Un sondage publié par Challenges le 19 mai montre une forte stabilité des rapports de force: incapacité des challengers LR à percer, solidité de Marine Le Pen et incapacité d'Emmanuel Macron à faire plus de 53% au second tour. Si l'on sort de l'instantané du sondage, cela ne présage qu'une chose: Emmanuel Macron ne sera pas réélu. Comment le groupe des décideurs français va-t-il réagir quand cette perspective va se préciser? Je vous propose un scénario et vous dévoile qui pourrait émerger de façon inattendue comme vainqueur en 2022 dans le n°5 de ma lettre confidentielle "Les Droites de Husson".

C’est un fait. Nous le constatons dans les conversations que nous avons à travers la France, nous le lisons dans les sondages: voter pour Marine Le Pen ne relève plus du tabou chez beaucoup de Français. Ce qui est intéressant dans le sondage publié par Challenges, c’est de constater que premièrement Madame Le Pen talonne Emmanuel Macron dans la partie la plus aisée de la population (26% contre 27%, respectivement); deuxièmement, qu’elle se rapproche des 30%.
Dans tous les cas, l’élection de Marine Le Pen devient possible. On se reportera sur ce ce point à l’étude détaillée du « risque Le Pen » publiée par la Fondation Jean Jaurès le 21 avril 2021. Les auteurs relèvent la réussite de la stratégie de dédiabolisation, la convergence des thèmes développés par LR et le RN et le rapprochement lent mais certain des électorats.
Emmanuel Macron: vers une défaite de plus en plus certaine

53% contre Marine Le Pen quand on a fait 66% en 2017, c’est peu. Surtout, trois points, cela relève de la marge d’erreur. Emmanuel Macron ne tire pas profit du fait qu’il a vu juste sur la possibilité du déconfinement. C’était un test car il avait, de fait, mieux senti l’opinion sur ce point que son gouvernement. Mais personne ne lui en sait gré. Que lui reste-t-il comme réserve de voix au cas où la poussée de Madame Le Pen continue?
L’analyse de la Fondation Jean Jaurès pose bien le problème: « Lorsque l’on demande à la population française ce qu’elle ressent en voyant ou en entendant Emmanuel Macron, les quatre émotions qui ressortent le plus sont toutes profondément négatives. C’est avant tout avec un sentiment de « colère » (28 %), de « désespoir » (21 %), de « dégoût » (21 %) et de « honte » (21 %) que les Français considèrent le plus Emmanuel Macron« .
Or, loin de mettre de l’eau dans son vin et d’essayer de devenir plus consensuel pour rassembler à la veille de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron est dans une espèce de fuite en avant: il décide de supprimer l’ENA alors que la haute fonction publique lui avait envoyé une fin de non-recevoir. il s’attaque au corps des préfets. Il n’entend pas vraiment la fronde des militaires ni celle des policiers. Peut-on être réélu quand on a à la fois une majorité de la société et les corps constitués contre soi?
Comment va réagir le groupe dirigeant français?
La victoire de Marine Le Pen est probable. Elle n’est pas certaine. D’autant plus que le groupe dirigeant français a pris conscience de la faiblesse structurelle d’une nouvelle candidature Macron et cherche une candidature alternative.
Visiblement, Xavier Bertrand n’arrive pas à percer, malgré sa très médiatisée déclaration de candidature voici quelques semaines. Edouard Philippe est trop mêlé à la période Macron pour que sa popularité ne s’érode pas dans les premières semaines de campagne. Alors qui pourrait émerger?
Il existe bien un scénario, consistant à jouer sur la plus grosse faille de Marine Le Pen: son incompétence sur les questions européennes. Une partie de l’électorat LR n’ira jamais vers Marine Le Pen, malgré son ralliement à l’euro. Michel Barnier est capable de rassembler l’électorat d’Emmanuel Macron et d’en conquérir un peu plus à droite. C’est pourquoi, bien qu’il soit encore très bas dans les sondages, Michel Barnier apparaît comme le candidat idéal du point de vue du groupe dirigeant. Allons-nous voir apparaître une percée de Michel Barnier à l’automne, par un mélange de ralliement de l’électorat macronien et de soutien médiatique ? Je vous en dévoile plus dans le N°5 de ma lettre « Les droites de Husson »