Le directeur du FBI dissimule-t-il l'implication de Donald Trump dans l'affaire Epstein ? Beaucoup ont cette impression aux USA. Notre nouvelle chroniqueuse Elise Rochefort fait le point sur les auditions de Kash Patel au Congrès.
Les auditions de septembre 2025 devant les commissions judiciaires du Sénat et de la Chambre des représentants ont constitué bien plus qu'un simple exercice de surveillance de routine. Elles se sont transformées en un test de résistance critique pour l'indépendance du Federal Bureau of Investigation (FBI) sous la direction d'un directeur controversé, Kash Patel. L'atmosphère était électrique, marquée par des échanges musclés. Ces auditions représentaient le point culminant de tensions politiques qui couvaient depuis longtemps concernant la gestion par l'administration Trump de l'affaire Jeffrey Epstein, une gestion qui avait provoqué un « retour de bâton politique » significatif.
L'affrontement s'est déroulé sur deux jours, d'abord devant la commission sénatoriale, puis lors d'une session exténuante de cinq heures devant la commission de la Chambre.
Au cœur de ce conflit se trouvait une demande, menée par les Démocrates, pour une transparence totale sur les dossiers Epstein, face à un directeur du FBI dont la carrière a été définie par sa loyauté indéfectible envers le président Donald Trump.
Le protagoniste de ces auditions, le directeur Kash Patel, est une figure profondément clivante. Son parcours, d'ancien procureur fédéral à conseiller clé de Devin Nunes, où il fut l'auteur principal du controversé « mémo Nunes », puis à haut fonctionnaire de l'administration Trump, l'a immédiatement positionné comme un acteur partisan aux yeux de ses détracteurs. Sa confirmation au poste de directeur du FBI a été disputée, et son court mandat était déjà entaché de controverses, notamment le licenciement d'agents expérimentés et sa gestion critiquée de l'enquête sur l'assassinat de l'activiste conservateur Charlie Kirk.
Ce post soutient que les auditions étaient moins une mission d'enquête sur Jeffrey Epstein qu'une bataille par procuration sur la politisation perçue du Département de la Justice et du FBI. Les dossiers Epstein ont servi de véhicule par lequel les Démocrates ont cherché à exposer ce qu'ils alléguaient être la fonction première de Patel : protéger le président Trump et ses alliés. Les échanges n'étaient pas des efforts de bonne foi pour obtenir des informations, mais plutôt des confrontations performatives conçues pour la consommation médiatique et pour construire un dossier public contre l'opposition. Le langage utilisé était souvent incendiaire et personnel, avec des épithètes comme « troll d'internet », « honte et lâche absolu », ou « plus grande fraude », ce qui est atypique des auditions de surveillance standard.
Les Démocrates ont utilisé l'audience pour dépeindre Patel comme un agent politique corrompu, tandis que Patel et les Républicains l'ont utilisée pour présenter les Démocrates comme des obstructionnistes partisans engagés dans une « chasse aux sorcières ». L'audience est ainsi devenue un champ de bataille dans une guerre politique plus large, où les processus juridiques et de surveillance sont utilisés comme des armes.
Affaire Epstein : « Aucune information crédible »
Tout au long des deux jours d'auditions, le directeur Patel a méticuleusement construit et maintenu une ligne de défense disciplinée et inflexible concernant l'enquête Epstein. Sa stratégie reposait sur plusieurs arguments clés, répétés avec constance pour contrer les accusations de dissimulation.
Le message central
L'affirmation centrale et la plus répétée de Patel était que le FBI ne possède « aucune information crédible » indiquant que Jeffrey Epstein aurait trafiqué des filles mineures pour quiconque d'autre que lui-même.
Il l'a déclaré sans équivoque lors de son interrogatoire par le sénateur John Kennedy, affirmant : « S'il y en avait, j'aurais intenté une action hier ».
Cependant, il a pris soin d'ajouter une mise en garde juridique précise : « Je ne dis pas que d'autres n'ont pas été victimes de trafic et que d'autres n'étaient pas impliqués. Ce que je vous dis, c'est que sur la base des informations dont nous disposons... ». Cette formulation était stratégique. L'utilisation du terme « information crédible » agit comme un bouclier juridique soigneusement choisi. Il ne nie pas l'existence d'informations ou d'allégations, mais il se réserve le droit, en tant que directeur, de déterminer ce qui atteint un seuil interne et non défini de « crédibilité ». Cela lui permet de rejeter de grandes quantités de données brutes, de témoignages de victimes ou d'autres allégations comme n'étant pas suffisamment fondées pour justifier une action en justice ou une divulgation publique, le tout sans mentir techniquement. Lorsque la représentante Pramila Jayapal l'a pressé de dire s'il considérait les survivantes comme non crédibles, Patel a habilement pivoté, précisant qu'il commentait la qualité des preuves : « Madame, je commente les preuves que nous avons ».

Cette distinction est fondamentale, car elle lui permet de contrôler le récit en neutralisant les allégations tout en reconnaissant leur existence.