Zemmour n’a pas changé – pour le meilleur et pour le pire!

Eric Zemmour fêtait hier le premier anniversaire de Reconquête. C'était une belle occasion de montrer que les leçons étaient tirées de l'échec du printemps 2022. Mais le candidat n'a jamais mentionné son absence du terrain - là où l'on va chercher, un par un, les électeurs. Il n'a pas parlé de défense des libertés. Il a largement épargné Emmanuel Macron. Il reste du travail pour convaincre les Français que l'on peut, comme l'espère Zemmour, prendre la place de LR.

« Mes chers amis, nous avons dit une vérité à la France qu’elle n’est pas prête d’oublier ».
Eric Zemmour reprenait contact avec sa France, hier 4 décembre 2022, pour le premier anniversaire du lancement de Reconquête. Mais peut-on dire que le candidat malheureux à l’élection présidentielle a répondu à ce qu’on attendait de lui?
Le bilan est mitigé.
Eric Zemmour a-t-il tiré les leçons de ses échecs?
Quelle est cette vérité que la France n’est pas prête d’oublier? Le discours a mis le « grand remplacement », l’immigration incontrôlée au coeur du discours, comme il l’avait fait de sa campagne. On ne peut pas dire, d’ailleurs, que l’explication détaillée qu’il a essayé de donner des facteurs de la violence – hétérogénéité ethnique, jeunesse de la population immigrée, revanchisme des « anciennes colonies », affrontement entre monde chrétien et monde musulman.
Certes, la constance finit toujours par payer en politique. Mais le problème de la campagne électorale de 2022 ne fut sans doute pas d’abord dans le côté largement monothématique de sa campagne.
Le problème premier, c’est qu’Eric Zemmour a fait sa campagne électorale dans un espace restreint. Plateaux des chaînes de télévision nationales, chapiteaux de meetings avec des militants acquis comme seuls interlocuteurs. Très peu de marchés, de villes petites et moyennes. Il a fallu attendre la dernière semaine de la campagne de premier tour pour que le candidat Zemmour accorde un entretien à un journal de la presse régionale.
Ceci veut dire, d’ailleurs, que le résultat obtenu n’est pas mauvais. Rapporté au nombre de Français qui connaissent Eric Zemmour, le score obtenu est une percée – en particulier dans la bourgeoisie. Eric Zemmour a remobilisé des Français qui ne votaient plus pour les Républicains. Il a entamé le monopole que le macronisme prétendait avoir sur la bourgeoisie. Mais au-delà?
Hier, le candidat a certes mis en avant le travail des fédérations du parti Reconquête. Mais on ne l’a pas vu sur le terrain depuis la fin de la campagne des législatives.
Un public plus âgé que pendant la campagne
Un point m’a frappé: le public du meeting de cette fin d’année 2022 était plus âgé, en moyenne, que celui des meetings de campagne. Des jeunes, en particulier ceux qui ne se reconnaissaient plus dans LR, s’étaient mobilisés massivement pendant la campagne. Ils sont, depuis lors, déboussolés. Ils n’ont pas compris si Eric Zemmour veut continuer en politique. Ils sont indifférents au livre qu’il est en train d’écrire. Ce qu’ils constatent, c’est que le parti ne sait pas vraiment où il va parce que le chef ne le sait pas lui-même.
Tout n’était pas mauvais dans le discours d’Eric Zemmour d’hier. Faire de l’école publique un lieu d’affrontement avec la gauche, n’est pas une mauvaise idée. A la fin, le moteur était suffisamment chauffé, pour rappeler un peu l’enthousiasme de la campagne. Mais peu sur l’économie, peu sur la défense des libertés, rien sur la politique étrangère. Rien sur les énormités sociétales prévues par Macron. Et Macron, justement, quasiment rien contre lui! Quand on se rappelle la charge du discours de Villepinte, il y a un an – suivie d’un « grand silence » dans les trois mois qui suivirent, on se disait que, décidément, il y a beaucoup de leçons qui n’ont pas encore été tirées des raisons de l’échec du printemps 2022.
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