Deux policiers, accusés de viol sur une femme retenue au dépôt du tribunal de Bobigny, ont été mis en examen après la découverte d’une vidéo accablante. Ce scandale illustre une fois encore l’impunité d’une institution policière en roue libre, couverte par le pouvoir politique.

Les faits sont d’une gravité inouïe. Deux policiers, âgés de 35 et 23 ans, sont soupçonnés d’avoir violé une femme de 26 ans dans une geôle du tribunal de Bobigny. L’affaire aurait pu être étouffée, comme tant d’autres, sans la découverte d’une vidéo de quatre secondes retrouvée sur le téléphone de l’un des agents. Ce court extrait, confirmé par la procureure de Paris, Laure Beccuau, corrobore la version de la plaignante.
Une vidéo qui fait tomber le mur du silence
Le tribunal de Bobigny devient le théâtre d’un scandale sordide où deux policiers, accusés de viol sur une femme détenue, ont même filmé une partie des faits.
Les deux hommes ont reconnu des rapports sexuels, qu’ils affirment consentis. Mais peut-on parler de consentement lorsqu’une femme est enfermée, sous la garde d’agents investis d’un pouvoir total sur elle ? Comme le souligne la magistrate, le simple fait d’être privée de liberté place la victime dans une situation de contrainte physique et psychologique.
Chaque nouveau scandale met en lumière la même mécanique : des policiers mis en cause, une enquête de l’IGPN, des suspensions « immédiates » annoncées avec gravité par le ministre de l’Intérieur, puis le silence. Laurent Nuñez a dénoncé des « agissements graves et inacceptables », mais le discours ministériel ne masque plus la réalité : la culture d’impunité au sein de la police est structurelle.
L’IGPN, censée incarner la transparence, reste une institution de façade. Elle juge ses pairs, enquête sur ses propres membres et conclut, dans une majorité de cas, à l’absence de faute. Pendant ce temps, les scandales s’accumulent : violences physiques, abus sexuels, falsifications de procès-verbaux, morts suspectes en garde à vue.

L’impunité policière, un mal français
La police, qui détient le monopole légitime de la violence, doit être la plus exemplaire et la plus contrôlée de toutes les institutions. Quand elle s’affranchit des règles pour devenir elle-même une source d'oppression et de violence, c’est l’État de droit tout entier qui est menacé.
L'IGPN, souvent perçue comme juge et partie, suffit-elle à garantir l'objectivité ? Faut-il exiger un organe de contrôle externe et indépendant, doté de véritables pouvoirs d'enquête et de sanction, pour briser le mur du silence et de la complaisance ? Oui, absolument. Le prix de la liberté, c'est une surveillance constante de ceux qui ont le pouvoir.
De son côté, la procureure Beccuau refuse d’y voir un problème de recrutement ou de formation, invoquant des « questions humaines ». Une manière élégante d’évacuer la question institutionnelle. Pourtant, les enquêtes journalistiques s’accumulent et les faits sont là : les dérives policières se multiplient parce qu’elles ne sont jamais vraiment sanctionnées.
L’État se lie à la police dans une alliance implicite : tolérance contre loyauté. Et plus la défiance du peuple grandit, plus cette alliance se durcit.
Quand des policiers se permettent de violer une femme dans un tribunal ,symbole même de la justice, c’est l’État de droit tout entier qui vacille. Les libertariens le répètent : une police sans contrôle citoyen devient une milice d’État.
