Vautrin veut limiter les écrans aux tout-petits, mais sans sanctionner

Vautrin veut limiter les écrans aux tout-petits, mais sans sanctionner


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En s’inspirant de la loi de 2019 contre la fessée, la ministre Catherine Vautrin veut interdire l’exposition aux écrans pour les enfants de moins de trois ans, même à domicile.Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, la ministre de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a annoncé vouloir interdire les écrans pour les enfants de moins de trois ans. Une initiative qui repose davantage sur une posture éducative que sur une application coercitive. Une mesure plus symbolique que coercitive, qui suscite déjà des critiques en France comme à l’étranger.

Elle s’inspire pour cela de la loi de 2019 contre les violences éducatives ordinaires, notamment la fessée, qui n’a jamais été suivie de sanctions mais dont le simple principe a progressivement modifié les comportements parentaux. C’est cette logique de « signal » que cherche à reproduire Vautrin pour les écrans, jugeant que « proclamer » l’interdiction suffit parfois à ancrer des repères.« Les autorités ne sont pas chez les gens pour le vérifier », admet la ministre, qui veut néanmoins « insuffler l’idée que ça ne se fait pas ».

Une mise en œuvre concrète dans les structures d’accueil

Dès les prochaines semaines, un arrêté devrait interdire formellement les écrans dans les lieux accueillant des enfants de moins de trois ans. Crèches, assistantes maternelles et autres structures petite enfance sont déjà sensibilisées à ce sujet, souligne la ministre, notamment via un référentiel qualité élaboré en amont.

Cette interdiction officielle leur donnera un soutien réglementaire renforcé pour conseiller les familles, explique-t-elle. Parallèlement, des informations seront envoyées aux parents via les CAF et l’Assurance maladie, et des rappels seront intégrés dans les carnets de santé et de maternité.

Le gouvernement mise sur une stratégie de communication intensive : affiches, messages dans les carnets médicaux, campagnes d’information. Objectif : qu’aucun parent ne puisse prétendre ignorer les risques liés à une exposition précoce aux écrans. Depuis le 1er janvier, le carnet de santé recommande déjà « zéro écran avant trois ans » et un usage strictement encadré entre trois et six ans.

Vers un contrôle généralisé de l’accès à Internet?

Un rapport d’experts publié en avril 2024 a confirmé l’urgence d’agir, alertant sur les effets nocifs des écrans sur le développement cognitif, la santé mentale et les capacités intellectuelles des plus jeunes. Tablettes, télévisions, jeux vidéo et smartphones sont pointés du doigt comme des perturbateurs majeurs du développement.

Pour rappel, Emmanuel Macron a plaidé le 10 juin pour une interdiction harmonisée à l’échelle européenne, il a donné 3 mois à l’Europe. Cependant, la Commission européenne lui a sèchement rappelé que chaque État est libre de définir lui-même l’âge de la majorité numérique et qu’une interdiction généralisée d’accès aux -15 ans serait juridiquement complexe.

En Australie, une législation similaire adoptée récemment entrera en vigueur que fin 2025. Selon la nouvelle législation, les plateformes de médias sociaux incluant Facebook, Instagram, Tik Tok, Snapchat et le X d’Elon Musk doivent montrer qu’ils adoptent des mesures raisonnables pour bloquer les utilisateurs de moins de 16 ans à compter de fin 2025. ette initiative suscite des critiques. Certains dénoncent une possible dérive vers la collecte massive de données personnelles. Elon Musk, propriétaire de X, a qualifié cette loi de « voie vers un contrôle généralisé de l’accès à Internet. »



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