Restaurants clandestins : une odeur nauséabonde de Vichy

Les restaurants clandestins sont devenus la nouvelle tocade de l’opinion publique et des medias. Après la chasse aux oeufs de Pâques, la chasse aux bouclards qui se cachent derrière des devantures sages mais où turbinent les fourneaux. Des milliers de contraventions semblent avoir été dressées en France pour les clients pris sur le fait, et des centaines de mise en examen et de gardes à vue pour les restaurateurs accusés d’ouverture illégale. Et surtout… des dénonciations anonymes qui puent Vichy. Pas l’eau pétillante, le régime défunt.

Dans la foulée de l’affaire Chalençon, qui a joué avec le feu en laissant entendre aux journalistes de M6 qu’il organisait des dîners clandestins au Palais Vivienne avec des ministres, la chasse aux restaurants clandestins est ouverte. Et, pire que la chasse à la glue, elle donne lieu à des scènes de dénonciations anonymes qui donnent la nausée, façon Vichy 1942.
Vague de répression contre les restaurants clandestins
Plus un jour ne se passe sans que des arrestations et des gardes à vue n’aient lieu dans des restaurants clandestins.
Samedi, 110 personnes ont été verbalisées dans un restaurant clandestin du XIXè arrondissement. Les policiers y sont intervenus à la demande des voisins qui se plaignaient de tapage nocturne. Dans le IIè arrondissement, rue Montorgueil, des clients se sont rebellés contre une intervention de police. Au total, plus de 1.000 personnes auraient été verbalisées à Paris. Et 300 restaurant clandestins découverts.
Une question juridique majeure
Problème: qu’est-ce qu’un restaurant clandestin ? Après la sidération de l’affaire Chalençon, les adeptes du restaurant clandestin reforme les lignes. Qu’il s’agisse de Brice Hortefeux, qui reconnaît fréquenter des déjeuners clandestins, ou de Christophe Leroy, qui en a organisé, la ligne est la même, et se tient : ces déjeuners ou dîners se passent dans des appartements privés à moins de six personnes autour de la table. C’est donc parfaitement légal.
On attend la réponse des juges sur ces points, mais il n’est pas impossible que l’accusation de déjeuners clandestins tombe rapidement.
Une ambiance nauséabonde en mode Vichy
D’ici là, la lie la plus rance de la France enfermiste se passe le mot pour dénoncer anonymement tous ceux qui pourraient contrevenir à la loi. On retiendra par exemple ces propos de policiers rapportés par Le Point :
Les policiers peuvent également compter sur les dénonciations des riverains. Face caméra, un passant conseille à un policier en surveillance d’« aller dans le XXe arrondissement », citant même le restaurant concerné. De nombreuses plaintes pour tapages nocturnes ont été déposées par des riverains excédés du bruit généré par ces dîners illégaux.
Le confinement fonctionne comme une occupation sans Allemands. Il permet de revenir à la bonne vieille tradition de la dénonciation de son voisin. C’est beau, la protection des citoyens par l’Etat.

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