Démantèlement de l’USAID : vers une crise humanitaire mondiale ?

«J’ai passé le week-end à faire passer l’USAID dans la déchiqueteuse», s’est vanté Elon Musk sur X. Cette annonce faite le 3 février 2025 par Elon Musk, désormais en charge de l’efficacité gouvernementale au sein de l’administration Trump, s’inscrit dans une volonté de réorganisation drastique des priorités extérieures des États-Unis. En sabrant les financements de l’USAID, la méthode Musk menace des programmes vitaux, risquant une escalade aux conséquences planétaires. Elon Musk, désormais acteur clé de l’administration Trump, justifie cette décision par la nécessité de réduire les dépenses inefficaces et de rediriger les fonds vers des projets nationaux plus stratégiques. Cependant, les organisations internationales et les ONG alertent sur les conséquences désastreuses que cela pourrait avoir, non seulement pour les pays bénéficiaires, mais aussi pour l’influence géopolitique des États-Unis.

Dès son arrivée au pouvoir, Donald Trump a ordonné une suspension de trois mois de presque toute l’aide étrangère fournie par l’USAID afin de procéder à une révision complète. Dimanche, le président des États-Unis a affirmé que l’agence était «dirigée par une bande de fous extrémistes». Sans attendre, des dizaines de cadres supérieurs de l’agence ont été placés en congé administratif la semaine dernière. Lundi, les employés ont été informés qu’ils ne devaient pas se rendre dans les bureaux de l’USAID, et le site web de l’agence a été désactivé. Cette mise à l’arrêt de l’organisation, qui représentait environ 42 % de l’effort humanitaire mondial en 2024 selon les Nations Unies, compromet de nombreux programmes d’aide internationale.
USAID démantelée : l’urgence humanitaire ignorée
L’Agence américaine pour le développement international (USAID), dotée de 72 milliards de dollars, est paralysée par des coupes budgétaires radicales. Sous prétexte d’austérité, Musk et Trump ont exclu 1 000 employés des systèmes logiciels de l’agence, perturbant l’acheminement de l’aide alimentaire, médicale et logistique. Le Famine Early Warning Systems Network (FEWS NET), outil clé pour anticiper les famines, est déjà hors service.
Les conséquences sont immédiates : 20 millions de personnes dépendant des médicaments contre le VIH (via des partenaires comme Beatriz Grinsztejn) voient leurs approvisionnements suspendus. Des zones en guerre, comme l’est de l’Ukraine (16 milliards d’aide en 2023) ou la Somalie, sont abandonnées à leur sort. « C’est la personne la plus riche du monde qui spolie les plus pauvres », dénonce un responsable anonyme de l’USAID sur Politico.
Musk reproduit sa stratégie de Twitter : démantèlement rapide, pression sur les employés restants, priorité au profit. Seulement, l’USAID n’est pas une start-up. Son effondrement signifierait des morts massives. Le Département d’État, dirigé par Marco Rubio, a officialisé sa prise de contrôle, accélérant la transition d’une « pause » temporaire vers une liquidation permanente.
Austérité extrême et prise de contrôle
« C’est une question de vie ou de mort »
insiste Beatriz Grinsztejn, présidente de l’International AIDS Society. Les ONG redoutent un effet domino : sans dépistage du VIH, sans surveillance des famines, sans aide aux zones de conflit, les crises sanitaires et migratoires exploseront. L’administration Trump-Musk transforme une agence humanitaire en instrument géopolitique, priorisant des intérêts stratégiques (comme l’aide militaire à Israël) au détriment des urgences vitales.
L’Afrique est l’une des régions qui dépend le plus des programmes de l’Usaid. Cette agence, avec ses financements et initiatives, a contribué à atténuer les crises humanitaires tout en soutenant des projets à long terme dans des domaines cruciaux comme la santé, la sécurité alimentaire, l’énergie et l’éducation. La suppression de l’Usaid pourrait avoir des conséquences profondes
La fermeture de l’Usaid serait un précédent historique. Elle soulève des questions cruciales : quelles entités prendront le relais pour combler le vide laissé par l’agence ? Les partenaires africains, déjà confrontés à des crises multiples, pourront-ils maintenir les avancées réalisées sans ce soutien ? Et surtout, quelle sera la place des États-Unis dans un monde où d’autres puissances, comme la Chine, renforcent leur influence via des programmes d’aide et d’investissement ?
Le syndicat des diplomates américains, l’American Foreign Service Association, a informé ses membres de son opposition à cette décision, précisant qu’il préparait une action en justice pour l’annuler ou y mettre un terme.
Les législateurs démocrates et d’autres acteurs politiques soulignent également que l’USAID est établie par la loi en tant qu’agence indépendante, et sa fermeture ne peut être envisagée sans l’accord préalable du Congrès.
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