On nous avait promis la « Start-up Nation », l’eldorado des licornes et le rayonnement de la French Tech. Mais en cette fin d'année 2025, le réveil est brutal pour les fondateurs. Derrière les paillettes des salons Vivatech de jadis, la réalité comptable s'impose : la souricière fiscale française vient de se refermer.

Pour l’entrepreneur qui envisageait de prendre le large, la question n’est plus de savoir où partir, mais si l’État lui en laissera véritablement le droit sans le dépouiller au passage.

L’Exit Tax : la laisse de quinze ans
Le premier verrou saute aux yeux dans le dernier PLF. Souvenez-vous : il y a quelques années encore, un fondateur pouvait espérer purger sa plus-value en cinq petites années d'exil. Un battement de cils à l'échelle d'une vie.
En 2026, le couperet est tombé : c’est désormais 15 ans. Bercy a bien compris que le temps de la tech n'est pas celui de l'administration. En portant le délai de dégrèvement à quinze ans, l'État transforme l'expatriation en un exil forcé de longue durée. Si vous cédez votre pépite avant ce terme, le fisc français viendra frapper à votre porte, peu importe que vous soyez à Lisbonne, Madrid ou Singapour, pour réclamer son dû sur une valeur cristallisée au jour de votre départ. C’est une forme de nationalisation rampante des succès futurs.
L’impôt « de suivi » : l’ombre du fisc est universelle
Plus inquiétant encore, l’émergence de cet « impôt universel ciblé ». Sous prétexte de lutte contre l’évasion opportuniste, la France expérimente ce que j’appellerais le traçage fiscal permanent.
L'idée est simple et terrifiante : si vous choisissez une destination où la pression fiscale est jugée trop "clémente" (comprenez : raisonnable), la France se réserve le droit de vous facturer la différence. C’est la fin de la concurrence fiscale et le début d’une ère où la citoyenneté devient une charge de la dette dont on ne s’acquitte jamais vraiment.

Le mirage des aides et les menottes dorées
On me rétorquera que la France reste généreuse : CIR, CII, subventions Bpifrance... Mais ne vous y trompez pas. En 2026, ces aides sont devenues des menottes dorées. Le récent recentrage du Crédit Impôt Recherche sur des critères exclusivement « durables » et « souverains » marque la fin de la neutralité technologique.
L’entrepreneur n’est plus un créateur libre, il est un prestataire de services pour les ambitions planificatrices de l’État. En restant, vous bénéficiez de la perfusion, mais vous acceptez la tutelle.

Ma conclusion : partir n’est plus un calcul, c’est une sécession
S’expatrier en 2026 n’est plus une simple optimisation de tableur Excel. C’est un acte de rupture radical.
- Si vous partez pour "faire un coup" financier à 3 ans : oubliez. La "matrice" fiscale française vous rattrapera via l'Exit Tax.
- Si vous partez pour bâtir ailleurs, pour protéger votre liberté de bâtir sans être le collecteur d'impôts d'un modèle social à bout de souffle : alors l'exil est la seule stratégie de survie.
L'entrepreneur tech français est devenu le gibier de prédilection d'un système qui préfère taxer la valeur qui s'en va plutôt que de créer les conditions pour qu'elle ait envie de rester. À vous de choisir : être la proie ou le dissident.

