Relire Alexis de Tocqueville en cette fin d'année 2025, alors que la France s'enfonce dans l'hiver fiscal et le marasme technocratique, n'est pas un exercice intellectuel. C'est un constat d'autopsie. Ce que l'aristocrate normand décrivait avec effroi en 1840 dans la seconde partie de De la démocratie en Amérique, ce n'était pas le totalitarisme brutal du XXe siècle, celui des goulags et des bruits de bottes. Non, Tocqueville avait vu plus loin. Il avait vu le « Great Reset » avant la lettre. Il avait vu l'avènement de ce que nous vivons aujourd'hui : une servitude confortable, aseptisée, numérique, consentie par des citoyens réduits à l'état d'animaux domestiques, trop occupés à jouir de leurs petits plaisirs pour s'apercevoir qu'ils ont perdu la liberté de se mouvoir hors de l'enclos.

Nous y sommes. Le « despotisme doux » n'est plus une théorie politique ; c'est notre quotidien administratif, c'est l'architecture de notre identité numérique, c'est la philosophie de la Caste qui nous gouverne. Et si nous ne nommons pas immédiatement ce mal pour le combattre, la porte de la prison se refermera définitivement derrière nous, sans même un grincement de charnière, juste avec le léger bip d'une validation de QR code.
Le Courrier des Stratèges brise l'omerta sur ce que beaucoup considèrent comme l'une des plus grandes opérations de kompromat (chantage par le dossier) du siècle.
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L'État nounou : le nouveau visage du Maître
La grande ruse de la macronie – et plus largement de la technostructure européenne dirigée par Ursula von der Leyen – a été de faire croire que la contrainte était une forme supérieure de protection. Le despotisme qui nous menace, écrivait Tocqueville, est « absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux ». Il ne cherche pas à briser les volontés par la terreur, mais à les amollir, à les plier sans cesse, jusqu'à ce que toute velléité de résistance s'évapore dans la fatigue administrative.

Regardez l'état de la France en 2025. Le pouvoir ne vous menace pas de mort si vous n'obéissez pas. Il fait pire : il vous menace d'exclusion sociale. Il s'érige en tuteur universel. Il se charge de votre santé, de votre éducation, de la pureté de l'air que vous respirez, et désormais de la véracité des informations que vous lisez. « Il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs », notait Tocqueville. En échange, il demande l'abandon de votre souveraineté individuelle.
Cette infantilisation est la clé de voûte du système. La Caste au pouvoir, ces « Young Global Leaders » et autres consultants de cabinets privés qui ont remplacé les hommes d'État, traite le peuple comme une garderie turbulente. Le langage officiel lui-même a régressé : on tutoie le citoyen sur les sites des impôts, on utilise des mascottes pour lui expliquer comment se soigner, on lui donne des « bons points » (chèque énergie, chèque alimentaire) s'il est sage. Le but est clair, et Tocqueville l'avait écrit noir sur blanc : « Il ne cherche qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance. »
Pourquoi? Parce qu'un enfant ne se révolte pas ; il boude, tout au plus. Un peuple d'enfants, captivé par ses écrans, nourri par la main de l'État (même si cette main est de plus en plus vide, comme le montre le budget 2025), est un peuple inoffensif pour l'oligarchie. C'est la « tyrannie de la médiocrité » qui s'installe, où toute tête qui dépasse, toute pensée originale ou dissidente, est rabotée non par le bourreau, mais par la norme.
L'infrastructure de la servitude : eIDAS 2.0 et la laisse électronique
Si Tocqueville a fourni le logiciel psychologique de notre asservissement, l'Union Européenne est en train de lui fournir le matériel hard. La pièce maîtresse de ce dispositif, dont nous parlons inlassablement au Courrier des Stratèges, est le règlement eIDAS 2.0 et son fameux « Portefeuille d'Identité Numérique Européen » (EUDI Wallet).
Ne vous y trompez pas : sous couvert de « simplification » – le mot magique pour faire avaler n'importe quelle couleuvre –, c'est la mise en place d'un outil de traçabilité totale. On nous promettait pour 2025 ou 2026 une identité numérique qui faciliterait nos démarches. La réalité, c'est la centralisation de votre existence dans une application contrôlée par l'État.
Jusqu'à présent, votre identité était une preuve passive (une carte en plastique) que vous présentiez. Avec le portefeuille numérique, votre identité devient active et connectée. Elle pourra contenir non seulement votre état civil, mais aussi vos données de santé, vos diplômes, votre permis de conduire, et bientôt, n'en doutez pas, votre euro numérique et votre empreinte carbone.

