En France comme aux USA, le conservatisme vire au bigotisme politique

En France comme aux USA, le conservatisme vire au bigotisme politique

La Conférence Nationale du Conservatisme (NatCon) ou « NatCon 5 » vient de prendre fin. Le philosophe politique israélien Yoram Hazony était présent à Washington, D.C. Dans son discours, il a exprimé son désir de préserver coûte que coûte l’unité du NatCon. Pourtant, il se trouve que le conservatisme national a un problème de bigoterie et que les opinions envers le « retour de la grandeur en Amérique » MAGA sont divisées, une vérité qu’Hazony refuse d’admettre. Le débat autour du national-conservatisme est plus que jamais d’actualité, et la France n'y échappe pas: la défense de l’identité nationale vire à la bigoterie, pire au rejet de l'autre.

Yoram Hazony à la Conférence nationale sur le conservatisme en 2024. (Dominic Gwinn/-UMAPRESS/Newscom)

Le national-conservatisme se présente comme une alternative aux dérives progressistes. Il promet de protéger l’identité, la famille et les racines. Mais trop souvent, ce discours se transforme en une logique d’exclusion.

Hazony défend l’unité du NatCon et du MAGA

Yoram Hazony, un philosophe politique israélien, est l’un des principaux organisateurs des Conférences Nationales du Conservatisme (NatCon). En août, avant la cinquième édition de l’évènement qui s’est tenu du 2 au 4 septembre à Washington, DC, il a fait une apparition dans l’émission The Ezra Klein Show. Hazony a essayé par tous les moyens de défendre l’unité du MAGA et de dissocier les voix racistes et antisémites du NatCon.

« MAGA est une alliance très large. Je dirais, grosso modo, qu’il s’agit de l’alliance de différents groupes qui se sont réunis pour permettre la victoire du président Donald Trump et du vice-président J.D Vance. Mais il ne s’agit pas uniquement de conservateurs nationaux ou nationalistes »

a-t-il souligné.

« Dés le début, nous nous sommes distingués dans deux directions : les libertariens… qui étaient essentiellement à notre gauche, et les mouvements racistes et antidémocratiques qui sont à notre droite »

a déclaré Hazony pour souligner la position des natconistes.

En faisant une telle déclaration, le philosophe écarte certaines personnes comme l’influenceur négationniste de la génération Z Nick Fuentes de la conférence nationale.  Mais lors de son discours au NatCon 5, il semble avoir changé de position. En effet, il a presque ouvert la porte du mouvement aux personnes qui ont des opinions antisémistes.

« Personne n’a jamais dit que pour être un bon natconiste, il fallait aimer les Juifs »,

a déclaré Hazony, alors que lui-même est un juif. Cette phrase, censée banaliser les fractures, illustre au contraire la complaisance vis-à-vis de bigoteries bien réelles dans une partie de la droite.

Un conservatisme qui flirte avec l’exclusion

Dans son discours à la NatCon, Hazony a bel et bien reconnu que ces dernières années, les calomnies contre les Juifs s’intensifient.

Même s'il a reconnu que la division règne au sein du NatCon, il a tenté d’arrondir les angles afin de préserver la cohésion de la coalition. Hazony a appelé les différentes factions à s’unir comme une grande famille afin de soutenir l’administration Trump qu’il considère être la meilleure.

D’autres membres de la direction de la NatCon ont également prôné cette cohésion. La présidente de l’association qui organise les conférences, Anna Wellisz, a par exemple déclaré que durant ce forum, tout le monde peut exprimer ses idées. Elle a ajouté que la solidarité règne au sein du NatCon. 

Notons que lors de l’émission, Ezra Klein a critiqué la NatCon à maintes reprises, ce qui a provoqué le mécontentement d’Hazony. Il a par exemple déclaré que la NatCon est « très méfiante envers les immigrants et les étrangers » et qu’elle a tendance à défendre les opinions des gens comme Fuentes". Hazony a répondu que « la frontière est claire ». La NatCon n’est pas intéressée par « un nationalisme du sang ». Mais qu’il le veuille ou non, les natconistes font actuellement face à un problème de bigoterie. Certains d’entre eux ont des opinions racistes et antisémites.

Le national-conservatisme se présente comme une alternative aux dérives progressistes. Il promet de protéger l’identité, la famille et les racines. Mais trop souvent, ce discours se transforme en une logique d’exclusion.

En France, certains courants national-conservateurs laissent entendre que l’appartenance à la nation suppose un pedigree culturel ou religieux particulier. Cette obsession identitaire glisse vite vers la suspicion : qui est « vraiment » français ? qui est « digne » de défendre la patrie ?

À l’instar de la droite américaine, le conservatisme français semble faire preuve de la même complaisance. Les alliances politiques se construisent autour d’une coalition de la peur, celle de la "disparition" et du "grand remplacement".

Ce calcul politique est dangereux. Il sacrifie l'intégrité intellectuelle et morale au profit du pouvoir. Le conservatisme, en cherchant à définir qui est digne d'être français et qui ne l'est pas, s'écarte de ces principes.