Strohl : « Raoult n’était plus en odeur de sainteté depuis plusieurs années à Paris »

Hélène Strohl a été Inspectrice Générale des Affaires Sociales (IGAS) pendant une trentaine d'années. Ce poste a constitué un point d'observation irremplaçable sur l'évolution de la haute fonction publique, et singulièrement sur la dégradation des rapports entre les énarques et l'intérêt général. A cette occasion, Hélène Strohl a par exemple connu la lente montée du conflit entre Didier Raoult et la technostructure sanitaire, qui lui reproche de ne pas être assez conformiste ni assez subordonné aux codes ambiants. Elle revient aussi sur les conflits d'intérêt, dont celui que nous avons pointé concernant le M. Vaccin d'Emmanuel Macron, Louis-Charles Viossat, et brocarde la dérive du service public qui est désormais politisé et à son propre service, bien avant d'être au service du citoyen.
Le point de vue d’Hélène Strohl est irremplaçable, car il est celui d’une « insider » lucide, qui témoigne d’une dégradation spectaculaire des relations entre la haute administration et l’intérêt général. Progressivement, les hauts fonctionnaires ont constitué une caste politisée, soucieuse de ne pas « faire de vague », attachée à son impunité, et habituée à progresser par un système de courte échelle où les conflits d’intérêt fleurissent comme les coquelicots au printemps.
Politisation de la haute fonction publique
Hélène Strohl évoque la politisation grandissante de la haute fonction publique depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. En particulier, le passage en cabinet ministériel, où les intérêts de la technostructure et des élus se mêlent et se confondent, est devenu un moment essentiel d'une carrière réussie, indépendamment de l'efficacité ou de la compétence managériale.
Incompétence des ministres
Hélène Strohl nous raconte ses souvenirs de ministres efficaces (Philippe Séguin, notamment) et déplore le manque d'implications de la majorité des ministres dans les dossiers.
Culture du "pas de vague" et immobilisme administratif
Hélène Strohl fait l'anatomie d'un cas exemplaire où la haute administration a refusé de "faire le ménage" sur des dysfonctionnements graves et choquants du service public. La culture du "pas de vague" s'est imposée, qui consiste à ménager l'intérêt du plus fort ou des services au détriment de la mission confiée à l'administration.
Didier Raoult depuis longtemps dans le collimateur
Hélène Strohl fait des révélations fracassantes sur la disgrâce dont Didier Raoult était victime depuis plusieurs années, bien avant l'affaire de l'hydroxychloroquine. Elle rappelle combien le soutien dont il bénéficiait de la part de Nicolas Sarkozy l'a desservi de longue date.
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