Le piège est là : le système est vendu comme « volontaire ». Mais comme pour le Pass Sanitaire – ce grand laboratoire du dressage social –, le volontariat est un mensonge. Essayez de vivre demain sans portefeuille numérique : vous serez un paria administratif. Vous ne pourrez plus vous connecter aux services publics, louer un appartement, ou même prouver votre âge sur Internet. C'est la méthode du « boa constrictor » : on ne vous tue pas, on réduit simplement votre espace vital jusqu'à ce que vous étouffiez ou que vous acceptiez la laisse.

Les dangers sont immenses. La centralisation des données crée un point de défaillance unique. Mais surtout, elle donne à la puissance publique un pouvoir de vie et de mort sociale sur l'individu. En un clic, un fonctionnaire (ou une IA) pourra désactiver votre accès aux services essentiels si vous ne cochez pas les bonnes cases du « bon citoyen ». C'est l'infrastructure technique du crédit social à la chinoise, repeinte aux couleurs du drapeau européen.
La Loi SREN et la fin de l'anonymat : la police de la pensée
Le despotisme doux ne supporte pas l'ombre. Il exige la transparence totale du citoyen, tout en organisant l'opacité totale du décideur (qui a accès aux contrats de Pfizer ou aux SMS de la Commission?). La loi SREN (Sécuriser et Réguler l'Espace Numérique), promulguée en mai 2024, est l'outil juridique de cette transparence forcée.

Sous le prétexte émotionnel imparable de la « protection de l'enfance » et de la lutte contre le cyberharcèlement, cette loi signe l'arrêt de mort de l'anonymat en ligne. En imposant la vérification de l'âge pour l'accès à de nombreux sites, elle oblige techniquement à lier chaque connexion à une identité réelle et vérifiée.

C'est un basculement civilisationnel. L'anonymat a toujours été le bouclier des dissidents, des lanceurs d'alerte, ou simplement des citoyens qui veulent critiquer le pouvoir sans risquer la mort sociale. En le supprimant, la Caste s'assure que chaque parole pourra être tracée et punie. La loi introduit d'ailleurs un « délit d'outrage en ligne » flou, qui permet de transformer toute critique un peu vive du gouvernement en infraction pénale.
Tocqueville craignait que la majorité n'écrase la pensée minoritaire. Aujourd'hui, ce n'est même plus la majorité qui écrase, c'est une minorité agissante, aidée par des algorithmes de censure administrative. L'Arcom a désormais le pouvoir de bloquer des sites sans passer par un juge. Nous sommes passés de la justice à la police administrative. Le « réseau de petites règles compliquées » dont parlait Tocqueville s'est transformé en un filet numérique dont les mailles se resserrent chaque jour.

L'Héritage des JO 2024 : l'accoutumance à la surveillance
Il faut aussi revenir sur le rôle d'accélérateur qu'ont joué les Jeux Olympiques de Paris 2024. Comme nous l'avions analysé, cet événement a servi de cheval de Troie pour banaliser des technologies de surveillance qui, en temps normal, auraient provoqué une levée de boucliers.

La Vidéosurveillance Algorithmique (VSA), légalisée à titre expérimental pour les JO, est toujours là. La loi promettait une fin de l'expérimentation en mars 2025, mais qui peut croire que l'État, une fois doté de cet œil omniscient capable de détecter les « comportements anormaux » dans la foule, va accepter de redevenir aveugle? Les industriels de la sécurité, Thales et Idemia en tête, font le siège des ministères pour pérenniser le dispositif.
Le précédent du QR Code pour circuler dans Paris (le fameux Pass Jeux) a également laissé des traces indélébiles. Il a habitué les Français à l'idée qu'aller et venir n'est plus un droit naturel, mais une faveur accordée par l'administration après un criblage de sécurité. Nous avons accepté de montrer patte blanche pour rentrer chez nous. C'est exactement ce que Tocqueville décrivait : le pouvoir « ne brise pas les volontés, mais il les amollit ». Nous nous sommes habitués. Et l'habitude est le pire ennemi de la liberté.

