Croissance française: l’euro m’a tuer


Partager cet article

L’euro a tué la croissance française selon un institut économique allemand. Cette évidence, longtemps proscrite en France sous peine de bannissement par les élites, devient peu à peu un fait scientifique incontesté. Sauf en France.

Le think tank allemand CEP (Centre pour la Politique Européenne) a produit une étude économétrique heureusement résumée dans le tableau ci-dessus, mais consultable sur Internet. Elle a la bonne idée de mesurer la perte sèche, en croissance cumulée, ou le gain sec, des économies européennes depuis la mise en place de l’euro. Comme on le voit facilement sur ce tableau, un puissant transfert de richesses s’est mis en place, avec l’euro fort, drainant notamment plus de 3.600 milliards € français et 4.300 milliards € italiens, vers le nord de l’Europe, en particulier vers l’Allemagne et les Pays-Bas.

Pourquoi l’euro a tué la croissance française

Les raisons de cette perte colossale de croissance en France sont connues depuis le départ. L’obsession allemande (qui a guidé le mandat de la BCE de lutte contre l’inflation) de maintenir un euro fort a favorisé les pays à forte compétitivité hors prix, et pénalisé les pays de dévaluation courante.

Pour faire simple, il est plus facile de vendre aux États-Unis une Audi à 30.000 € qu’une Clio à 20.000 €. Si l’euro s’apprécie, l’espérance de vendre la Clio a 21.000 €, du fait des taux de change, est à peu près nul. La vente est sensible au prix. En revanche, l’Audi continuera à se vendre à 32.000 €. Elle est compétitive hors prix.

Les pays sans compétitivité hors prix ont régulièrement besoin de dévaluer leur monnaie pour baisser le prix de vente de leurs produits à l’étranger. Lorsque la France avait indexé les salaires, elle recourait souvent à cette méthode pour concilier hausse des salaires nationaux et baisse des prix de vente.

La mise en place d’une monnaie unique a rendu impossible la dévaluation. Les pays qui n’ont pas pratiqué de réforme systémique pour baisser leurs coûts de production (en l’espèce des baisses de cotisations sociales) ont donc laissé leur chemise dans cette opération.

On notera que ce phénomène, connu depuis les années 60 sous l’appellation de « zone monétaire optimale », n’est pas une surprise. Simplement, les élites françaises ont largement pratiqué le bannissement à l’encontre de tous ceux qui expliquent depuis plusieurs années que l’absence de vraie réforme n’était pas compatible avec notre maintien dans la zone euro…. sauf à voir la croissance s’évanouir.

D’ailleurs, l’étude du CEP n’a reçu aucun écho dans l’élite…


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

Ce 16 décembre 2025 restera sans doute gravé dans les annales de l'histoire européenne non pas comme le jour où l'Union a sauvé l'Ukraine, mais comme le moment précis où elle a décidé de sacrifier ce qui lui restait de principes fondateurs — la liberté d'expression, la sécurité juridique, et la souveraineté nationale — sur l'autel d'une guerre qu'elle ne peut plus gagner, mais qu'elle s'interdit de perdre. La machine bruxelloise, cette formidable créatrice de normes devenue une machine à broyer


Rédaction

Rédaction

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Le Premier Ministre belge, Bart de Wever, a déclaré lors d'une conférence universitaire, que non seulement la Russie ne perdrait pas la guerre, mais qu'il n'était pas souhaitable qu'elle la perde. Une vraie provocation vis-à-vis de l'OTAN. Sarcasme. Réalité. Et pas un seul kopeck de subvention. Ah, Bruxelles! Ses gaufres, son Manneken Pis, et ses bureaucrates non élus qui jouent au Monopoly avec votre compte en banque. C'est la saison des fêtes, et comme cadeau, la Commission Européenne a déci


CDS

CDS

En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

Ce 16 décembre 2025, alors que le Sénat vient de rendre sa copie budgétaire, une vérité crue émerge du brouillard législatif : le gouvernement va devoir extorquer 9 milliards d'euros supplémentaires aux contribuables français (vous !) avant la Saint-Sylvestre. Pourquoi? Comment? Voici l'autopsie d'un mensonge d'État et d'une faillite annoncée. Tout commence, comme souvent, par une soumission. Vous vous demandiez si l'engagement d'un déficit à 5 % pour 2026 était réel? Il est bien pire que ce


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Pourquoi nous fonçons droit vers un contrôle des changes en 2026

Pourquoi nous fonçons droit vers un contrôle des changes en 2026

Et si, comme le dit désormais tout haut le FMI, le maillon faible du système financier était devenu… le marché des changes ? Vous savez, ce discret marché mondial où s’échangent pourtant chaque jour près de 10 000 Mds $ de devises et de produits dérivés sur devises, à l’instar du barbare swap cambiste, cet instrument qui permet notamment aux multinationales, ou aux plus petits exportateurs, de gérer le risque que la volatilité des changes fait courir à leur trésorerie placée en diverses monnaie


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT