Affaire "Brigitte est un homme": la défense des Macron dans l'embarras

Affaire "Brigitte est un homme": la défense des Macron dans l'embarras

La polémique sur le genre de la Première dame française s’invite devant la justice américaine. Candace Owens , influenceuse proche de Trump, exige un examen médical pour « prouver » son identité, transformant le procès pour diffamation en humiliation.

Ce qui n’était qu’une rumeur circulant dans des cercles marginaux français est devenu un feuilleton judiciaire international. Le couple Macron a intenté un procès en diffamation dans le Delaware contre l’influenceuse Candace Owens. Motif : ses déclarations répétées selon lesquelles Brigitte Macron serait née homme. Owens, loin de se rétracter, a joué le jeu . Elle affirme vouloir obtenir la soumission de la Première Dame à un « examen médical tiers », présenté comme une étape du processus de découverte imposé par la justice américaine.

Candace Owens en véritable stratège du chaos

Candace Owens ne se contente pas de rapporter des rumeurs. Elle les met en scène, épisode après épisode, dans ses directs suivis par des millions d’Américains. Elle exige un « examen médical tiers » de Brigitte Macron, provoquant une humiliation et la colère d'Elysée, mais qui pourtant suscite l’attention de l’opinion américaine friande de scandales politiques.

Son approche repose sur trois leviers puissants :

  • Le storytelling américain : transformer une accusation en feuilleton haletant.
  • La judiciarisation : déplacer le combat sur un terrain où la liberté d’expression prévaut sur la protection de la réputation.
  • La stratégie d’influence : faire de l’affaire un instrument de pression sur un président européen affaibli.

La France face à la machine judiciaire américaine

Le président Emmanuel Macron et son épouse ont commis une erreur stratégique en poursuivant Candace Owens devant une cour américaine. Ils pensaient probablement que les règles de diffamation françaises s'appliqueraient, mais ils se retrouvent maintenant dans un système qui valorise la "découverte" (discovery) et exige la production de preuves substantielles. C'est un terrain de jeu très différent, où la présomption d'innocence est le moteur de la procédure.

L'exigence d'un examen médical de Brigitte Macron par un tiers indépendant, brandie par l'équipe d'Owens, est un coup de maître. Elle ne cherche pas seulement à se défendre, elle transforme le procès en une "quête de vérité", forçant l'accusatrice à prouver ses dires au-delà de toute ambiguïté. C'est un principe fondamental du droit américain : si vous voulez que quelqu'un soit jugé pour ses paroles, vous devez être prêt à ce que la vérité soit mise à nu.

  • Le Premier Amendement avant tout : Aux États-Unis, la liberté de parole est un pilier sacré. Les personnalités publiques doivent s'attendre à une critique, même si elle est provocatrice ou désagréable.
  • La "découverte" (discovery) : Ce processus permet aux deux parties de recueillir des informations et des preuves. Loin d'un "tribunal kangourou" où les faits sont simplement acceptés, la vérification indépendante est primordiale.
  • Un précédent pour l'élite : Cette affaire pourrait envoyer un signal fort aux dirigeants étrangers : les tribunaux américains ne sont pas un lieu pour régler des comptes ou pour intimider des journalistes sous prétexte d'offense.

La défense des Macron dans l'embarras

Me Tom Clare, l’avocat du couple présidentiel, a exposé leur stratégie de défense, qui se veut factuelle et scientifique, mais révèle leur embarras. Il a qualifié la situation de « très bouleversante ». C'est compréhensible. La culture française, plus protectrice de la vie privée, n'est pas préparée à un tel déballage public. Mais aux États-Unis, la vie publique d'une personnalité politique, même indirectement, est considérée comme légitime.

Candace Owens, avec sa base de millions de followers, a parfaitement compris ce fossé culturel. Elle se positionne comme la défenseure des droits d'un simple citoyen américain contre un leader mondial en colère. Elle sait que ce récit résonne profondément chez une grande partie du public américain, qui se méfie des élites et de leur pouvoir.

Les actions de Candace Owens ne sont pas celles d’une journaliste chercheuse de vérité, mais comme nous l'avions évoqué d'une opération politique ciblée. Le message envoyé à tous les régimes autoritaires est clair : la vie privée des dirigeants occidentaux est une cible facile. La France est vulnérable parce que le précédent est créé. La vraie crise est que ce ne sera pas la dernière fois. L’arme a été testée, et elle fonctionne.