La psychologie du « Crétin Digital » : pourquoi nous laissons-nous faire?
La question qui hante tout observateur lucide est celle du consentement. Comment un peuple qui a fait 1789 peut-il accepter 2025? La réponse est cruelle : nous avons troqué notre liberté contre du confort.
C'est la « servitude volontaire » revisitée par la Silicon Valley. Les GAFAM et l'État plateforme ont compris que pour asservir l'homme moderne, il ne faut pas le fouetter, il faut le divertir. Le neuroscientifique Michel Desmurget a parfaitement décrit cette « fabrique du crétin digital ». En nous gavant de dopamine, de likes, de vidéos de chats et de séries Netflix, le système nous maintient dans une léthargie bienheureuse.

Nous sommes victimes de la « tyrannie de la commodité ». Nous acceptons la reconnaissance faciale pour déverrouiller notre téléphone une seconde plus vite. Nous acceptons le portefeuille numérique pour ne pas avoir à chercher nos papiers. Nous vendons notre âme pour gagner du temps, mais ce temps, nous le perdons aussitôt à scroller sur des écrans vides de sens.
Tocqueville l'avait prédit avec une précision chirurgicale :
« Je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils remplissent leur âme. »
L'isolement est la conséquence directe de cet hédonisme numérique. Chacun est seul face à son écran, étranger à la destinée de ses voisins. Et un individu isolé est impuissant face au Léviathan étatique.

L'effondrement programmé et la tentation du contrôle total
Pourquoi cette accélération maintenant? Parce que la Caste a peur. Elle sait que son modèle économique est à bout de souffle. L'inflation normative étouffe les entreprises – Alexis Le Quinio rappelait récemment l'échec des lois de simplification face à la machine bureaucratique française. Les faillites d'associations et de PME se multiplient en ce début 2025. Le budget de l'État est une fiction comptable.
Face à cet effondrement qui vient, le « Great Reset » n'est pas une théorie du complot, c'est le plan de survie de l'oligarchie. Il s'agit de « réinitialiser » le système en gardant le contrôle. Puisque l'abondance est finie, il faut gérer la pénurie. Et pour gérer la pénurie sans provoquer d'émeutes, il faut un contrôle social absolu. Le rationnement énergétique, le contrôle des déplacements, la censure des mécontentements : tout cela nécessite l'infrastructure numérique que nous venons de décrire.
Le despotisme doux est la camisole de force nécessaire pour maintenir en place une société qui s'effondre.
La Sécession comme impératif vital
Alors, que faire? Attendre les prochaines élections? C'est croire qu'on peut changer les règles du casino en jouant à la table tenue par le patron du casino. La Caste a verrouillé les institutions. Les médias subventionnés, perfusés à l'argent public, veillent à ce que le débat reste dans les clous du « cercle de la raison ».
La seule réponse, celle que je développe dans mes ouvrages et au Courrier des Stratèges, est la Sécession.
Il ne s'agit pas de violence. Il s'agit de reprendre notre part de souveraineté là où nous le pouvons encore.
- Sécession numérique : refusez tant que possible l'identité numérique unique. Gardez vos documents papier. Payez en liquide (cash). Le cash est la dernière monnaie anonyme, la dernière trace de liberté dans vos échanges.
- Sécession sociale : reconstruisez des liens humains réels, physiques, non intermédiés par les algorithmes. La force du despotisme doux repose sur l'isolement des individus. Briser cet isolement, c'est briser le pouvoir.
- Sécession mentale : cessez d'écouter la propagande de la peur. Éteignez la télévision. Lisez les textes fondateurs, lisez Tocqueville, armez-vous intellectuellement.
Tocqueville terminait son chapitre en disant que les nations démocratiques avaient le choix : elles peuvent être libres, ou elles peuvent être des animaux industrieux menés par un berger. La porte de l'enclos n'est pas encore totalement fermée, mais le berger a déjà sorti le chien robot.
Il nous reste peu de temps pour décider si nous voulons rester des hommes ou devenir des QR codes. La bataille pour la liberté ne se jouera pas dans les urnes, mais dans notre capacité à dire « Non » à la commodité de la servitude.









