En Ariège, un couple attend depuis vingt ans afin de récupérer sa propre maison, occupée illégalement. Malgré une décision de justice favorable, l’expulsion est encore suspendue par la sacro-sainte trêve hivernale. Une nouvelle illustration d’un pays qui méprise ses propriétaires.

Vingt ans. C’est le temps qu’il aura fallu à un couple d’Ariégeois pour obtenir gain de cause dans une affaire ubuesque : celle d’un artisan, ancien employé, qui s’est installé illégalement dans leur maison. Condamné à verser 70 000 euros de loyers impayés et de dommages, l’occupant peut pourtant continuer à jouir tranquillement du bien… grâce à la trêve hivernale.
Une justice à deux vitesses : le droit des squatteurs avant celui des propriétaires
Il aura fallu deux décennies de procédure pour qu'un couple de retraités, légitimes propriétaires d'un bien en Ariège, obtienne enfin gain de cause contre un occupant illégal. L'artisan, initialement logé avec accord, est rapidement devenu un squatteur professionnel, refusant de quitter les lieux et payant son dû « au gré de ses envies ». Le tribunal, fin septembre, a condamné l'homme à verser la somme de $70~000$ € — une goutte d'eau face au préjudice moral et financier accumulé.
Mais c'est là que l'absurdité du système français entre en scène. La condamnation et l'ordre d'expulsion sont immédiatement suspendus par la sacro-sainte trêve hivernale. Cette mesure, conçue à l'origine pour protéger les plus vulnérables des rigueurs du froid, se mue ici en un bouclier légal pour un individu qui a sciemment spolié et menacé ses victimes durant deux décennies. L'expulsion ne pourra intervenir qu'après le 31 mars 2026.
Pendant ce temps, l'occupant illégal jouit d'un toit gratuit, tandis que les propriétaires, eux, vivent en logement social, accablés de dettes et d'impôts majorés sur un bien qu'ils ne possèdent que sur le papier.
Une fois encore, la loi française protège davantage l’occupant illégal que le propriétaire légitime. Derrière le prétexte humanitaire de « ne pas mettre les gens à la rue en hiver », l’État institutionnalise une inversion des valeurs : le vol de propriété est toléré, la justice des propriétaires est différée.

Le droit de propriété : une simple option légale ?
Dans une perspective libertarienne, le droit de propriété est un droit naturel et fondamental. Il est le fruit du travail et de l'épargne. Or, la législation française semble avoir opéré un renversement des valeurs. La protection du droit d'usage (même illégal et abusif) prime systématiquement sur le droit de propriété (légal et légitime).
La trêve hivernale, dans ce cas, n'est plus un acte de solidarité, mais une instrumentalisation de la loi qui pénalise les victimes. Elle sanctionne le propriétaire, le privant de la jouissance de son bien, de sa vente, et de sa capacité à assainir sa situation financière. Le message est clair : en France, la loi décourage l'investissement et la constitution d'un patrimoine, car elle vous expose au risque d'une spoliation durable et légalement protégée.
Dans ce cas précis, le couple, désormais âgé, vit en logement social, étranglé par les taxes et les frais. Leur bien, dégradé et invendable, demeure entre les mains d’un individu qui a osé menacer de brûler la maison avant de la rendre. Où est l’État de droit quand la peur remplace la justice ?
La situation ariégeoise n'est qu'un cas emblématique d'une dérive législative plus large, où le principe d'égalité devant la loi est dénaturé pour favoriser, de facto, les mauvais payeurs et les fraudeurs. Toutes les lois ne devraient pas être faites pour les « cas sociaux » ; elles devraient d'abord et avant tout protéger les droits des citoyens honnêtes et responsables.
Le droit du propriétaire doit être réhabilité et sacralisé. Dans les cas de spoliation avérée et de jugement exécutoire, aucune trêve, aucun artifice légal ne devrait pouvoir suspendre la récupération immédiate d'un bien. Tant que la France n'aura pas réaffirmé la primauté de la propriété privée, l'investissement immobilier restera une prise de risque inutile et déraisonnable pour tout citoyen qui croit encore aux vertus de l'effort et de la légalité.
