Une crise politique qui vire au cirque télévisuel, par Jean Robin

Contrairement à la plupart de mes compatriotes, je regarde très peu la télévision. Mais à l’occasion de la démission du 1er ministre Lecornu 12 heures seulement après sa nomination, j’ai décidé d’allumer le poste, et le choc fut traumatisant. On a d’autant plus conscience d’une chose qu’on s’en est éloigné quelques temps.

J’ai vu défiler sur les plateaux de télévision tous ces « responsables politiques », appelés ainsi pour mieux cacher leur irresponsabilité j’imagine, qui s’invectivaient, se coupaient la parole, dans une foire d’empoigne digne du village d’Astérix. C’est une véritable caricature vivante. N’étant plus habitué à ce genre de cirque médiatique, j’en suis venu à me demander s’il était la cause ou la conséquence de la crise politique dans la quelle nous sommes plongés.

Pour prendre un peu de hauteur, je me suis donc replongé dans plusieurs de mes auteurs favoris, à commencer par Jacques Ellul, philosophe de la technique, qui explique que nos sociétés dites modernes se sont enfermées dans le progrès technique comme le dauphin dans le filet de pêche. Et aucun retour en arrière n’est possible car la technique ne sait que progresser, selon son propre vocabulaire de prophétie auto-réalisatrice. Mais parmi toutes les techniques qui nous ont plongé dans cet abîme, il en est une, je crois, qui nous y plonge plus vite et davantage que toutes les autres réunies : la télévision.