Union des droites: les candidats sont en retard sur leurs électorats
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Union des droites: les candidats sont en retard sur leurs électorats


Partager cet article

Cette semaine, dans les Droites de Husson n°25 -  L'électorat des droites demande l'union aux états-majors des partis - LR: le débat s'anime entre Eric Ciotti et Michel Barnier - Où en est Eric Zemmour dans les sondages?

L'électorat des droites demande l'union aux candidats et à leurs états-majors

Ce sont désormais les états-majors politiques qui bloquent l’union des droites. Un sondage publié mardi 9 novembre 2021 par Atlantico a interrogé simultanément des électeurs et sympathisants du RN, de chez Eric Zemmour et des Républicains. Le résultat est édifiant!

+ 54% des Français votant à droite sont favorables à une participation du RN au gouvernement en cas de victoire de LR aux élections. Parmi eux, l’opinion est à 46%  davorables chez les électeurs LR!

+ 58% des Français votant  droite sont favorables à une participation de LR au gouvernement en cas de victoire du RN.

+ Et ils sont 52% à souhaiter une union gouvernementale des droites au cas où c’est Eric Zemmour qui parvenait au pouvoir.

Commentant le sondage, Bruno Jeambart, fait remarquer: « Les seuls écarts se situent sur la question de l’Union Européenne. Sur la question de l’immigration et de la sécurité, il y a très peu de différences entre les deux électorats et c’est une des raisons pour laquelle cette question de l’union n’est pas forcément taboue pour les électeurs. Il reste la question du sujet européen qui divise encore beaucoup, même si de ce point de vue le Rassemblement National et Marine Le Pen ont fait un pas vers la droite traditionnelle en abandonnant le Frexit et la sortie de l’Euro« .

Et Xavier Dupuy ajoute: « On peut voir que le cordon sanitaire est un peu percé, car un électeur LR sur deux souhaite une participation du RN au gouvernement » . Il est certain que la moyenne d’âge plus élevée des électeurs LR explique qu’on n’en soit encore qu’à un électeur sur deux chez LR à prôner l’union des droites au gouvernement.  Cependant le pourcentage est en progression. En 2015, 29% seulement des électeurs LR avaient souhaité une participation de ce qui était encore le Front National à un gouvernement LR et 61% des électeurs de l’actuel RN. Aujourd’hui on est respectivement à 46% et 89%.

Aucun doute que les électeurs sont en avance sur les états-majors.

LR: le débat s'anime entre Eric Ciotti et Michel Barnier

Je suis le seul candidat au #congreslr à prôner l’abrogation du droit du sol

Le seul à prôner le droit du sang

Si on remet en cause le droit du sol à Mayotte on doit le remettre en cause partout, les ravages de l’immigration de masse sont visibles partout pas qu’en Outre-Mer

— Eric Ciotti (@ECiotti) November 12, 2021

Le sondage OpinionWay est paru en même temps que se tenait le premier débat entre candidats LR pour le vote du Congrès début décembre. Constatons, d’abord, que, du point de vue des thématiques, l’immigration est véritablement devenue un thème de toutes les droites. Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont même fait semblant de croire que le « moratoire » de Michel Barnier signifiait qu’on ne prendrait pas des mesures tout de suite après l’élection pour stopper les flux migratoires.  Quant à Eric Ciotti, il s’est payé le luxe de dire qu’il ne refusait pas l’expression de « grand remplacement ». De l’avis des observateurs et des sondages effectués après le débat, c’est Eric Ciotti qui a tiré son épingle du jeu de ce débat.

Quelle est la force d’Eric Ciotti? Bien entendu le fait qu’il puisse (comme Michel Barnier) afficher sa fidélité au parti. Mais aussi, très certainement, la tranquillité avec laquelle il affiche son enracinement à droite.  En fait,, le lundi 8 novembre au soir, Eric Ciotti avait un « récit » plus cohérent que les autres. Michel Barnier n’a fait que porter quelques coups de pinceau sur la toile. Valérie Pécresse était tellement soucieuse de montrer qu’elle maîtrisait mieux ses dossiers que ses concurrents qu’on n’a retenu de sa prestation que son côté « première de la classe ».  Xavier Bertrand tenait absolument à avoir le dernier mot sur toutes es questions -les sondages d’après émission ne sont pas bons pour lui.  Philippe Juvin a fait une bonne prestation mais elle n’avait pas l’ampleur de vues d’un Eric Ciotti, qui a joué à la fois sur la fibre anti-immigrationniste et sur l’aspiration à libérer l’économie: un positionnement quasi-zemmourien?

De l’avis de mes interlocuteurs chez LR, Ciotti a pris une option pour peser sur le vote du second tour. Il est vrai qu’il reste trois débats et la configuration est loin d’être figée.  Et cette bonne performance d’Eric Ciotti est prometteuse pour la suite: à la veille du prochain débat, prévu dimanche 14 novembre au soir, le débat s’anime entre le député des Alpes-Maritimes et Michel Barnier. Ce dernier a parlé, lors d’un déplacement à Mayotte, de mettre fin au droit du sol  sur l’île, pour commencer à contenir l’immigration. Du coup, Eric Ciotti lui a répondu par tweet (voir ci-dessus) que l’on devait supprimer le droit du sol sur l’ensemble du territoire français. A vos écrans le 14 novembre au soir !

Où en est Eric Zemmour dans les sondages?

