« Alliance pour les faits » : une nouvelle arme pour contrôler l’information ?

« Alliance pour les faits » : une nouvelle arme pour contrôler l’information ?


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Face à l’essor des médias alternatifs , plusieurs acteurs du service public français et étrangers lancent l'initiative « Alliance pour les faits ». Officiellement destinée à lutter contre la désinformation, cette initiative interroge sur ses véritables objectifs : outil de rigueur journalistique ou réseau de censure global ?

De nombreux médias du service public français, européens et internationaux viennent de créer un nouvel organe de contrôle baptisé « Alliance pour les faits ». Présenté le 10 février dernier lors du « Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle », le réseau est censé renforcer leur capacité à vérifier les informations et à lutter contre la désinformation.

Des fact checkers à l’échelle internationale

Depuis plusieurs années, la montée en puissance des médias alternatifs bouscule le paysage de l’information. Leur ton plus direct, leur remise en cause du « politiquement correct » et leur proximité avec les préoccupations des citoyens séduisent un public de plus en plus large. En réaction, nombre de grands médias recourent à des stratégies de délégitimation : accuser ces plateformes de propager des « fake news » ou des discours « complotistes ».

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Photo by John Cameron / Unsplash

Donnant naissance à des cellules de « fact-checking ». Si leur mission devrait consister à détecter les fausses informations ou « fake news », certains d’entre eux sont vite devenus des instruments idéologiques. 

C’est dans ce climat qu’a été annoncée, le 10 février, la création de l’« Alliance pour les faits ». Portée par Radio France, France Télévisions, France Médias Monde, l’INA, TV5Monde, mais aussi Sveriges Radio (Suède), LRT (Lituanie), RTVE (Espagne) et Radio-Canada.

Il s’agit d’un organe de contrôle, composé d’experts en OSINT (renseignement d’origine sources ouvertes) et de journalistes spécialisés en investigation numérique. Autrement dit, elle est formée de « fact checkers » qui  interviennent à l’échelle internationale.

Un simple organe de contrôle ou une arme de contrôle de l'information ?

Dans le communiqué annonçant son lancement officiel, il est mentionné que cette alliance, qui a bénéficié du soutien du Comité News de l’Union européenne de radiotélévision (UER), « facilitera la coopération, le partage des bonnes pratiques et des outils utiles à tous (y compris ceux basés sur l’IA) ainsi que la mutualisation des ressources afin de renforcer la capacité des médias de service public à enquête sur les réseaux sociaux et l’écosystème numérique ».

Si l’Alliance se revendique comme un rempart contre la désinformation, ses détracteurs y voient un outil centralisé de contrôle du discours public. Le risque : que sous couvert de vérification des faits, seules les versions conformes aux narratifs dominants soient validées, marginalisant toute voix dissidente.

La question est d’autant plus sensible que certains médias membres de cette alliance ont eux-mêmes été épinglés pour des financements publics ou étrangers, notamment liés à l’agence américaine USAID. Une situation qui interroge sur la capacité réelle de ces acteurs à incarner l’indépendance journalistique.

L’« Alliance pour les faits » se présente comme une initiative vertueuse pour assainir l’information. Mais sa composition, son cadre institutionnel et son contexte politique suscitent nombreux doutes légitimes.


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