La tension entre les États-Unis et la Russie a atteint un nouveau pic spectaculaire en octobre 2025, culminant avec une série d'actions et de déclarations qui ont mis fin à des mois de diplomatie précaire. Le 22 octobre, l'administration Trump a annoncé de nouvelles sanctions « formidables » contre les deux plus grandes compagnies pétrolières russes, Rosneft et Lukoil, dans le but d'asphyxier le financement de la « machine de guerre du Kremlin ». Cette décision a été suivie de l'annulation abrupte d'un sommet prévu à Budapest entre les présidents Trump et Poutine.

La réaction de Moscou a été immédiate et virulente. L'ancien président Dmitri Medvedev, aujourd'hui vice-président du Conseil de sécurité russe, a qualifié ces mesures d'« acte de guerre », accusant Washington d'abandonner la diplomatie pour s'engager pleinement sur « la voie de la guerre contre la Russie ». Dans une escalade rhétorique, Medvedev a ravivé les références au système nucléaire de l'ère de la Guerre froide, la « Main Morte », un rappel à peine voilé des capacités atomiques de Moscou, ce qui a poussé le président Trump à ordonner le déploiement de deux sous-marins nucléaires américains dans des « régions appropriées ».
Ce revirement brutal s'explique par l'échec de la stratégie diplomatique personnelle du président Trump, qui s'est heurtée à l'intransigeance de la Russie sur ses objectifs en Ukraine. Voici les facteurs clés de cette escalade.
Échec de la diplomatie personnelle de Donald Trump
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025 avait initialement fait naître l'espoir au Kremlin d'un règlement rapide du conflit en sa faveur, espérant une rupture des relations transatlantiques. Fidèle à sa promesse de campagne de mettre fin à la guerre, le président américain a engagé plusieurs initiatives diplomatiques, dont un sommet en Alaska en août 2025.
Cependant, cette période a été marquée par une politique américaine oscillante. L'approche de l'administration Trump a alterné entre des menaces de sanctions ou de livraisons d'armes plus puissantes à l'Ukraine, et des reculs après des entretiens directs avec Vladimir Poutine. Le président russe a su utiliser la perspective d'un accord de paix pour dissuader Washington de prendre des mesures plus fermes, ce qui a engendré une frustration croissante au sein de l'administration américaine, résumée par le président Trump lui-même : « Chaque fois que je parle avec Vladimir, j'ai de bonnes conversations, et puis elles ne mènent nulle part ».

Le point de rupture a été l'annulation du sommet de Budapest. Le président Trump a déclaré publiquement qu'il ne voulait pas d'une « réunion inutile » après qu'il soit devenu évident que la Russie refusait de s'engager dans un cessez-le-feu immédiat, une condition alors posée par les États-Unis.
Le pivot vers une stratégie de coercition
Face à cette impasse diplomatique et à ce que le Trésor américain a qualifié de « manque d'engagement sérieux de la Russie dans un processus de paix », l'administration Trump a radicalement changé de cap.
- Sanctions économiques majeures : les sanctions du 22 octobre sont les premières de ce type prises par la seconde administration Trump et visent directement les revenus énergétiques qui financent l'effort de guerre russe. Elles incluent la menace de sanctions secondaires contre les institutions financières étrangères, notamment en Chine et en Inde, qui continueraient de commercer avec les entités russes sanctionnées.
- Action coordonnée avec l'Europe : ce durcissement américain coïncide avec une intensification de la pression de la part des alliés européens. L'Union européenne a adopté son 19e paquet de sanctions, qui comprend un embargo progressif sur le gaz naturel liquéfié (GNL) russe et des mesures contre la « flotte fantôme » de pétroliers russes. Cette action conjointe signale un réalignement de l'Occident, montrant que les espoirs de Poutine de diviser l'alliance transatlantique ont échoué.

Intransigeance des objectifs russes
Le fond du problème réside dans le fait que la Russie n'a jamais dévié de ses objectifs de guerre maximalistes, qui équivalent à une capitulation totale de l'Ukraine. Les exigences de Moscou vont bien au-delà de simples gains territoriaux et incluent :
- La reconnaissance des annexions, y compris de territoires que la Russie ne contrôle pas entièrement.
- La démilitarisation de l'Ukraine et la limitation de ses futures forces armées.
- La garantie que l'Ukraine ne rejoindra jamais l'OTAN ou toute autre alliance.
- La levée des sanctions internationales.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a justifié le refus d'un cessez-le-feu en affirmant qu'un simple arrêt des combats laisserait « une grande partie de l'Ukraine sous un régime nazi », signalant que l'objectif de changement de régime à Kiev reste une priorité pour le Kremlin.
En conclusion, le regain de tension d'octobre 2025 est la conséquence directe de la prise de conscience par l'administration Trump que sa méthode de négociation directe était inefficace face à un Kremlin déterminé à atteindre ses objectifs par la force. La frustration de voir ses ouvertures diplomatiques rester sans suite a conduit à un retour à une politique de pression économique maximale, en coordination avec des alliés européens eux-mêmes de plus en plus résolus à augmenter le coût de la guerre pour la Russie.
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