Où se situe Eric Zemmour dans l’opinion? Cette semaine a vu la parution de sondages contradictoires  Lundi, le baromètre IFOP-Fiducial pour Le Figaro le  plaçait à 17%, un point devant Marine Le Pen et, donc, la coiffant sur le fil pour arriver au second tour.  Mercredi 10 novembre, un sondage Harris-Interactive pour Challenges, place même le candidat à 18 ou 19%, là encore, qualifié au second tour. Puis, dans la seconde partie de la semaine, sont venus deux autres sondages qui, au contraire, placent Marine Le Pen devant l’essayiste. Un sondage Elabe pour BFMTV ne place le presque candidat qu’à 14%, derrière Marine Le Pen. Même résultat pour un sondage Odoxa pour l’Obs. Eric Zemmour est là aussi en recul de deux points et ne se qualifie pas pour le second tour.

Pour en avoir le coeur net, il vaut la peine de consulter l’agrégateur de sondages réalisé par le Huffington Post et qui propose une « moyenne pondérée des intetntions de vote dans les cinq dernières enquêtes d’opinion »: Marine Le Pen y devance Eric Zemmour d’un peu plus d’un point (16,6 contre 15,4). Ce qui est intéressant, me semble-t-il, c’est le fait que Xavier Bertrand – certes en baisse lente depuis des semaines – est à 13%. L’écart entre les trois candidats des droites est donc dans la marge d’erreur de trois points environ. Et l’on peut donc envisager un candidat LR conforté par le Congrès du 4 décembre qui dépasse Eric Zemmour et Marine Le Pen à partir du mois de janvier, lorsqu’il commencera à prendre des voix à Emmanuel Macron.

Quoi qu’il en soit dans l’immédiat, on remarquera qu’Eric Zemmour ne prend pas les moyens de franchir un nouveau palier dans les sondages:

+ alors qu’il ne dispose d’aucun ralliement significatif ni du RN ni de chez LR, le pas-encore candidat traite Marine Le Pen avec arrogance: « Avec Marine Le Pen, nous n’avons pas les mêmes centres d’intérêt », a-t-il moqué. « Elle, c’est les chats, moi, c’est les livres. » Et il ajoute, concernant les électeurs du Rassemblement National: « ils m’aiment. Ils achètent mes livres, regardent mes émissions. J’ai un lien d’affection et de respect pour eux. Ce sont des personnes valeureuses et admirables. Mon but est de les sortir de cet enfermement politique. » Quant aux Républicains, ils en prennent aussi pour leur grade, qualifiés, à propos de leur dernier débat de «  »réunion d’alcooliques anonymes qui nous expliquent comment sortir de l’alcoolisme ». Si l’on ajoute que, lors de la même réunion politique de Bordeaux ce 12 novembre 2021, Eric Zemmour a expliqué que le pass sanitaire ne le gênait pas plus que cela, on se demande si le candidat prend un malin plaisir à décourager les viviers d’électeurs qui lui permettraient d’élargir son socle électoral.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

Le naufrage Macron : quand les Mozart de la caste forgent une toxique bêtise collective

Le naufrage Macron : quand les Mozart de la caste forgent une toxique bêtise collective

La presse subventionnée des milliardaires nous a massivement vendu un petit Mozart soutenu par des êtres supérieurs. Ce gloubi-boulga de la caste joue à la barbichette, en prouvant qu'une somme d'intelligences individuelles peut fabriquer une immense bêtise collective. L’air de Paris, en cette fin octobre 2025, est chargé de cette électricité singulière qui précède les grands orages ou, plus prosaïquement, les chutes de régime. La politique française, cet éternel théâtre d’ombres où la post


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

L'Etat veut gaver les Français d'aides qu'ils ne demandent pas, par Veerle Daens

L'Etat veut gaver les Français d'aides qu'ils ne demandent pas, par Veerle Daens

L'État français, ce Léviathan obèse et surendetté, vient d'accoucher d'une nouvelle merveille bureaucratique : l'expérimentation « Territoires Zéro Non-Recours ». Le nom seul est un chef-d'œuvre de novlangue. Traduction : l'État, ne supportant plus l'idée que des citoyens puissent encore échapper à ses griffes bienveillantes, a décidé d'envoyer des commandos de travailleurs sociaux traquer les derniers récalcitrants. La mission? Forcer des aides sociales dans la gorge de ceux qui n'en ont pas de


CDS

CDS

Autoroutes à induction : Vinci électrifie, les Français paient la facture

Autoroutes à induction : Vinci électrifie, les Français paient la facture

Tandis que le marché électrique bute sur le coût, l'autonomie et les infrastructures, Vinci Autoroutes et Electreon déploient un tronçon d'autoroute à recharge par induction sur l'A10. Cette prouesse technologique, permettant de recharger en roulant, pourrait alléger le poids des batteries. Mais à quel prix, et pour quelle véritable libéralisation de la mobilité ? Sur l’A10, à Angervilliers, Vinci Autoroutes a inauguré un tronçon de 1,5 km où les voitures électriques peuvent se recharger par in


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Que se passera-t-il en France quand viendra le Frexit ? Par Florent Machabert

Que se passera-t-il en France quand viendra le Frexit ? Par Florent Machabert

Imaginez : Emmanuel Macron dissout à nouveau l’Assemblée nationale courant novembre 2025 ou en 2026 puis/ou démissionne et le tandem Marine Le Pen/Jordan Bardella se retrouve à l’Élysée et/ou à Matignon. Le RN, avec ou sans alliés selon le scénario, fait voter, tiraillé entre sa base populaire et les cadres et chefs d’entreprise qui, en désespoir de cause, ont voté pour lui – n’en pouvant plus d’un budget Lecornu II les accablant de nouveaux impôts sans réduire d’un centime le poids de l’État


Rédaction

Rédaction