Si les sommets de décembre sont traditionnellement ceux des bilans, celui qui vient de s'achever sous la houlette d'António Costa (son premier "vrai" grand oral d'hiver) a surtout ressemblé à une veillée d'armes budgétaire et géopolitique.

Le document final, sobrement intitulé « Conclusions », se lit moins comme une liste de cadeaux de Noël que comme un inventaire lucide des défis qui attendent l'Union en 2026.

L’Ukraine : L'argent de la guerre (et celui des autres)
Sans surprise, l'Ukraine a occupé le haut de l'affiche. Mais l'ambiance a changé. Fini les grandes envolées lyriques de 2022 ou 2023. Le ton est désormais technique, presque comptable, mais redoutablement concret.
Les Vingt-Sept ont validé la « mécanique de précision » du prêt garanti par les avoirs russes gelés. Emmanuel Macron l'a martelé hier soir : « On ne doit pas se diviser sur des modalités techniques ». Le message est passé. L'UE s'engage à sécuriser ce financement pour soutenir l'effort de guerre de Kiev, alors que le front s'installe dans la durée. C'est une victoire du pragmatisme : faire payer l'agresseur pour la défense de l'agressé, sans (trop) toucher aux contribuables européens.

Le budget 2028-2034 : le "non-dit" le plus bruyant de la salle
Si l'Ukraine fait consensus sur le fond, le véritable éléphant dans la pièce fut l'ouverture des discussions sur le Cadre Financier Pluriannuel (CFP) 2028-2034.
Les conclusions restent prudentes, mais entre les lignes, la bataille est lancée. Comment financer une Europe de la défense autonome, une politique migratoire commune renforcée et la transition verte du « Clean Industrial Deal » avec un budget constant ? La réponse n'y est pas encore, mais la question est posée brutalement. Les pays frugaux affûtent déjà leurs couteaux, tandis que les partisans d'un investissement commun (France en tête) tentent de pousser les murs.


L'invité surprise : la Syrie
C'est le point que peu d'observateurs avaient anticipé si haut dans l'agenda. Les conclusions mentionnent explicitement la situation en Syrie et au Moyen-Orient. L'Europe, craignant une nouvelle vague d'instabilité à ses portes (et les flux migratoires qui l'accompagnent), tente de se remettre au centre du jeu diplomatique, ou du moins, de ne pas en être totalement exclue.
Élargissement : la salle d'attente s'organise
Enfin, le sommet a confirmé la priorité donnée aux Balkans occidentaux, dans la foulée du sommet UE-Balkans de la veille. Le message est double : « Vous êtes les bienvenus », mais aussi « Préparez-vous, car nous ne baisserons pas nos standards ». L'Europe veut s'agrandir pour se stabiliser, mais elle redoute d'importer des dysfonctionnements.
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En bref
Ce Conseil de décembre 2025 ne restera peut-être pas comme "historique" au sens émotionnel du terme, mais il marque un tournant vers une Europe de la gestion de crise permanente. On sent une Union qui a perdu sa naïveté, qui parle moins de ses valeurs et davantage de ses intérêts et de sa survie économique et militaire.
En quittant le bâtiment Europa, les dirigeants savaient que 2026 ne leur laisserait aucun répit. La "pause" des fêtes sera de courte durée.




