Consultations psychologiques remboursées : le coup réussi des assureurs

Consultations psychologiques remboursées : le coup réussi des assureurs


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Ainsi que nous l’expliquions hier dans nos colonnes, la fédération française de l’assurance (FFA), la fédération nationale de la mutualité française (FNMF) et le centre technique des institutions de prévoyance (CTIP) ont fait savoir au grand public qu’afin de veiller à leur bonne santé mentale – mise à l’épreuve par la crise en cours – les organismes complémentaires d’assurance maladie (OCAM) allaient prendre en charge jusqu’à quatre séances de consultations psychologiques pour leurs assurés.

assureurs

L’annonce ayant suscité de nombreuses réactions, clairement positives, dans la presse, il convient d’en conclure que les assureurs ont réussi leur opération de communication.

Une couverture nationale de l’annonce

En règle générale, les sujets liés aux complémentaires santé ne font pas souvent parler d’eux dans la presse nationale et il est encore plus rare qu’un sujet fasse l’objet d’une couverture intensive. Largement relayée par les médias nationaux, l’annonce des assureurs de leur volonté de rembourser des séances chez le psychologue fait donc figure d’exception. Une fois n’est pas coutume, les Français ont entendu parler des assureurs de complémentaire santé dans un autre contexte que celui du remboursement d’un acte médical – autrement dit : comme étant des institutions clairement distinctes de la Sécurité sociale.

Qu’il s’agisse des grandes chaînes d’information en continu, de la presse généraliste écrite – Le Parisien, Libération, Lefigaro.fr ou encore Atlantico.fr – de la presse économique – les Echos ou Capital – ou de la presse spécialisée sur la santé – TopSante – l’information du remboursement des consultations de psychologues a beaucoup fait parler d’elle. Il est vrai qu’elle tombe au bon moment, alors que l’enjeu de l’état psychique de la population commence à inquiéter jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.

Une couverture positive pour les assureurs

Les articles et commentaires de presse qui ont accompagné l’annonce de la FFSA ont avant tout donné lieu à des explications circonstanciées sur l’annonce des représentants du monde de l’assurance : à la condition que l’assuré dispose d’une ordonnance médicale, il pourra bénéficier d’un forfait de quatre consultations de psychologues – chaque séance ne devant pas être facturée plus de 60 euros. Citant plusieurs témoignages de personnes jugeant que, dans le contexte actuel, elles pourraient avoir besoin de telles consultations, Libération insiste ainsi sur la pertinence de la proposition des assureurs.

Les rares réserves formulées à l’encontre de cette proposition concernent deux domaines. D’abord, la question a pu être posée de la date d’entrée de cette mesure, ainsi que de sa potentielle reconduction ou non au-delà de cette année. Surtout, certains échos médiatiques ont été donnés à des représentants des psychologues qui regrettent la nécessité d’une ordonnance médicale pour bénéficier du dispositif. Mises à part ces deux objections, le dispositif mis en valeur par les assureurs a paru faire l’unanimité derrière lui.

Une leçon pour l’avenir

Depuis le déclenchement de la crise sanitaire de la Covid-19, les assureurs n’ont pas toujours fait parler d’eux d’une manière optimale. Aux critiques virulentes relatives à leur attitude en matière de prise en charge des pertes d’exploitation se sont ajoutés les commentaires parfois acerbes au sujet de leur manière de gérer les excédents accumulés par des régimes frais de santé peu sollicités durant l’année 2020. Alors qu’une nouvelle polémique était en train de naître au sujet des hausses de prime frais de santé opérées pour l’année 2021, les assureurs ont pris avec succès le taureau par les cornes et ont coupé l’herbe sous le pied à leurs détracteurs.

On retiendra finalement de cette séquence qu’en temps de crise, mieux vaut parfois savoir faire preuve d’une attitude généreusement offensive – comme ceci est le cas au sujet des consultations psychologiques – que d’une attitude frileuse de repli – comme ceci a pu être le cas ces derniers mois. Veillant toujours de très près aux réserves financières qui s’accumulent ici ou là, notamment chez les assureurs, l’Etat n’hésite jamais à les mobiliser si bon lui semble. L’horizon final le plus probable, pour le détenteur desdites réserves, étant leur décaissement, autant qu’il s’opère à la satisfaction des foules et moyennant une intéressante opération de communication, plutôt qu’au profit du remplissage du tonneau des Danaïdes des finances publiques et moyennant une campagne de dénigrement publique.


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