Allemagne : les députés issus de l’immigration restent minoritaires au Bundestag

Allemagne : les députés issus de l’immigration restent minoritaires au Bundestag

Le nouveau Bundestag, issu des élections de fin février, compte 630 députés. Parmi eux, 73 sont issus de l’immigration, selon la plateforme Mediendienst Integration. Près d’un député allemand sur dix a un passé migratoire, selon les données du nouveau Bundestag entré en fonction mardi 25 mars. Un chiffre stagnant (11,6 %) qui contraste avec les 30 % de la population issue de l’immigration. Dans un Parlement où l’extrême droite s’impose comme deuxième force et où les femmes restent sous-représentées, les élus minoritaires dénoncent des discriminations.

Armand Zorn, des sociaux-démocrates du SPD à Francfort, qui a réussi de justesse à défendre son siège,est né à Yaoundé au Cameroun à la fin des années 80, avant d’arriver en Allemagne en 2000. Image : Abdoulaye Mamane/DW

Les 630 membres du nouveau Bundestag ou chambre basse du Parlement en Allemagne ont commencé leur mission le mardi 25 mars 2028. L’extrême droite est bien représentée au sein de l’assemblée selon les recherches menées par la plateforme d’information Midendienst Integration. On ne peut pas en dire autant pour les femmes. En effet, elles sont sous-représentées. Il en est de même en ce qui concerne les députés issus de l’immigration.

Une présence plus forte à gauche qu’à droite

Selon les recherches de Mediendienst Integration, 73 députés du Bundestag sont issus de l’immigration, définition qui inclut ceux nés sans la nationalité allemande ou ayant au moins un parent dans ce cas.

Les partis de gauche se distinguent par une plus grande représentation de cette catégorie. Les Verts comptent 20 % de députés issus de l’immigration, suivis par Die Linke et le SPD. Parmi ces élus, Armand Zorn (SPD), né à Yaoundé au Cameroun et installé en Allemagne en 2000, a réussi à conserver son siège à Francfort. Awet Tesfaiesus, avocate née en Erythrée et réélue dans la région de Hesse, avait marqué l’histoire en 2021 en devenant la première femme noire élue au Bundestag.

En revanche, à droite, la représentation des députés issus de l’immigration chute considérablement. L’union CDU/CSU ne compte que 6 % d’élus avec un passé migratoire, un chiffre qui tombe sous les 6 % au sein de l’AfD, un parti régulièrement accusé de racisme et de xénophobie.

Les députés issus de l’immigration peu nombreux dans la droite

Lorsqu’on se tourne vers le Parti de droite, on constate que les députés issus de l’immigration sont peu nombreux. Ils ne représentent que 6% des élus au sein de l’union des conservateurs CDU/CSU.  Le chiffre passe au-dessous des 6% au sein du parti d’extrême droite, AfD, qui est souvent accusé de racisme et de xénophobie.

L’ancien député Karamba Diaby du SPD dit être victime de cette hostilité au quotidien. Karamba Diaby, premier Noir né en Afrique à siéger au Bundestag depuis 2013, a choisi de ne pas se représenter en raison des menaces et discours de haine qu’il aurait endurés. Il a notamment déclaré à la ZDF que « depuis l’entrée de l’AfD au Bundestag, l’atmosphère au sein du Parlement s’est détériorée ».

Une étude du Centre allemand de recherche sur l’intégration et la migration révèle que plus de la moitié des personnes noires ou présumées musulmanes en Allemagne se disent être victimes de discrimination raciste au moins une fois par mois.

Le député historique a également indiqué que lors des échanges, il n’était vu qu’à travers ses origines par les élus. « J’ai toujours dit que je ne voulais pas être réduit à la couleur de ma peau. Le noir n’est pas mon identité », il a déclaré.

Notons que le thème de l’immigration a été souvent évoqué au cours de la campagne électorale. Selon une nouvelle étude du Centre allemand de recherche sur l’intégration et la migration, plus de la moitié des personnes noires ou musulmanes qui vivent en Allemagne ont déclaré avoir déjà été victimes d’une discrimination raciale au moins une fois par mois.

Actuellement, l’AfD capitalise sur les frustrations sociales et les errements énergétiques, illustrant une fracture entre dirigeants et citoyens. Si Berlin ne redresse pas la barre, le risque est double : une crise prolongée outre-Rhin et un affaiblissement de l’UE, déjà fragilisée par les défis géopolitiques. L’heure est à l’urgence.