Dur, dur d’être un « Bébé Merkel »: le déclin non programmé d’Annalena Baerbock, la candidate verte

Dur, dur d’être un « Bébé Merkel »: le déclin non programmé d’Annalena Baerbock, la candidate verte


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Annalena Baerbock était déjà vue par les médias et une partie de l'establishment européen comme le successeur naturel d'Angela Merkel. Mais en quelques semaines la candidate qui était au coude à coude avec le candidat chrétien-démocrate Armin Laschet n'en finit pas d'enchaîner les mauvaises nouvelles. Et la voici dix points derrière le président de la CDU, alors que la campagne n'a pas encore vraiment commencé

La photo ci-dessus remonte au mois de janvier 2020. Elle révèle une réelle complicité entre la Chancelière Merkel et la co-présidente du parti Vert allemand, devenu entretemps la tête de liste de son parti pour les élections au Bundestag du 26 septembre 2021. C’est une photo prise avant le COVID 19, sans distanciation physique. La Chancelière, souvent distante, entend marquer la proximité avec Annalena Baerbock et elle regarde d’un air protecteur et confiant celle dont elle pensait peut-être dès cette époque faire sa véritable héritière politique. Car, au fond, la Chancelière qui a décidé sur un coup de tête en 2011 la fin de l’industrie nucléaire allemande et en 2015, durant quatre mois, l’ouverture totale des frontières à l’immigration n’a jamais vu la démocratie chrétienne que comme un instrument pour exercer le pouvoir. Tous ses biographes, s’appuyant sur les témoignages des amis de jeunesse d’Angela Merkel, savent qu’elle est verte et progressiste de cœur.

Les malheurs d'Annalena

Malheureusement pour elle, notre » bébé Merkel » enchaîne les mauvaises nouvelles et les critiques adressées par les médias. Alors que le congrès du parti vert à la mi-juin aurait dû être l’occasion d’une consécration, la candidate a dû se justifier de nombreuses inexactitudes de détail sur ses curricula vitae publics. Oh, rien de très grave: des inexactitudes de dates, quelques exagérations dans l’ampleur de fonctions occupées; mais cela a été assez pour faire douter les Allemands de la fiabilité de celle qu’on leur présentait déjà comme entrant naturellement à la Chancellerie à l’automne. Et puis, hier 29 juin, les médias remettent le couvert. Selon l’un des passe-temps favoris des démolisseurs de réputation en Allemagne, des esprits mal tournés ont trouvé du plagiat dans un livre de la candidate. La classe politique a déclaré, majoritairement, qu’il y avait des sujets de polémique plus importants mais le mal est fait, un peu plus, à la réputation de la candidate verte qui n’en finit pas de devoir se blanchir, selon une mauvaise plaisanterie qui circule sur les réseaux sociaux.

Des tendances plus profondes

En réalité, dans les sondages publiés avec une fréquence hebdomadaire en Allemagne, les chrétiens-démocrates et leurs alliés chrétiens-sociaux bavarois se rapprochent à nouveau de la barre des 30% et les Verts sont, selon les instituts, entre 6 et 10 points derrière eux. Il y a fort à parier qu’il y aura au moins cinq points d’écart entre les deux partis le 26 septembre prochain, pour trois raisons fondamentales:

  • le monde économique allemand, beaucoup plus organisé et capable d’exprimer son opinion qu’en France, veut bien d d’une participation des Verts au gouvernement mais n’aimerait pas voir arriver dans le siège d’Angela Merkel une femme inexpérimentée, incapable de lire ses discours sans buter sur des mots de plus de trois syllabes (ils sont nombreux en allemand)
  • quand il se confirmera dans les sondages que le prochain gouvernement allemand pourrait être une coalition à trois partis, on cherchera un chef d’équipe expérimenté. Et de ce point de vue la bienveillance rusée du Rhénan Armin Laschet fera pencher la balance: c’est une véritable prouesse de recoller les pots cassés d’un parti brisé par l’arbitraire merkelien et, pour l’instant, le Ministre-Président de Rhénanie du Nord-Westphalie y réussit plutôt bien.
  • Enfin, si Analena Baerbock fait la course en tête chez les moins de trente ans, Armin Laschet creuse l’avance dans l’électorat âgé, celui qui vote le plus.

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