connaître le sort d’un Valéry Giscard d’Estaing ou d’un Nicolas Sarkozy candidats malheureux à leur propre succession ! De fait, les sondages se suivent et se ressemblent, qui montrent, comme nous l’indiquions ici le 16 mars dernier, que le premier adversaire d’Emmanuel Macron est l’abstention. C’est elle qui met Marine Le Pen au-dessus de 45% au second tour, dans les actuelles projections.
Le scénario peu probable: une victoire de Marine Le Pen
Le système politico-médiatique joue à se faire peur. Le scénario d’une victoire de Marine Le Pen est peu probable. La présidente du Rassemblement National a encore moins de réserves de voix qu’Emmanuel Macron au second tour. L’alliance qu’elle avait passé, à la veille du second tour de 2017, avec Nicolas Dupont-Aignan, n’a pas eu de suite et Madame Le Pen en est réduite à mettre en scène comme massifs des ralliements individuels. C’est l’électorat LR qui a la clé de l’élection présidentielle. C’est grâce aux reports de voix de cet électorat en sa faveur qu’Emmanuel Macron garde 6 à 8 points d’avance au second tour dans les enquêtes d’opinion. Et la présidente du Rassemblement National a refusé avec obstination depuis 2012 quelque stratégie de rassemblement à droite que ce soit.
Imaginons pourtant, le scénario du pire pour le président de la République. La désaffection à gauche se confirme; et il se produit une baisse du soutien au centre-droit. Que se passerait-il dans ce cas? Un autre scénario semble se profiler.
Le scénario vraisemblable d'un remplacement d'Emmanuel Macron par l'establishment
En fait, le plus gros obstacle pour Marine Le Pen est moins politique que structurel. A treize mois du premier tour de l’élection présidentielle, la présidente du Rassemblement National ne dispose pas des réseaux qui lui permettraient de gouverner: depuis la campagne de 2017, le réseaux des Horaces, regroupant hauts fonctionnaires et industriels qui soutenaient la candidate, s’est clairsemé; et son animateur, Jean Messiha, a quitté le RN. Sur le plan économique, Marine Le Pen a beau s’être ralliée à l’euro et au principe du remboursement de la dette, elle ne dispose pas d’un programme économique crédible.
C’est pourquoi un autre scénario se dessine, encouragé par le sondage qui donne Xavier Bertrand largement vainqueur contre Marine Le Pen au second tour. Là où Emmanuel Macron ferait 53%, il en ferait 57 ! De quoi rassurer un establishment face à la faiblesse du candidat Macron. C’est là que commence à s’esquisser un scénario vraisemblable. Xavier Bertrand est pour l’instant à 14-16% d’intentions de voix au premier tour. Il ne pourra parvenir au second tour que si Emmanuel Macron se retire. L’establishment, qui a fait Emmanuel Macron en 2016-2017 et qui l’a forcé, en décembre 2018, à lâcher du lest face aux Gilets Jaunes, est-il capable d’imposer ce retrait au président? Emmanuel Macron n’est pas François Hollande. Il est probable qu’il se débatte plus que l’ancien président et tente de refuser le sort qu’on voudrait lui imposer. Mais que pèse la volonté d’un homme, aussi forte soit-elle, face à l’instinct de survie d’un système économico-politique qui ne voudra pas prendre le risque du chaos, début mai 2022?
 
       
    
     
   
       
         
       
       
      