Hier, Emmanuel Macron n'a pas osé rencontrer les agriculteurs qui l'attendaient à Toulouse pour leur expliquer qu'il ne ratifierait pas le traité Mercosur dont il disait du bien quelques jours plutôt. Il a préféré dépêcher sa ministre de l'Agriculture. Voilà qui sent le coup fourré.

N'écoutez pas les communiqués victorieux. N'accordez aucun crédit à la pantomime qui s'est jouée hier à Toulouse. Oui, les agriculteurs, furieux, ont convergé avec leurs tracteurs, et ils ont obtenu ce qu'ils étaient venus chercher : la promesse d'un "non très ferme" à l'infâme accord du Mercosur. La FNSEA se félicite, les manifestants rentrent chez eux, persuadés d'avoir fait plier le monarque.
Ils ont tort.
Il suffit de regarder la mise en scène pour comprendre l'imposture. Ce n'est pas Emmanuel Macron qui est venu, la mine grave, annoncer ce recul stratégique face à la colère du pays réel. C'est sa ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, qui a été envoyée pour éteindre l'incendie. Une ministre (issue de LR, rappelons-le) qu'il avait lui-même humiliée une semaine plus tôt en la contredisant publiquement.
Pendant que Madame Genevard s'occupait de la "jacquerie" agricole, le Président, lui, était à La Dépêche du Midi pour "sonner le tocsin" sur les dangers de TikTok. La diversion est parfaite : pendant que vous perdez tout contrôle sur l'économie réelle et que votre réforme phare des retraites est suspendue à Paris, créez une panique morale sur le numérique.

Ce "non" n'engage que ceux qui veulent y croire. Il y a moins d'une semaine, au Brésil, le même Emmanuel Macron se disait "plutôt positif" sur ce même traité. En février, face aux agriculteurs, il le qualifiait de "mauvais texte". La constance de cet homme est celle d'une girouette dans une tempête. Sa parole ne vaut rien, et ce "tollé" l'a prouvé.
La vérité est que la France n'a plus la main. Cet accord n'est pas une négociation, c'est une directive de Bruxelles, un pilier de cet "agenda fédéraliste" que Macron poursuit "obstinément" avec Ursula von der Leyen. L'État français, ce Léviathan qui excelle à écraser ses propres producteurs sous un déluge de normes, s'apprête à ouvrir les vannes à des produits qui, eux, en sont totalement exempts. C'est le socialisme bureaucratique dans sa splendeur : la contrainte pour les locaux, le laxisme pour les importations stratégiques.
La trahison est déjà écrite dans les termes. Le "non" d'hier est valable "tel qu'il existe aujourd'hui". Cette petite phrase, glissée par la ministre, est la porte de sortie. Il suffira d'une annexe, d'une "clause de sauvegarde" cosmétique (qu'il prétendait déjà avoir obtenue au Brésil), pour que le Président puisse affirmer que le texte a changé.
Le "non" d'hier n'était qu'un sédatif pour calmer la fièvre. Préparez-vous : la signature est imminente.