Benjamin Netanyahu en Hongrie: une visite sous le signe de la défiance envers la CPI

Benjamin Netanyahu en Hongrie: une visite sous le signe de la défiance envers la CPI


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La Hongrie a accueilli avec les honneurs militaires le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Malgré le mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre dans la bande de Gaza, cette rencontre symbolise une défiance commune envers la justice internationale.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu effectue une visite officielle en Hongrie, marquée par des honneurs militaires et un soutien politique de Viktor Orbán. Pourtant, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt international à son encontre.  Fondée en 2002, la CPI compte 125 États membres, mais son bilan reste maigre : 34 jugements pour 69 mandats émis. Accusée d’eurocentrisme (80 % des inculpés sont africains) et d’inefficacité, elle peine à incarner une justice impartiale. Le soutien hongrois à Netanyahu renforce l’image d’une institution affaiblie par les calculs géopolitiques.

Orbán Netanyahu : une alliance contestée par l’Allemagne

Benjamin Netanyahu a été accueilli à Budapest avec les honneurs militaires, malgré le mandat d’arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) en novembre 2023. Pour rappel, la Cour pénale internationale a lancé un mandat d’arrêt international contre Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense le jeudi 21 novembre 2024. Ils ont accusé de « crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza ».

Cette visite, la première en Europe depuis octobre 2023, intervient après une invitation directe de  qui a qualifié la CPI de « biaisée » suite à l’inculpation de Vladimir Poutine en 2023. La Hongrie, membre de la CPI depuis 2001, affiche ainsi son mépris pour une institution qu’elle juge politisée.

Pour l’Allemagne, le fait que la Hongrie accepte de recevoir Benjamin Netanyahu sans procéder à son arrestation est inacceptable.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a condamné la non-arrestation de Netanyahu, soulignant que « personne en Europe n’est au-dessus des lois ».

Hongrie-Israël : un retrait de la CPI en marche

L’invitation de Viktor Orban a été lancée en novembre 2024, après l’annonce du mandat d’arrêt. La Hongrie n’a donc pas tenu compte de la décision de la CPI. Notons que le pays est membre de cette instance, mais souhaite se retirer.

Selon Victor Orban, la Cour pénale internationale est « biaisée ». IL a fait cette déclaration après l’émission du mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine en 2023.  Lors de la signature des accords de Rome, acte fondateur de la CPI, le Premier ministre hongrois a aussi déclaré que l’instance est devenue « trop politique ».

La Hongrie a annoncé son intention de se retirer des accords de Rome, acte fondateur de la CPI. Viktor Orbán, signataire du traité en 1999, critique désormais une cour devenue « trop politique ». Seuls le Burundi et les Philippines ont officiellement quitté la CPI. Le processus hongrois nécessitera au moins un an, mais Netanyahu a salué cette décision comme « courageuse La Hongrie a un an pour concrétiser son projet de se retirer de la CPI. D’ici là, elle est tenue de « coopérer » en tant que membre de l’instance.

Durant leur entretien, les deux dirigeants, souvent qualifiés d’ultranationalistes, ont évoqué leur  « socle patriotique », qui  s’appuie sur une rhétorique anti-immigration, une défense de la « civilisation judéo-chrétienne » et une hostilité partagée envers l’Iran, qualifié d’« ennemi commun ». Netanyahu a même évoqué la destruction de « l’axe de la terreur iranien », justifiant les frappes israéliennes au Liban et en Syrie. Les deux leaders ont aussi consolidé les partenariats technologiques et militaires des deux pays.Malgré les accusations d’antisémitisme visant Orbán (campagnes contre George Soros, réécriture de l’histoire hongroise), Netanyahu préfère souligner leur « profonde amitié ».

En soutenant un leader inculpé par la CPI, Orbán fragilise un système déjà contesté. Ce rapprochement pose une question cruciale : la realpolitik l’emportera-t-elle sur le droit international ? Pour l’instant, la réponse semble pencher du côté de Budapest et Tel-Aviv.


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