La macronie ne rate jamais une occasion de se draper dans les grands principes pour mieux les piétiner. La dernière trouvaille sortie du chapeau de la technostructure, en marge du Forum de Paris sur la Paix ce 29 octobre 2025, s'intitule pompeusement : "Déclaration de Paris sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information". Un titre qui fleure bon la démocratie, le pluralisme et la lutte contre les méchants désinformateurs.

Pourtant, quiconque connaît le principe élémentaire de la SNCF sait qu'il faut se méfier : un train peut en cacher un autre. Et derrière le TGV clinquant de "l'intégrité de l'information" se profile la locomotive rouillée d'un projet autoritaire qui n'a rien à envier aux régimes que notre Président passe son temps à dénoncer.
Le vernis de la déclaration officielle
Que nous dit ce texte signé par 29 États ? En substance, que l'information "fiable" est un "bien public commun" menacé par la désinformation et les ingérences étrangères. Pour y remédier, il faut soutenir les médias (ceux qui plaisent au pouvoir, comprenons-nous bien) et, surtout, considérer les menaces informationnelles comme un enjeu de "sécurité nationale".
Le Président Macron, dans son discours, a enfoncé le clou, dénonçant l'inefficacité de nos régulations et appelant à des mesures radicales : transparence des algorithmes, interdiction des "faux comptes" et menace de bannissement pur et simple des plateformes récalcitrantes.
Noble combat, dira le citoyen naïf. Foutaises étatiques, répond le libertarien lucide.

La Novlangue de la "fiabilité"
Le cœur du piège réside dans cette obsession pour "l'intégrité" et la "fiabilité" de l'information. Qui définit ce qui est fiable ? Le texte ne le dit pas, mais la réponse est évidente : l'État, ou les organismes supranationaux qu'il contrôle.
En élevant l'information "fiable" au rang de dogme, cette déclaration prépare la création d'un Ministère de la Vérité. L'objectif n'est pas de protéger le citoyen de la manipulation, mais de protéger le pouvoir de la critique. Toute information qui déviera du narratif officiel, toute enquête gênante pour l'Élysée, sera promptement estampillée "désinformation" ou "ingérence étrangère". C'est la légalisation de la vérité d'État.
Le glissement sécuritaire : l'information sous surveillance
Mais le point le plus toxique de ce projet est la "sécuritisation" de l'information. En déclarant que l'intégrité de l'information relève de la "sécurité nationale", Emmanuel Macron fait basculer le débat public dans le champ régalien.
C'est une technique classique des régimes autoritaires. Lorsque la parole devient une affaire de sécurité d'État, l'expression libre devient une menace pour la nation. Le dissident n'est plus un opposant politique, mais un traître ou un agent de l'étranger. Ce glissement sémantique justifie toutes les dérives : surveillance généralisée, censure préventive, et criminalisation des opinions non conformes. Sous couvert de "résilience", on organise la soumission.
L'appel à interdire les "faux comptes" n'est d'ailleurs rien d'autre que la volonté de mettre fin à l'anonymat en ligne, condition essentielle à la protection des lanceurs d'alerte et des opposants.

Le miroir russe : l'hypocrisie d'un Président autoritaire
Le plus cocasse, si la situation n'était pas si grave, est l'ironie mordante de la posture macroniste. Depuis des années, Emmanuel Macron se pose en champion de la démocratie libérale face aux "démocratures" et à l'autoritarisme de Vladimir Poutine. Il dénonce sans relâche le contrôle de l'information en Russie, la répression des voix dissidentes et la propagande d'État.
Pourtant, que propose-t-il avec cette Déclaration de Paris ? Exactement la même chose, mais enrobée dans le jargon "multilatéral" et "démocratique".
En quoi la volonté de bannir des plateformes entières parce qu'elles ne censurent pas assez vite diffère-t-elle des blocages ordonnés par le Kremlin ?
En quoi la création d'un écosystème médiatique subventionné et dépendant du pouvoir, chargé de diffuser la "bonne parole" (l'information "fiable"), diffère-t-elle du modèle des médias d'État russes ?
La réponse est simple : elle n'en diffère pas sur le fond. Emmanuel Macron combat l'autoritarisme par mimétisme. Il critique Poutine non pas parce qu'il contrôle l'information, mais parce qu'il diffuse une information qui déplaît à l'Occident. Macron veut simplement s'assurer le monopole de la propagande légitime.

Le train de la censure entre en gare
Ne nous y trompons pas. La Déclaration de Paris n'est pas un bouclier pour la démocratie, c'est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos libertés fondamentales. Le prétexte de la lutte contre la désinformation est utilisé pour installer une architecture de contrôle de la pensée.
Le train visible de la vertu démocratique cache le convoi d'une démocratie autoritaire, où l'État s'arroge le droit de définir le vrai et le faux, de surveiller qui parle, et de punir ceux qui pensent mal. C'est le triomphe de l'étatisme sur la liberté individuelle, le tout applaudi par une caste médiatique déjà largement soumise. Citoyens, le train de la censure entre en gare. Il est encore temps de tirer le signal d'alarme.
 
       
    
     
   
                   
       
       
       
      