????Épargne : pourquoi et comment les initiés planquent du liquide chez eux depuis plusieurs mois…


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L’épargne est désormais un sujet d’inquiétude pour beaucoup de Français, et spécialement pour les classes moyennes qui ont un patrimoine modeste et craignent de le voir s’éroder à l’approche de la saison budgétaire et fiscale. Un lecteur me demandait hier quelques bons trucs à suivre pour éviter la curée : mon premier conseil vient de ce que j’entends depuis plusieurs mois dans le « milieu » : gardez de l’argent liquide chez vous, au cas où…

Personne ne vous le dira aussi clairement, car tout le monde a peur de Tracfin. Mais la vraie épargne de précaution que les initiés se constituent à l’abri des regards pour éviter les coups durs se fait en argent liquide, en cash. C’est le bon vieux matelas de billets, que vous pouvez bien entendu moderniser à votre guise, notamment pour éviter les cambriolages. Mais attention, il faut le faire avec tact et mesure. Voici quelques conseils.

L’argent liquide est désormais suspect en France

Depuis plusieurs années, Bercy tend à criminaliser de plus en plus la détention d’argent liquide, même si son origine est parfaitement transparente et « propre ». On comprend bien l’objectif qui se cache derrière cette démarche à long terme : pouvoir contrôler facilement l’épargne mobilisable par l’impôt, et surveiller étroitement l’ensemble des flux financiers pour augmenter le rendement de l’impôt.

Bien entendu, l’argument justifiant cette surveillance généralisée est celui de la lutte contre les mafias et les terroristes. Si nous sommes surveillés, c’est pour notre bien !

D’où des considérations interminables dans les rapports de Tracfin sur l’argent liquide comme présomption lourde de blanchiment d’argent sale. Donc, si l’argent liquide est toujours autorisé, il est devenu si suspect qu’un retraité a failli être condamné à de la prison pour en avoir détenu chez lui… Le Parquet a même requis la confiscation d’un argent dont rien n’indiquait qu’il n’avait pas été correctement gagné…

On fera donc ben attention à ne pas thésauriser n’importe comment chez soi.

Son témoignage n’a pas convaincu la procureure de la République. "Je veux bien croire qu’il est travailleur mais, dans cette profession, c’est facile de se faire payer à côté", a-t-elle expliqué. Elle a requis une peine de six mois de prison avec sursis et une amende de 20.000€, ainsi que la confiscation des scellés et donc de la somme.   

Lu dans Capital

L’argent liquide est la meilleure protection contre la spoliation par l’État

Il n’en reste pas moins que, ces réserves étant posées, la détention d’argent liquide reste la meilleure protection contre la tentation du gouvernement de spolier les épargnants pour financer l’opulent train de vie des fonctionnaires, dont on rappellera que leur temps de travail n’est toujours pas vraiment comptabilisé…. et que leur nombre augmente chaque année, crise ou pas crise. Lorsque vient le temps de racler les fonds de tiroir pour financer tout ce petit monde, la surveillance généralisée sur les comptes en tous genres est une arme létale pour l’épargnant.

La généralisation de l’informatique n’est mise en échec que par un moyen concret : l’argent liquide, dont la surveillance est d’autant moins possible que la possibilité d’avoir du cash est très limitée de nos jours. Pour ceux qui parviennent à passer entre les gouttes, la méthode n’est donc pas sans charme… et sans avantage.

De quelle somme disposer sans prendre le risque de poursuite ?

Première question : combien faut-il détenir au maximum pour ne pas s’exposer à des poursuites pour blanchiment, même si l’argent que vous avez est totalement honnête ?  (cette question illustre en soi la folie du système français actuel, où ne pas être pauvre est devenu suspect !) La question n’est pas simple, et, en théorie, il n’existe aucune règle en la matière. On a en revanche vu un peu plus haut que le parquet n’hésite pas à demander des peines de prison sur la base d’une simple suspicion de fraude, même si celle-ci n’est nullement démontrée. On prendra donc bien garde à la distance qui sépare la légalité et son interprétation prétorienne par des juges nourris au biberon de l’étatisme policier bobo.

