Contrôle Linky : compteur connecté, citoyen fliqué

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Sous prétexte de traquer les fraudeurs, Enedis déploie une politique de contrôle invasive. Menaces de coupure, visites forcées et présomption de culpabilité : derrière le compteur Linky, c’est un nouvel outil de flicage des Français qui s’installe.

Le gestionnaire de réseau Enedis intensifie sa chasse aux sorcières avec des contrôles de compteurs Linky multipliés, sous peine de coupure totale d'électricité. Sous prétexte de traquer la fraude, c'est une nouvelle étape dans la surveillance généralisée des ménages français qui est franchie, bafouant la présomption d'innocence et renforçant un État intrusif.

La traque aux fraudeurs s'intensifie

Enedis a considérablement développé ses moyens pour traquer les fraudes présumées. Le nombre de contrôles a bondi, passant de 12 000 en 2024 à 30 000 en 2025.Les effectifs dédiés ont doublé, de 250 agents en 2024 à 500 en 2025.

Le directeur du programme « Pertes et fraude » d'Enedis, Bertrand Boutteau, justifie cette offensive par un préjudice de plusieurs centaines de millions d'euros pour le réseau, supporté in fine par l'ensemble des consommateurs via le Tarif d'utilisation du réseau public d'électricité (Turpe).

La méthode de détection s'appuie sur les algorithmes du compteur Linky, qui signalent des « baisses anormales de l'énergie comptabilisée »

Le message est clair : “si vous refusez, vous aurez une coupure totale d’électricité”. Une menace radicale, disproportionnée et surtout incompatible avec le principe de présomption d’innocence.

Une logique de surveillance à la chinoise

Dès son déploiement forcé, ce dispositif a été perçu comme une porte ouverte à l'intrusion dans la vie privée, le mouchard idéal pour collecter les données personnelles de consommation, révélant nos habitudes de vie, nos absences, nos usages. Enedis sait désormais quand vous consommez, quand vous dormez, quand vous êtes absent.

Cette chasse aux fraudeurs n'est que la partie émergée d'un système de surveillance bien plus large. Le compteur Linky, présenté comme un simple outil de modernisation, est l'instrument de cette surveillance généralisée.

Son déploiement s'accompagne désormais d'une obligation de fait : depuis le 1er août 2025, les foyers qui le refusent sont soumis à une surtaxe pouvant aller jusqu'à 63,72 € par an.

Le message est clair : se soustraire à la « modernité » équivaut à une amende. Cette logique est institutionnalisée par la Commission de régulation de l'énergie (CRE), qui a validé cette tarification punitive, arguant que les compteurs non communicants génèrent des surcoûts.

Malheureusement de plus en plus de Français sont accusés à tort. UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme : de simples erreurs administratives peuvent mener à des amendes, voire à la coupure d’électricité.

Parmi les cas emblématiques: Sylvain V., 64 ans, a été accusé sur la base d'une faible consommation entre 2021 et 2023. Pourtant, le logement, appartenant à sa mère décédée, était alors inhabité. Malgré un passage de technicien rassurant, Enedis lui a réclamé plus de 1 000 € de régularisation et 500 € de frais d'intervention

Le tout se déroule dans une opacité totale : les contrôleurs d’Enedis disposent de pouvoirs quasi discrétionnaires, et les recours sont longs, coûteux, et rarement favorables au consommateur.

La promesse d'un réseau « intelligent » se mue en cauchemar d'un réseau « policier », où la liberté la plus élémentaire – celle de disposer paisiblement de son domicile et de son énergie – est conditionnée à une obéissance sans faille. Le compteur Linky n'est plus seulement un objet technique ; il est le symbole de cette dérive sécuritaire et liberticide.


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