De ce point de vue, ayons en tête que les paiements en liquide sont officiellement plafonnés à 1.000€ chez les commerçants pour les résidents fiscaux français, et à 10.000€ pour les étrangers. Détenir 100.000€ à son domicile, compte tenu de ces autorisations, commence donc à paraître suspect. Il faut se placer dans l’hypothèse d’un contrôle, ou d’une perquisition, et se demander s’il existe ou non une disproportion entre la somme détenue en liquide et les preuves qu’on peut apporter sur son origine.

Concrètement, si vous êtes chômeur depuis 5 ans après avoir été serveur ou manutentionnaire, et que vous détenez 100.000€ en liquide chez vous, cette détention paraîtra plus suspecte que si vous étiez banquier chez Goldmann Sachs…

Dans tous les cas, il paraît prudent de ne pas détenir plus de 25.000 ou 30.000€ chez soi et d’en laisser un peu pour les impôts, avec un livret A et un peu d’assurance-vie. Idéalement, si vous avez un portefeuille d’assurance-vie de 20.000€, un livret A pourvu de 20.000€, il n’est pas incohérent que vous déteniez 20.000€ en liquide chez vous. Tout est une question de mesure.

L’article D561-32-1 du code monétaire et financier liste plusieurs critères de la fraude fiscale, dont notamment : La progression forte et inexpliquée, sur une courte période, des sommes créditées sur les comptes nouvellement ouverts ou jusque-là peu actifs ou inactifs Le refus du client de produire des pièces justificatives quant à la provenance des fonds reçus, ou l’impossibilité de produire ces pièces Le dépôt par un particulier de fonds sans rapport avec son activité ou sa situation patrimoniale connues La réalisation d’une transaction immobilière à un prix manifestement sous-évalué   

Rappel

Comment réunir 20.000 € en liquide sans éveiller les soupçons ?

Là encore, on se souviendra qu’il existe une distance colossale entre la règle et la pratique. Ainsi, en 2016, Tracfin signalait que les banques avaient pris le pli de signaler des mouvements de fonds simplement inhabituels même s’ils ne sont pas suspects. Concrètement, si vous vous rendez à votre guichet de banque pour demander à retirer 20.000€ en liquide pour les garder chez vous, vous avez toutes les chances d’être signalé à l’administration fiscale.

Il faut donc agir avec une vraie ruse de Sioux pour échapper à la facilité de votre banquier qui préfère, pour éviter les problèmes, dénoncer pour rien plutôt que de risquer un procès en inattention.

Si votre objectif est de vous constituer un matelas de 20.000€ en liquide, nous vous recommandons donc de mener cette opération sur plusieurs mois, en retirant quelques centaines d’euros chaque semaine au distributeur. C’est la façon la plus simple de disposer d’un petit « en-cas » financier sans que la machine administrative ne se mette en branle.

Il peut évidemment exister d’autres méthodes, tout à fait légales. Mais nous les aborderons un autre jour !

Tous les initiés pratiquent de cette façon

Jusqu’ici je n’avais jamais prêté attention à ces questions. C’est lors d’un dîner d’affaires, l’an dernier, avec des financiers notamment, que je me suis aperçu que la moitié des participants ne cachait pas son réflexe : ils avaient tous mis de l’argent de côté.

Notez bien la date : c’était neuf mois avant le confinement. Il est d’usage depuis lors d’expliquer que les difficultés économiques et financières datent du coronavirus, mais que tout allait bien avant. C’est évidemment faux. Depuis un an, tous les initiés s’attendent à un « big one » économique. Et ils l’ont tous préparé en rassemblant de bric et de broc un petit matelas d’argent liquide. Il n’y a pas de raison que vous ne fassiez pas comme eux.


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